Enorme coup de marteau pour Duisburg à la 92e

Mené 0-2 par Stuttgart au terme d’une 1ère mi-temps calamiteuse, le MSV Duisburg a superbement réagi après la pause et est parvenu à égaliser. Mais, alors qu’ils poussaient pour obtenir une victoire qui leur aurait permis de quitter la dernière place, les Zebras ont été crucifiés à l’ultime seconde sur un but de Thomas the Hammer Hitzlsperger.

Après les quelques excès de la veille (la bière à 1 euro en discothèque, ça n’incite pas à la modération), le réveil est moins difficile que prévu en ce beau samedi de février. Entre autres qualités, la Veltins de Gelsenkirchen ne donne pas la gueule de bois, même après une défaite de Schalke. Le déplacement n’est pas trop long jusqu’au deuxième match du week-end, Duisburg – Stuttgart : seuls 38 kilomètres d’autoroute à travers un somptueux paysage industriel séparent la Veltins-Arena de la MSV-Arena. Les abords du Wedau duisbourgeois sont assez sympathiques, avec quelques petits lacs et un Biergarten. Entre les canards et le houblon, je te laisse deviner ce qui a le plus retenu notre attention…Nos places sont situées dans le virage des supporters du MSV, la König Pilsener Fankurve : comme à Gelsenkirchen ou Kaiserslautern, les fans les plus bruyants sont réunis dans une tribune portant le nom de la bière locale. Sous-entendu : les meilleurs supporters sont ceux qui boivent le plus. A intervalles réguliers, une publicité défile sur l’écran géant : 15e minute de jeu, c’est l’heure de la bière, 30e c’est l’heure de la bière, 40e etc… Le bloc des supporters adverses, le Duisport Logport Ecke, a lui un sponsor un peu moins attractif, les services logistiques du port de Duisburg, le plus grand port intérieur du monde, au confluent du Rhin et de la Ruhr. Alors, à quand un Kronenbourg Virage Ouest à Malley, alors que les fans adverses seraient parqués dans le Coin Tridel ?

Bien que la ville de Duisburg compte deux fois plus d’habitants que Gelsenkirchen, son stade est deux fois plus petit et ne fait pas toujours le plein, loin s’en faut. Au milieu d’une tribune, des sièges rouges et blancs forment une magnifique croix suisse, en l’honneur d’un fan’s club helvétique du MSV.
Ce sont deux formations mal en point qui pénètrent sur la pelouse : le néo-promu Duisburg est scotché à la dernière place du classement, alors que le champion Stuttgart reste sur deux cuisantes défaites contre Schalke et Berlin, encaissant sept buts au passage. Il apparaît rapidement que les maux dont souffrent le MSV sont plus profonds que ceux du VfB. La première mi-temps duisbourgeoise est cauchemardesque : aucune occasion, sinon un tir de Georgiev dans les bras d’Ulreich mais une succession de passes à l’adversaire, de centres derrière le but, de duels perdus et de contrôles ratés. Le porteur du ballon n’a quasiment jamais de solution et le MSV, bien que rapidement mené au score, multiplie les passes en retrait à son gardien, provoquant l’ire de son public.
Face à une aussi pâle opposition, le VfB Stuttgart se détache rapidement : sur un centre d’Hilbert, Gomez profite de l’absence de la défense adverse pour ouvrir la marque de la tête. A la 36e, Ludovic Magnin bénéficie d’un coup franc à peu près au même endroit que contre la France au Stade de Suisse (qui ressemble d’ailleurs beaucoup à la MSV-Arena). Thuram n’est pas là pour prolonger la balle dans les filets mais une nouvelle absence de la défense duisbourgeoise permet à Gomez et Meira de se retrouver seul devant Beuckert. Mais le contrôle de l’international allemand n’est pas bon et Meira doit tirer dans un angle fermé, permettant au portier du MSV de s’interposer. Ce n’était que partie remise : sur un énième ballon perdu à mi-terrain par les Zebras, Bastürk lance Gomez qui double la mise en force.
Cette réussite provoque l’ire du Wedau. La démission du président Hellmich et de l’entraîneur Bommer est exigée à hauts cris par les supporters duisbourgeois. C’est sous les huées de leur public que les joueurs du MSV regagnent les vestiaires. Le message a passé car c’est une équipe métamorphosée qui revient sur la pelouse. L’ancien stuttgartois Tiffert sonne la révolte avec une volée détournée en corner par Ulreich. Peu après, le Roumain Niculescu, débarqué dans la Ruhr au dernier jour du Mercato, réduit la marque en déposant un coup franc somptueux en pleine lucarne.

