Clubbing : Valence

C’était l’été. Il faisait chaud, très chaud. Du coup pour se rafraîchir, il n’y a pas trente-six solutions soit on va au Lac Léman, ou à la gouille d’Ilarsaz, soit on part un peu plus loin, en Espagne au bord de la mer avec plein d’Allemands et d’Anglais. C’est donc en toute logique que pour cette rentrée, clubbing t’emmène sur la côte espagnole. Allez, on prend un vol Easyjet au départ de Genève et on part pour Valence ! N’importe quoi… cette liaison n’existe pas, obligé de passer par Alicante !

Couleurs et symboles :

Valence évolue en blanc avec des cuissettes noires. D’après l’association internationale des colorimètres que je viens d’inventer et de fonder, ces deux couleurs ne sont que des variations d’une seule et même couleur : le gris. On peut donc affirmer que Valence évolue en teinte de gris plus ou moins lumineux. Fort de ce constat, la vraie couleur de Valence se trouve donc être l’orange, la troisième couleur du club, celle du maillot extérieur ou du troisième maillot. C’est qu’on ne se prendrait pas un peu pour les Pays-Bas ?

S’il y a bien un pays où l’on n’aime pas trop les animaux en guise de symbole, c’est bien l’Espagne avec ses couronnes et ses écussons à base de rayures verticales. Valence est pourtant un des rares clubs du pays à avoir un animal comme symbole et pas n’importe lequel : une chauve-souris. Un symbole qu’elle partage avec un autre club de la ville, on va y revenir. Comment s’étonner que le plus grand fan de Valence soit alors un certain Batman. Si tu te rends une fois dans ta vie à un match de Valence peut être que tu auras la chance de l’apercevoir en tribunes, il s’y rend dès que son travail le lui permet.

Les joueurs de Valence se déplacent probablement en batmobile

Surnoms et appellation à la con :

Valence se fait volontiers surnommer « los Che », ce qui n’a rien à voir avec le fameux révolutionnaire marxiste sud-américain, devenu aujourd’hui une image cool pour ados qui se croient rebelles. Le mot « che » ou « xe » est fréquemment utilisé en valencien, une sorte de catalan, par les gens de la région pour exprimer toutes sortes de choses. Au point que ce petit mot utilisé à beaucoup de sauces soit devenu un fondement de l’identité valencienne et de leur équipe de foot. Sinon, on a du classique, les blanc et noir ou les chauves-souris en VO bien sûr.

Stade et supporters :

Pour l’heure, Valence évolue encore au stade de Mestalla qui compte 53’000 places. Une enceinte un peu vétuste où les gradins sont aussi pentus qu’un tremplin de saut à ski et où on ne trouve aucune toiture. Bon après tout on est en Espagne et se protéger de la pluie n’est sans doute pas la priorité dans le coin. Un stade qui aurait dû être remplacé il y a quelques saisons par l’enceinte de Nou Mestalla, un stade ultra-moderne avec une capacité de plus de 60’000 spectateurs. Mais voilà, la crise a frappé l’Espagne en 2008 et les travaux ont été stoppés environ une année après leur commencement. Actuellement, le nouveau stade demeure toujours inachevé, même si les travaux seraient sur le point de redémarrer avec comme objectif l’année 2021… enfin peut-être. On a donc trouvé plus laborieux que le stade de la Tuilière. Les supporters ? Il s’agit du quatrième club le plus supporté du pays, essentiellement par des mecs qui laissent des tas de coquilles de pipas à la fin des matchs, comme d’habitude dans les stades espagnols.

Les grands rivaux du club :

Oui en Espagne on a parfois l’impression que seuls deux clubs existent, à la limite trois. Et pourtant si à Valence on déteste aussi bien Barcelone que le Real, les vrais rivaux sont Levante et Villarreal. Le modeste club de Levante est tout simplement la deuxième équipe de la ville de Valence qui possède lui aussi une chauve-souris sur son écusson. Le derby Batman. Quant aux jaunes de Villarreal, ils représentent le club pas trop pourri le plus proche, ce qui justifie une certaine rivalité. Bon et puis de toute façon, il y a fort à parier que chaque supporter de Valence a forcément une préférence entre Real et Barça, parce que c’est triste mais dans ce pays 25 des 30 derniers titres ont été remportés par l’un des deux gros mastodontes du football espagnol. Seul un malentendu permet à d’autres équipes de pouvoir espérer quelque chose et ce qu’a fait Valence au début des années 2000.

