Le syndrome valaisan

Pour ceux qui s’en souviennent, je m’étais amusé il y a quelques mois à rédiger un Coin Polémique intitulé «Le sport vaudois est mort», ce que je maintiens, soit dit en passant. Seulement là, je me dois de donner raison aux lecteurs qui avaient eu la gentillesse de laisser des commentaires : «Et le sport valaisan, il en est où ?», m’avaient-ils alors demandé un brin moqueur. Or, après ce triste Sion – Grasshopper, je me pose réellement la question.

Le FC Sion semble atteint, à l’instar des ploucs du HC Sierre et du HC Martigny (qui participent à cette mascarade qu’est le championnat de LNB de hockey), de cette terrible maladie dite du «syndrome valaisan», dont les causes ne sont pas connues mais dont les symptômes peuvent se résumer à cela : prendre des branlées mortifiantes, se couvrir de ridicule et tomber dans une morosité à vous mettre le moral de tout un canton dans les chaussettes.

La chimère d’un football offensif

Dire que les jours du tandem Jacobacci/Roessli sont comptés ne servirait à rien, puisqu’on le savait déjà dès le début, le Geiger transalpin devra replier bagages en juin, quand Moumou aura décroché son diplôme. En revanche, dire que leur venue n’a pour le moment et à première vue rien changé, en voilà une déclaration qu’elle est bonne. Oh, pardon, il est faux de dire que la nomination du Penseur et de son sac à dos italien n’a pas eu d’effets sur le terrain, le couple ayant lancé d’entrée deux attaquants en pointe, contrairement à ce que faisait M. Spok, réputé plus frileux.
On nous a promis du football offensif. Je veux bien, c’est sympa, on voit des buts et les décérébrés peuvent se gausser que leur équipe pratique le meilleur football du pays, du canton, de la ville ou peut-être du quartier. Ce n’est toutefois pas en attaquant que l’on remporte des titres, messieurs. Hormis quelques exceptions notables – comme Barcelone en Ligue des Champions 2005/06 et Manchester United depuis plusieurs années –, ce sont surtout des équipes au point défensivement qui l’emportent au plus haut niveau. Quel a été le dernier champion du monde porté vers l’avant ? Peut-être l’Argentine en 1986. Et le dernier lauréat de l’Euro pratiquant ce football total tant vanté ? Peut-être les Pays-Bas en 1988.

Stéphane Sarni en action

Or, au vu de la prestation des bourrins de Tourbillon samedi, on se dit que le Penseur devrait avant tout leur apprendre à défendre. On verra pour les buts après. Rien de bien nouveau en somme par rapport aux deux premiers tours, où la troupe de M. Spok n’avait loin s’en faut pas donné beaucoup de gages de sécurité derrière. Et ce n’est certainement pas le retour de Stéphane Monsieur-le-beau-fils-de-l’entraîneur-donc-on-est-venu-me-rechercher-et-en-plus-on-me-fait-jouer Sarni qui va renforcer la ligne, malgré toute l’affection que j’ai pour ce joueur qui incarne bien les valeurs qui devraient être celles du club, sauf qu’il ne sait pas jouer…

Objectifs atteints

Contre GC, il serait injuste de dire que Sion est parti battu d’avance. Au contraire, j’ai trouvé l’état d’esprit plutôt bon durant la première mi-temps. Les tâcherons de Tintin d’Octodure avaient visiblement l’envie – mais pas les qualités – de bien faire, de produire du jeu, d’aller de l’avant. Résultat ? Un but sur contre et un penalty juste avant le thé. 2-0, merci d’être venu, circulez, il n’y a plus rien à voir. Dès lors, on a été soulagé de voir que le FC Sion version 2008 était le même que celui de 2007 : sans imagination, sans talent, sans vitesse, sans capacité de réaction, sans but, sans point. Ouf, on avait cru qu’ils nous avaient tout changé le duo d’hommes faibles. On est rassuré, le dictateur n’a a priori pas pris les bonnes mesures. Vous vous rendez compte, si Sion commençait à gagner des matches, comme ça serait la merde ? S’il arrêtait de se ridiculiser, vous imaginez le bordel que ce serait ?

L’année commence mal pour notre Pigeon d’Or 2007

Non, non. Il vaut mieux rester à notre place, c’est-à-dire vraiment pas si loin que ça des cancres de la Super League. En bas de tableau, on ne craint rien. On ne se fait pas chier avec des affiches européennes, on n’a pas la pression de devoir gagner des titres, on demeure dans l’anonymat. C’est mieux comme ça. D’autant que Tintin avait été clair en énonçant les objectifs pour 2007/08 : «Cette saison, je veux passer pour un con et ne rien gagner du tout, avec une 8e place en championnat qui plus est !» Une mission sur le point d’être accomplie, cher président.
Photos copyright www.mediasports.ch – Pascal Muller

Sion – Grasshopper 0-2 (0-2)

Tourbillon : 9000 spectateurs.
Arbitre : M. Circhetta.
Buts : 19e Zarate 0-1. 44e Dos Santos (penalty) 0-2.
Sion : Vailati; Vanczak, Sarni, Bühler, Paito; Crettenand, Brellier, Obradovic, Beto (42e Reset); Adeshina (67e M’Futi), Dominguez (53e Saborio). Entraîneurs: Jacobacci et Roessli.
Grasshopper : Jakupovic; R. Feltscher, Vallori, Smiljanic, Daprelà; Dos Santos (90e F. Feltscher), Colina, Rinaldo (60e Cabanas), Renggli, Zarate; Rinaldo; Bobadilla (72e Blumer). Entraîneur: Latour.
Notes : Sion sans Kali, Nwaneri (CAN), Ahoueya (retour de CAN) ni Di Zenzo (pas qualifié). GC sans Salatic, Voser, Sutter, Demba Touré (blessés), Mikari (CAN). 72e: but de Reset annulé pour hors-jeu.
Cartons jaunes : 29e Rinaldo, 39e Dominguez, 46e Paito, 50e Bobadilla, 66e Daprelà, 78e Reset.
Carton rouge : 43e Bühler (faute de dernier recours).

Écrit par Psyko Franco