La minute Schadenfreude

C’est Feiertag aujourd’hui pour ton chroniqueur préféré (ou pas) : l’article qui suit traite (notamment) de la crise au Bayern Munich et à Hoffenheim. Soit des sujets qui m’inspirent un peu plus que lorsqu’il s’agit de commenter une défaite de la Nati à l’Euro.

TSG 1899 Hoffenheim (8e, 25 points)

L’année 2011 a commencé de manière très mouvementée pour Hoffenheim avec la démission le premier jour de l’an de l’entraîneur Ralf Rangnick, après de longs mois de tensions avec le mécène du club, Dietmar Hopp. Le premier reprochait au second de ne pas lui donner les moyens de renforcer l’équipe (235 millions d’euros depuis 2006 tout de même), le second critiquait le premier pour ne pas parvenir à emmener le club en Coupe d’Europe. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été le transfert du Brésilien Luiz Gustavo au Bayern pour 17 millions d’euros, effectué par les dirigeants sans même en référer à leur entraîneur, qui était bien sûr catégoriquement opposé au départ de son meilleur joueur. Pour couronner le tout, la Ligue a ouvert une enquête contre Hoffenheim suite à ce transfert pour violation de la règle 50+1 qui interdit aux clubs allemands d’être en mains d’un actionnaire majoritaire. Jusque-là, Dietmar Hopp contournait la règle en détenant 99% du capital mais seulement 49% des droits de vote mais son implication dans le transfert de Luiz Gustavo a été un peu trop évidente. Et, comme tout jouet artificiel et arrogant pour millionnaire, Hoffenheim «dérange» (pour reprendre un terme bien connu dans le foot et le hockey romands), du coup il est assez sain que de temps à autre on rappelle à ces nababs que le pognon ne permet pas toujours d’être au-dessus de lois et des règles, même si en l’occurrence on doute que la sanction aille au-delà d’une simple amende.
Dans la foulée et comme à chaque mercato, le meilleur buteur du club, Demba Ba, a émis le souhait de s’en aller, sauf que cette fois le Franco-Sénégalais a carrément boycotté le camp d’entraînement. Du coup, le club l’a suspendu mais refuse de lui délivrer un bon de sortie, menaçant de le laisser dans les tribunes jusqu’au terme de son contrat en 2013. Chouette ambiance… Pourtant, le premier tour des Kraichgauer n’avait pas été mauvais, loin s’en faut. On a par moment retrouvé la verve offensive qui avait permis à Hoffenheim d’être champion d’automne en 2008. Hoppenheim aurait même bouclé son premier tour sur le podium sans de nombreux buts encaissés dans les dernières minutes (normal, pour un club qui n’a pas d’âme…). Mais là, avec les départs de Rangnick, Luiz Gustavo et sans doute Ba et l’arrivée d’un entraîneur inexpérimenté, l’ancien adjoint de Rangnick, Marco Pezzaiuoli, Hoffenheim semble promis, comme les deux saisons passées, à un deuxième tour dans l’anonymat du ventre mou du classement. Et peut même se féliciter d’avoir pris suffisamment d’avance sur la barre avant sa crise hivernale, surtout que le club risque de devoir encore brader un ou deux joueurs pour obtenir sa licence. Le début de la fin ?
Départs : Luiz Gustavo (Bayern), Eichner (Köln).
Arrivées : Firminho (Tombense), Alaba (Bayern).

Eintracht Francfort (7e, 26 points)

Francfort, c’est le genre de club qui, dans une bonne dynamique, peut flirter avec l’Europe, dans une mauvaise, risquer la relégation. Cette saison, SGE est dans le premier cas de figure, grâce à un retour en grâce étonnant, celui du Grec Theofanis Gekas, meilleur buteur de la Bundesliga 2006-2007 avec Bochum mais qui avait ensuite complétement disparu de la circulation au gré de transferts improbables. Personnellement, je n’y croyais pas trop mais le coup de poker francfortois s’est avéré payant, le buteur grec a retrouvé toute son efficacité, inscrivant la bagatelle de 14 buts en 17 matchs. Entraînant dans son sillage un groupe davantage besogneux que talentueux mais très combatif et difficile à manœuvrer. Avec notamment un époustouflant Pirmin Schwegler à mi-terrain.
A Noël, l’Eintracht a quasiment assuré son maintien, il peut donc s’imaginer de nouveaux objectifs pour le 2e tour, à savoir une place en Europa League. A priori, on n’y croit pas trop, l’équipe a tout de même montré certaines lacunes et manque un peu de créativité, mais sait-on jamais ; un groupe solide, un buteur en pleine bourre qui aligne les buts avec une régularité de métronome, l’euphorie qui s’installe, un grand engouement populaire : si l’Eintracht parvient à exploiter un calendrier relativement favorable en début de 2e tour pour accrocher le bon wagon, ça peut devenir l’une des surprises de la saison.
Départ :
Arrivée :

SC Freiburg (6e, 28 points)