Les Zebras poussent tant et plus et le Wedau recommence à encourager son équipe. Les fans du MSV ne sont peut-être pas très nombreux mais c’est un vrai public de la Ruhr : quand ils s’enflamment, cela fait du bruit. Ils seront rapidement récompensés : à la 57e, Tiffert lance Ishiaku qui profite d’un alignement défectueux de Tasci et Beck pour partir seul égaliser. En moins d’un quart d’heure, le souvenir de la pénible 1ère mi-temps est oublié et les fans du MSV font maintenant corps avec leur équipe pour aller chercher une victoire qui permettrait d’abandonner la lanterne rouge.
Autant on s’était ennuyé en 1ère mi-temps, autant la 2e période nous plaît bien (© Pierre-Alain Dupuis). Il y a toujours beaucoup d’imprécisions et de mauvaises passes, mais le jeu navigue vite d’un but à l’autre et les occasions se succèdent, la plupart en faveur du MSV. Les plus nettes : un coup franc de Niculescu sur le poteau (70e) et une tête de Georgiev juste à côté (88e). Mais, alors qu’ils poussaient pour arracher un succès qui eût été mérité, les Zebras vont se faire piéger à l’ultime seconde sur un centre de Cacau, une volée contrée d’Hitzlsperger et un cafouillage de Weber qui redonne le ballon au demi gauche de l’équipe d’Allemagne. The Hammer ne laisse pas passer sa deuxième chance et place la balle hors de portée de Beuckert. Un but en forme de mort subite car il n’y aura même pas le temps d’effectuer l’engagement et les joueurs de Duisburg restent prostrés de longues minutes sur le terrain. C’est une issue d’autant plus cruelle que, deux semaines auparavant, dans cette même MSV-Arena, les Zebras avaient encaissé l’égalisation à la 93e dans le derby contre Dortmund.

Du coup, la situation comptable du Meidericher Spielverein 02 devient critique. Je reste néanmoins convaincu que cette équipe de Duisburg est plus talentueuse et dispose d’un potentiel supérieur à certains de ses rivaux dans la lutte contre la relégation, comme Cottbus, Rostock ou Bielefeld ; néanmoins, ce n’est pas non plus un hasard lorsqu’une équipe perd régulièrement ses matchs sur la fin. Le MSV manque de caractère, n’a pas cette rage et cet instinct de survie qui permettent à des équipes plus limitées d’aller arracher les points nécessaires au maintien contre plus fort qu’eux. L’entraîneur Rudi Bommer (ou son successeur car la position du mentor duisbourgeois est très fragile) a intérêt à trouver très rapidement des solutions, sinon le MSV va une nouvelle fois faire l’ascenseur, comme ces trois dernières saisons (deux promotions, une relégation).
Après les défaites contre Schalke et Berlin, la crise couvait à Stuttgart. Cette victoire chanceuse va ramener un peu de sérénité dans la maison souabe mais la manière dont le VfB s’est fait chahuter par la lanterne rouge en 2e mi-temps et les approximations de la défense n’ont pas vraiment rassuré. Il faudra incontestablement évoluer un ton au-dessus samedi prochain dans le très attendu derby du Bade-Wurtenberg contre Karlsruhe si Stuttgart entend se replacer dans la course à l’Europe.

MSV Duisburg – VfB Stuttgart 2-3 (0-2)

MSV-Arena : 21’562 spectateurs.
Arbitre : M. Rafati.
Buts : 16e Gomez (0-1), 41e Gomez (0-2), 49e Niculescu (1-2), 57e Ishiaku (2-2), 92e Hitzlsperger (2-3).
MSV Duisburg : Beuckert ; Willi, Filipescu (78e Schröter), Schlicke, Veigneau (26e Weber) ; Grlic (40e Ishiaku), Tiffert, Tararache, Georgiev ; Mölders, Niculescu.
VfB Stuttgart : Ulreich ; Beck, Tasci, Meira, Magnin ; Hilbert, Bastürk (89e Khedira), Pardo, Hitzlsperger ; Marica (69e Cacau), Gomez.
Cartons jaunes : 28e Mölders, 61e Filipescu, 77e Cacau, 85e Schröter.

Écrit par Julien Mouquin

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