La jurisprudence Jacquet

Les faits sont prescrits et les médias français l’avaient semble-t-il oublié. Pourtant, longtemps, la jurisprudence Aimé Jacquet avait sclérosé la presse locale. De 1998 à 2011, les temps n’ont pas changé et les quotidiens de l’Hexagone sont retombés dans leurs travers. Le XV de France leur a infligé une belle gifle, jusqu’à preuve du contraire…

Que le métier de journaliste peut être cruel. Pendant dix longues années, l’ensemble des sélectionneurs français ont bénéficié, dans la presse, de la victoire en Coupe du monde de football de la France d’Aimé Jacquet en 1998. Traîté comme du poisson faisandé avant le Mondial gagné face au Brésil, "Mémé" avait fait payer ses détracteurs par la suite et tous s’étaient finalement écrasés. Même le Raymond Domenech du début a eu droit à sa dose de mansuétude.

Cette époque révolue, la moustache la plus célèbre d’Europe avait pris cher avant le Mondial 2010 et le voyage en Afrique du Sud avait été, comme prévu par les journaux, un véritable fiasco. La dernière semaine de la Coupe du monde de rugby est repartie sur les mêmes bases. Les médias de nos voisins ont tiré dans tous les sens sur leur joueurs, mais surtout sur Marc Lièvremont. La réponse face aux Anglais samedi matin a été cinglante.

Lors des sept derniers jours, les "Ovaliens" avaient été traîtés comme de vulgaires manchots – le surnom des footeux dans ce milieu. Ne manquaient plus qu’une grève et une histoire du bus pour un remake parfait de Knysna. Une nouvelle fois, les joueurs français gagnaient trop d’argent et faisaient les beaux dans des publicités pour des voitures ou du shampooing, plutôt que de s’entraîner. Le raccourci était certes un peu facile et il était aisé de tomber dans le panneau.

Pourtant, au début de la Coupe du monde en Nouvelle-Zélande, on a eu droit aux traditionnels marroniers sur "le rugby c’est tellement bien", "le rugby c’est un sport qui a encore des valeurs", "le rugby, c’est le fair-play et le respect de tous" ou encore "le rugby à la plage" et "le rugby en vacances"… Quel contraste avec les attaques lues récemment sous les plumes des chroniqueurs !

La presse pisse dans le sens du vent, on le sait, et il y avait un sacré Mistral autour de l’hôtel des Bleus en Nouvelle-Zélande. Alors les hommes de Marc Lièvremont se sont repliés sur eux-mêmes. Une stratégie de la tortue compréhensible avant un "Crunch" en forme de quitte ou double pour leur sélection, mais peu goûté par les reporters dépêchés en nombre de l’autre côté de la planète.

Les Français ont gagné, ils ont donc eu raison. Les cons, ce sont les journalistes. Pour cette fois. Si ça se trouve, dans une semaine jour pour jour, Marc Lièvremont sera à nouveau le type obtu qui envoye chier le confrère en conférence de presse. Si ça se trouve, dans une semaine, Marc Lièvremont sera le Domenech de 2006, qui a réussi à emmener sa formation en finale de la Coupe du monde à l’insu de son plein gré, dépassé par la République des joueurs. Si ça se trouve, dans deux semaines, marc Lièvremont sera un nouvelle Aimé Jacquet. Un type incompris qui a emmené les Français sur le toit du monde.

Quand on vous disait que le métier de journaliste pouvait être cruel…

P.S.: vous vous doutez bien que si les Français avaient été battus samedi matin, je les aurais descendus.

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1 Commentaire

  1. C’est dommage, y aurait pas eu le post scriptum ça aurait été un article intéressant, mais au final tu avoues être exactement comme beaucoup de journalistes, je vois donc pas l’intérêt.

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