J’ai déjà eu l’occasion de l’écrire mais Robin Dutt, l’entraîneur fribourgeois, est un magicien, capable de faire des miracles avec un effectif réduit. Alors que sur le papier il avait tout du relégable en puissance, avec un effectif essentiellement composé de joueurs de 2e division, Freiburg boucle son premier tour à un point de l’Europe et du grand Bayern Munich. Et en plus en présentant un jeu pas vilain du tout ; bien sûr, les succès fribourgeois s’appuient avant tout sur une grosse homogénéité défensive mais, à l’instar de cette nouvelle génération d’entraîneurs allemands, incarnée par Löw en équipe nationale, Klopp à Dortmund ou Tuchel à Mainz, Dutt prône le Vollgas-Fussball, avec cette volonté constante d’aller très vite en direction du but adverse dès le ballon récupéré. Symbole de cette euphorie fribourgeoise, le buteur sénégalais Papiss Demba Cissé, joueur moyen de Ligue 2 française qu’on avait un peu vite catalogué comme joueur rapide mais inefficace devant le but, a explosé cette saison avec 13 réussites en 16 matchs joués. Même la blessure du gardien Pouplin n’a pu freiner la marche en avant des Breisgauer puisque son remplaçant, le jeune Oliver Baumann, s’est révélé encore meilleur. Du coup, malgré la modestie de ses moyens, le SC Freiburg paraît quasiment assuré de repartir pour une troisième saison d’affilée en Bundesliga en août prochain. Et peut même rêver à une troisième participation à la Coupe d’Europe de son histoire. S’il y parvenait, Robin Dutt ne serait plus seulement un magicien mais carrément un dieu.
Départ : Banovic (Duisburg).
Arrivée :

Bayern Munich (5e, 29 points)

Le Bayern se doutait bien qu’avec une préparation raccourcie par la Coupe du Monde et pas mal de blessés, dont l’indispensable Robben, son 1er tour s’annonçait compliqué mais sans doute pas à ce point. Il serait trop long de faire ici l’inventaire des polémiques qui ont émaillé l’automne bavarois, disons simplement que, comme chaque fois que le Bayern n’est pas leader de la Bundesliga, le FC Hollywood est revenu sur le devant de la scène avec des dirigeants, joueurs et entraîneur qui n’hésitent pas à étaler leurs divergences sur la place publique. En début de saison, c’est l’attaque des Rekordmeister qui était grotesque ; puis, Mario Gomez a retrouvé le chemin des filets (12 buts entre la 8e et la 17e journée) mais c’est la défense qui a alors flanché, avec un duo van Buyten – Demichelis complètement hors du coup. Louis van Gaal a multiplié les essais pour tenter de relancer son équipe mais incontestablement la décision de ne pas recruter l’été dernier au motif que le contingent était largement au-dessus du lot était une erreur.
Reste qu’au final, malgré tous ses soucis, le Bayern a bien limité les dégâts, grâce notamment à une bonne fin de 1er tour. N’eusse été le parcours stratosphérique du Borussia Dortmund, les Rekordmeister feraient figure de principaux favoris à leur propre succession puisqu’ils devancent tous les autres favoris, sauf Leverkusen, qui n’a que quatre points d’avance. En 2012, la finale de la Ligue des Champions aura lieu à Munich et le président Ueli Hoeness a promis lors de l’assemblée générale du club que le Bayern serait présent. Ce qui implique pour commencer de se qualifier pour la C1, soit de terminer dans les trois premiers du présent championnat (ou alors de gagner la Ligue des Champions mais ça paraît un peu aléatoire…). Avec le retour des blessés et des stars un peu plus reposées, à l’instar d’un Müller, très décevant au 1er tour, le Bayern devrait parvenir sans trop de soucis à assurer sa place sur le podium. Pour le titre en revanche, les 14 points de retard sur Dortmund vont être difficiles à combler. Pour avoir une chance, il faudrait que les Munichois réussissent un parcours presque sans faute et on est pas vraiment sûr, même avec Robben, qu’ils en soient capables : le poste de gardien titulaire entre l’ancien Butt et le jeune Kraft fait toujours l’objet d’une vaste polémique, alors que la défense centrale n’a pas reçu les renforts escomptés, l’arrivée du milieu de terrain Luiz Gustavo pouvant laisser supposer que van Gaal a l’intention de continuer avec la solution de fortune consistant à reculer Tymoschuk en défense centrale aux côtés de Breno ou Badstuber : pas vraiment de quoi imaginer un deuxième tour parfait mais plutôt quelques sympathiques polémiques si les Rekordmeister ne reviennent pas rapidement dans le trio de tête.
Départ : Alaba (Hoffenheim), Demichelis (Malaga).
Arrivée : Luiz Gustavo (Hoffenheim).

Écrit par Julien Mouquin

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2 Commentaires

  1. Je vois le Bayern champion avec 1 point d’avance grâce à un retournement de situation à la dernière seconde de la dernière journée… comme ça les fans du BVB auront un point commun avec ceux de Schalke… (big LOL)

  2. Prono pas à la con……..BVB CHAMPION sans problème la machine est lancée ,je vois par contre un excellent 2 eme tour de Werder(si ils font pas les cons en défense….)et Bien sûr aussi EINTACHT BRAUNSCHWEIG CHAMPION de troisième BUNDESLIGA ………

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