Non à Valence on n’aime pas non plus le Barça. Et évidemment qui finit par terre ?

Le ou les joueurs qui pourraient avoir leur statue à l’entrée du stade :

Si Valence a presque toujours été un second couteau en Espagne, il n’empêche que ce club a connu ses heures de gloire et ses héros. Au final, il est bien difficile de te trouver un joueur en particulier qui a marqué le club, ils sont plusieurs à être dans ce cas. On a bien envie tout d’abord de citer la légende du foot argentin Mario Kempes qui a scoré plus de 100 buts avec les blanc et noir dans les années 70-80, sous les ordres d’un certain Di Stefano, oui le mec emblématique du Real. Et puis il y a l’ensemble de la génération des années 2000 qui a gratifié le club de ses plus beaux succès et qui comprend les mythiques Claudio Lopez, Ruben Baraja, Gaizka Mendieta, Pablo Aimar et même Jocelyn Angloma. Cependant pour être une vraie icône de Valence il faut y avoir joué toute sa vie ou presque et dans ce cas on retrouve les Santiago Cañizares, David Albelda et Miguel Angel Angulo qui sont sans conteste les véritables emblèmes du club.

Le joueur qui se ferait balancer des tomates à la gueule s’il osait revenir :

Un ancien joueur de Valence s’est bel et bien fait balancer quelque chose à la gueule en revenant à Mestalla. Ça n’est pourtant pas une tomate dans un pays où ce légume (ou plutôt ce fruit) est roi. Paco Alcacer est un enfant de la région valencienne et il est d’ailleurs un pur produit du centre de formation du club. Cependant, en 2016, lorsqu’il quitte Valence pour Barcelone suivant ainsi le chemin déjà emprunté par Jordi Alba ou David Villa quelques années plus tôt, certains supporters le prennent plutôt mal. Lors de son retour à Mestalla sous les couleurs blaugrana la saison suivante, c’est un paquet de pipas qu’il reçoit en pleine tronche. Pas de quoi se plaindre, en Ecosse on aurait sans doute balancé du haggis et en Allemagne une grosse saucisse bien juteuse.

J’ai pas fait exprès de balancer mon paquet de pipas sur le mec qui vient de trahir mon club !

Le match d’anthologie du club dont on se souviendra dans 50 ans encore :

Les saisons 1999-2000 et 2000-2001 ont tout simplement été exceptionnelles du côté de Valence. Deux finales de Ligue des Champions d’affilée, certes perdues, ça n’est pas donné à tous les clubs, sauf au Real et au Barça d’accord. On peut surtout retenir deux rencontres absolument hallucinantes de la campagne 1999-2000, lorsque personne n’attendait ce club. Un 5-2 en quarts de finale face à la Lazio absolument dantesque, et surtout un 4-1 au Barça en demi-finale qui reste absolument légendaire. Ok à l’époque le Barça n’avait pas Messi, Piqué et Jordi Alba mais Gabri, Bogarde et Reiziger.

Allez fan du Valence… ou du Real fais-toi plaisir !

Bon ok, et actuellement :

Après avoir pratiquement dominé le football espagnol au début des années 2000 (en ayant remporté la Liga en 2002 et 2004) Valence a ensuite connu un déclin jusqu’à finir deux fois de suite 12^e de la Liga en 2016 et 2017 ! En difficulté financière, le club a été racheté par un milliardaire venu de l’étranger en 2014, ce qui laisse entrevoir un meilleur avenir pour le club, c’est-à-dire finir troisième derrière le couple qui brasse tellement de pognon. La preuve en est, lors de la dernière Liga, les Che ont terminé quatrième et seront de la partie en Ligue des Champions cette saison.

Tiens pour que Valence ait la possibilité de viser le titre, je propose dorénavant que le Real et le Barça s’affrontent directement dans une série de 21 matchs sous la forme d’une tournée mondiale pour déterminer le champion de l’univers. Le pire est qu’on est peut-être bientôt plus très loin de cette réalité. En effet, Javier Tebas, président de la Liga, a annoncé que cette saison un match de la Liga, comprenant le Barça ou le Real évidemment, sera délocalisé aux Etats-Unis. Le but affiché est de concurrencer le championnat anglais en termes de droit TV. Un truc qui ne va pas du tout profiter aux pauvres Real et Barcelona qui sont tellement à plaindre. Valence, finir ton stade de Nou Mestalla ne sert à rien, de toute façon dorénavant tu joueras tes rencontres à Miami, ça rapportera plus d’argent…