Adieu veaux, vaches, Martigny et promotion

L’incroyable ne s’est pas produit à Egerkingen. L’assemblée de la Ligue nationale a encore accouché d’une souris, qui en a d’ailleurs directement profité pour faire un bras d’honneur à la LNB. Certes, la petite ligue est aussi crédible qu’un discours de politique générale de Jean Sarkozy, mais certaines de ces organisations feraient mieux de s’allier pour valoriser leur arguments plutôt que de railler le voisin. Mais tout n’est pas si simple…

L’utopie des supporters biennois ou lausannois de rejoindre la LNA restera encore à l’état de songe pour quelques saisons. La proposition de l’ami Vaucher n’a, en effet, même pas été soumise au vote. Mal ficelée, encore moins préparée ou concertée, la formule qui voulait voir s’affronter les deux dernières équipes de Ligue A aux deux meilleures équipes de la petite ligue fait encore bien rigoler les décideurs des clubs de l’élite.

L’AMJ et le LHC peuvent attendre

Quel intérêt auraient les pontes du hockey suisse à prendre le risque de descendre d’un niveau à la suite d’une saison calamiteuse (cf. Lugano cette saison ou Zurich ces 30 dernières années) alors que les organisations d’en-bas se ridiculisent à tour de rôle et ont aujourd’hui une crédibilité digne des Pieds-Nickelés dans le commerce du chanvre ? Si la relégation comique du LHC – tant les conditions de sa rétrogradation ont été grotesques – et la promotion programmée d’un Genève-Servette ou d’un Bâle en mode machines de guerre avaient répondu à une certaine logique sportive et financière, Lausanne en paye aujourd’hui toujours les pots cassés, tandis que l’Amicale des Juristes du Seeland ne doit pas être autorisée à monter tant qu’elle ne disposera pas d’une patinoire en bonne et due forme (qui arrive, certes…).

L’horrible EHC Bâle risque de végéter
encore un moment en Ligue A…

En attendant, Bâle, Fribourg ou autre Langnau ne pas vont risquer leur peau juste pour faire plaisir à des welches incohérents. Le Tribunal Club de Bienne, après avoir usé et abusé de recours juridiques, fait aujourd’hui profil bas afin de pouvoir revenir en grâce et s’assurer quelques transferts, tandis que le LHC, malgré toute la bonne volonté des nouveaux propriétaires, va traîner des décennies durant encore son image de loser patenté. Mais ces deux équipes, ainsi que les farceurs de La Chaux-de-Fonds, Viège et Langenthal qui ont déposé leur dossier LNA juste pour pouvoir disputer la Liga-Qualifikation, n’ont jamais imaginer se consulter afin d’arriver en force devant l’assemblée des sociétaires.

Monter oui, mais…

Pourtant, ces équipes auraient tout à gagner en s’alliant et soumettre ensuite au vote une proposition crédible. En premier lieu, elles pourraient enfin réussir à faire croire à leurs supporters qu’une saison de LNB a un but sportif autre que de se tirer la bourre entre équipes de seconde zone. Cette proposition devra toutefois être suffisamment intelligente pour ne pas effrayer les équipes du bas de classement de LNA, qui ne manqueront bien entendu pas de faire jouer leur influence pour faire capoter tout nouveau projet. De plus, les trois voix accordées aux équipes de LNA contre les deux pour celles de LNB montrent bien à quel point cette parodie de démocratie joue pour le statu quo.

Le HCC en LNA ? Ce n’est pas pour demain…

Mais le problème que certains grands théoriciens, pondeurs de commentaires pourfendeurs mais simplistes, n’imaginent même pas avec un système où la LNA serait ouverte aux quatre vents est encore plus vicieux. Si l’équipe qui arrive à gagner sa place au niveau supérieur est confrontée à une formule favorable au changement, elle va se ruiner dès sa montée pour tenter d’attirer, à prix d’or, les joueurs restés sur le carreau de la LNA, sans bien sûr se hisser au niveau nécessaire. Donc, puisque l’exercice sera forcément mitigé voire manqué, les conséquences financières seront bien pires qu’une simple relégation sportive. Lausanne et La Chaux-de-Fonds ont ainsi failli en payer le prix suprême ces derniers temps : la faillite pure et simple.
Alors avant de crier au loup (ou aux gros méchants Suisses allemands), il convient de ne pas voir que son intérêt à court terme. Le gros problème actuel de cette LSHG, figée, que dis-je, sclérosée par l’imbécillité de sa composition est que les clubs décident pour eux-mêmes. L’intérêt supérieur du sport passera donc forcément en seconde ligne et puisque tous les desideratas divergent autant qu’il y a d’équipes… on n’est pas sorti de l’auberge. Enfin du Mövenpick d’Egerkingen.

Photos Pascal Muller – copyright www.mediasports.ch