Xamax : la mauvaise éducation

Ça commence à sentir le roussi du côté de Neuchâtel. Après avoir fini l’année 2007 en grandes pompes, c’est plutôt en grand coup de pompe que commence 2008. Les Xamaxiens sont maintenant éliminés de la Coupe, l’occasion de se focaliser désormais sur un maintien qui semble bel et bien le seul et dernier objectif de la troupe à Gérard.

Bon il faut avouer la crise est imminente. Bernasconi lâche des gros mots sur l’interview du Teletext, et sous-entend des ultimatums. A croire qu’il voit quand même les mêmes choses que nous des fois. A Bellinzone, Xamax n’a pas été mauvais, mais n’a surtout pas été bon. Pire, ils ont encore manqué d’envie, une caractéristique qui semble s’être volatilisée du groupe depuis le quart de finale de Coupe face à YB. Sur le terrain les joueurs renoncent, hésitent à s’engager et ne croient plus en leur supériorité. On comprend plus que jamais que si vous prenez Xamax et enlevez Everson, il ne reste pas grand-chose. Ce dernier semble d’ailleurs l’avoir lui-même compris, puisque selon radio-couloirs Monsieur se montrerait gourmand pour l’avenir. Bref, on est dans d’beaux draps à la Maladière.

Everson, un pion essentiel

Cette journée avait pourtant bien débuté. Parti à 9h du matin, j’arrivais vers 12h30 dans un Lugano inondé de soleil. C’est l’printemps, les gens sont beaux, surtout certaines, le lac brille et les terrasses sont pleines. Parlez de Lugano et vous ferez des vers. Par ci par là entre deux arcades ou deux ruelles étroites, quelques Luganais feignent de s’intéresser au match et encouragent, par jalousie ou par gentillesse, le Romand. A 25 km de là pourtant, toute une ville et toute une équipe s’apprêtent à vibrer pour le match de leur vie. Bellinzone, son stade, ses talus, ses châteaux à la Sédunoise qui surplombent le stade, ses 50 robocops (à la Sédunoise aussi) pour nous montrer comment on entre dans un stade et sa buvette sans bouffe pour des visiteurs qui évidemment n’ont pas faim après trois misérables heures de route en sortant du boulot. Plein d’éléments qui contrastent et qui augurent d’une soirée à oublier. C’est pourtant oublier de mentionner la superbe mobilisation neuchâteloise. Environ 400 supporters ont pris la route et se sont tapés le supplice de traverser Lucerne et le Gothard pour soutenir les leurs. Tout ça pour ce que vous avez vu à la télé (ou pas).
Xamax voulait jouer sur les côtés, mettre à profit ses qualités. Ils ont bien fait. Contre Bellinzone il y avait un coup à jouer dans ce registre. Problème, Nuzzolo nous gratifie d’un début de match transparent, presque translucide même, galvaudant un duel face au gardien (superbe pichenette par-dessus les grillages du stade) et ratant totalement un centre important sur un bon ballon de Szlyko. Une entame de match qui, dans un onze en confiance, permet d’assommer l’hôte. Le ton est donné donc, un festival de manque de confiance, pimenté par ci par là d’occasions pourtant énormes, mais rendues anecdotiques et pathétiques par leur finition (tête de Rak, seul aux 5 mètres, en première mi-temps). Tout cela sent l’arnaque à plein nez, d’autant plus que cantonnés dans une défense à trois pour la fin des prolongations, les Neuchâtelois vont même manquer de peu de s’en prendre un sur la seule occasion tessinoise, le redoutable Neri ajuste l’extérieur du poteau de Zubi.

Sale début d’année pour Gérard Castella 

Et puis vint cette séance de tirs au but. Les étoiles, les cris, le vent soudainement glacial et un cauchemar qui semblait cousu de fil blanc. Cette sensation si familière, week-end après week-end, d’une ovation qui vient de l’autre côté du stade. Ce bruit qui, freiné dans l’atmosphère, nous parvient petit à petit, mais de plus en plus fort comme une vague. Comme une marée rose.
Pour mieux conforter le supporter dans l’idée que Xamax se fait dessus actuellement, les joueurs quittent la pelouse sans le moindre geste pour les centaines de courageux qui ont pris congé, crié 120 minutes durant et qui vont rouler 7 heures au total. Une déplorable réaction d’enfants gâtés pour ponctuer une nouvelle soirée à oublier. Une mauvaise plaisanterie d’un goût fort douteux en tout cas, que l’on appréciera d’autant moins la prochaine fois qu’un dirigeant xamaxien osera soulever le manque de soutien rouge et noir ou le fait qu’il manque la «culture football» en Suisse. Le mental tient une place importante dans le football et instaurer des principes de base serait un bon début d’une éducation footeuse basée sur la rigueur et le dépassement de soi. Des notions oubliées, qu’il va falloir retrouver au plus vite. Car si les joueurs se moquent ainsi de leur public, pas dit que les fidèles resteront paisibles très longtemps. Mais pour l’instant, ils sont déjà nombreux à se motiver pour le prochain déplacement à Tourbillon… Pas rancuniers.
Photos Pascal Muller – copyright www.mediasports.ch

Bellinzone – NE Xamax 0-0 ap, 4-2 tab

Stadio Comunale : 6500 spectateurs.
Arbitre : M. Wermelinger.
Tirs au but : Carbone 0-0 (latte), Rossi 0-0 (au-dessus); Neri 1-0, Bah 1-0 (au-dessus); Pouga 2-0, João Paulo 2-1; Conti 3-1, Chihab 3-2; La Roca 4-2.
Bellinzone : Bucchi; Belotti, Mangiarratti, Carbone; Miccolis (111e Conti), La Rocca, Rivera (96e Wahab), Lulic; Taljevic (68e Raso); Pouga, Neri. Entraîneur: Petkovic.
NE Xamax : Zuberbühler; Jenny, Besle, Chihab, El Haimour (107e Quennoz); Bah; Nuzzolo (62e Lang), Rak, Szlykowicz; Rossi, Coly (76e João Paulo). Entraîneur: Castella.
Cartons jaunes : 55e Lulic (faute sur El Haimour), 87e Rivera (faute sur Lang), 117e Bah (faute sur Pouga).
Corners : 2-15 (1-3, 2-10).

Écrit par Roby Steedman