Servette – Rapperswil : nouveau changement de décor

Après une défaite indiscutable samedi en terres saint-galloises, les Genevois abordaient le troisième acte des quarts de finale en devant se priver non seulement de Serge Aubin, mais également, surprise de dernière minute concoctée par le juge unique, de Juraj Kolnik. Autant dire que l’optimisme n’était pas forcément de mise. Et pourtant…

Décidément, on ne peut se fier à rien dans cette série. Après un premier match fermé à triple tour et un avantage psychologique pour les Aigles, Rapperswil avait réalisé une véritable démonstration chez lui pour reprendre les faveurs du pronostic. Et voilà que dans l’adversité, c’est maintenant aux Grenat de gagner dans les grandes largeurs et avec la manière.Le début de match était pourtant incertain, et ce sont même les Saint-Gallois qui avaient la première grosse occasion de prendre les devants, lorsque Niklas Nordgren manquait un caviar de Niki Siren. Les matches ne se ressemblent pas non plus pour le Suédois, bien emprunté ce soir après son festival de samedi.
Première contrariété pour l’amateur de logique et de prévisibilité : on pensait que le jeu de puissance genevois, qui n’est déjà pas spécialement transcendant en temps normal, allait largement souffrir de l’absence de ses deux meilleurs joueurs. C’est pourtant sur cette situation que le score était ouvert. Et de façon tonitruante. Un engagement gagné par Igor Fedulov, un tir de la bleue de John Gobbi, et c’était 1-0 au bout de huit secondes de supériorité numérique.

John Gobbi, auteur du pemier but

Dans la foulée, la troupe du Lido avait à son tour l’occasion d’évoluer à un joueur de plus. Mais c’est de l’autre côté que le match allait tourner. Après une belle récupération d’Olivier Keller, Jonathan Mercier entrait en zone adverse et tirait en bout de course. Son envoi était contré, mais le Genevois tentait une deuxième fois sa chance. Bien lui en prit, puisque le palet heurta un défenseur adverse, puis la jambière de Marco Streit pour partir en cloche et retomber dans le but. Une réussite que Nicolas Studer n’aurait pas reniée.
Les Lacustres tentaient alors de recoller, aidés par un Brent Reiber qui éprouve toujours autant de plaisir à sodomiser des insectes qui ne lui ont rien fait. Mais peut-être marqués au moral, et en tout cas littéralement étouffés par des Aigles désormais chauffés à blanc, ils voyaient leur jeu se déliter progressivement. Lorsque Laurent Meunier inscrivait le troisième en plongeant juste avant le premier thé, la partie était pratiquement jouée.
La deuxième période ne fit qu’amplifier l’emprise servettienne et, partant, le découragement de Rapperswil, qui butait sur un Gianluca Mona impérial lorsqu’enfin il parvenait à se dépêtrer de la défense.
Au début de la dernière période, Loïc Burkhalter laissait passer l’ultime chance de rouvrir les débats. Profitant d’une perte de puck d’un Martin Hoehener peu rayonnant en ce début de playoffs, l’ex-Davosien adressait un tir pernicieux qui finissait sa course contre la base du poteau de Mona. Dans la foulée, les locaux allaient se charger de classer définitivement l’affaire en quatre minutes et demie de folie furieuse.

Laurent Meunier lui aussi à la fête

C’est Niklas Nordgren qui donnait le signal de départ par un accrochage aussi flagrant qu’inutile alors que son équipe évoluait déjà en infériorité et que le palet se trouvait dans le camp adverse. Les Grenat en firent voir de toutes les couleurs aux trois malheureux représentants de la Cité des Roses, et Goran Bezina trouvait la faille d’un magnifique tir du poignet. Sur son shift suivant, le capitaine genevois se lançait à l’offensive dans le plus pur style «char d’assaut», ce qui permettait à Morris Trachsler de servir Chris Rivera devant le but ouvert.  Lequel joueur récidivait 32 secondes plus tard dans une défense en déroute. Et le reste n’était que péripétie.
Les Servettiens préservent ainsi l’avantage de la glace de façon amplement méritée, tant ils ont fait plaisir par leurs qualités de cœur. Quant à savoir si cette belle prestation annonce une prise de pouvoir ou si la série verra son cours à nouveau chamboulé jeudi dans la patinoire turquoise, on n’ose plus trop s’avancer.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

GE Servette – Rapperswil 6-0 (3-0 0-0 3-0)

Patinoire des Vernets : 5’790 spectateurs.
Buts : 5’05 J. Gobbi (I. Fedulov, 5c4) 1-0, 7’04 J. Mercier (sans assistance / 4c5) 2-0, 19’36 L. Meunier (I. Fedulov) 3-0, 44’40 G. Bezina (I. Fedulov, K. Law /5c4) 4-0, 48’39 C. Rivera (M. Trachsler, G. Bezina) 5-0, 49’11 C. Rivera (J.-P. Vigier) 6-0.
Arbitres : B. Reiber ; T. Wehrli, D. Wirth.
Genève-Servette : G. Mona ; G. Bezina, J. Mercier ; O. Keller, J. Gobbi ; R. Breitbach, M. Hoehener ; Jul. Bonnet, S. Schilt ; P. Savary, L. Meunier, K. Law ; I. Fedulov, J.-P. Vigier, C. Rivera ; T. Deruns, M. Trachsler, J. Cadieux ; Jér. Bonnet, G. Augsburger, T. Spicher-Kast. Absents : S. Aubin, F. Conz (blessés), J. Kolnik (suspendu) et F. Heynen (surnuméraire).
Rapperswil-Jona Lakers : M. Streit ; P. Fischer II, T. Koivisto ; N. Guyaz, S. Berger ; G. Voisard, C. Geyer ; S. Gmür, M. Schefer ; S. Reuille, O. Kamber, M. Czerkawski ; N. Siren, S. Roest, N. Nordgren ; C. Micheli, L. Burkhalter, D. Steiner ; R. Schrepfer, M. Bütler, S. Friedli. Absents : S. Hürlimann (blessé), P.-L. Sleigher, P. Wandeler et R. Müller (surnuméraires).
Pénalités : 10×2’ contre Genève-Servette, 11×2’ + 10’ (S. Roest, réclamations) contre les Rapperswil-Jona Lakers.
Notes : 41’44 G. Mona dévie un tir de L. Burkhalter sur son poteau. 44’02 Temps mort pour Genève-Servette.

Écrit par Yves Grasset