Servette sauvé, Lausanne dans la tourmente

En remportant un derby lémanique animé, le Servette FC a définitivement assuré son maintien. En revanche, le Lausanne-Sport, en perdant à La Chaux-de-Fonds et Genève, a grillé tous ses jokers. Les Lausannois se retrouvent directement sous la menace de la barre, qui n’est plus qu’à deux points, et vont au devant d’un calendrier difficile lors des trois dernières journées. Attention, danger !

Les abords du stade de la Praille sont glauques en ce lundi pluvieux. Les rues sont désertes entre voies de chemin de fer, entrepôts, autoroute, grillages et chantiers. Difficile d’imaginer que va se tenir là dans quelques minutes le derby entre les deux plus grands clubs du football romand, Servette et Lausanne (24 titres à eux deux, il faudrait que Sion et Xamax se partagent tous les titres durant les 20 prochaines années pour pouvoir rivaliser !). Cet environnement morose donne aux supporters lausannois un aperçu, les mauvaises odeurs en moins, de ce que sera leur quotidien si le nouveau stade du LS se construit comme projeté dans le no man’s land de la Bourdonnette.

Un match le lundi ? Une idée intéressante !

A l’intérieur du stade, l’ambiance n’est pas beaucoup plus gaie. La faute à la programmation du match un lundi soir, diront certains. Au risque de rompre la belle unanimité qui règne contre ces matchs le lundi, je pense que l’expérience mérite d’être tentée. De toute manière, la LNB (ou quel que soit le nom dont on l’affuble) peut difficilement être plus moribonde qu’elle ne l’est actuellement. Et le lundi est sans doute le seul jour où la 2e division a une chance d’acquérir un peu de visibilité dans un paysage footballistique saturé. Ce n’est pas pour rien que nos voisins allemands et français programment toujours les affiches phares de la 2e division au lundi. Avec un certain succès, surtout en Allemagne où la Zweite Liga est en train de pulvériser tous les records d’affluence. Alors donnons une chance à cette nouvelle formule plutôt que de pousser des cris d’orfraie parce que nos petites habitudes sont bousculées.


Duel entre Drago et Bratic

De toute façon, vu le classement des deux équipes, on pouvait difficilement s’attendre à une affluence plus conséquente. Cela fait un certain temps que le Servette FC peine à attirer les foules aux stades, c’est d’autant plus vrai depuis que, tout récemment, les Genevois ont découvert l’existence d’un sport nommé hockey sur glace. Comme toutes les modes, ça passera : aux premières difficultés sérieuses, les «Genève Servette joue en jaune» retentiront à nouveau aux Vernets mais d’ici là le foot traverse des heures difficiles au bout du Lac Léman. Le dernier carré des fidèles qui avaient choisi de passer leur lundi soir à la Praille n’ont néanmoins pas regretté le déplacement. Si le match a souvent manqué de rythme, il s’y est au moins passé pas mal de choses.

Départ sur les chapeaux de roue

Tout a débuté avec un cafouillage devant le but lausannois qui a permis à Kusunga d’ouvrir le score. L’égalisation vaudoise n’a pas tardé avec un coup franc lointain de Bugnard, meilleur lausannois dans ce derby, au ras du poteau. Avec la complicité du portier genevois Marques, curieusement placé derrière son mur. On jouait depuis moins de dix minutes ! Servette a repris l’avantage juste après que Balthazar eût galvaudé l’occasion de porter le LS en tête au tableau d’affichage. L’intenable Yoda a pu centrer en toute quiétude pour Vitkieviez qui a imparablement trompé Favre. Où était le latéral droit lausannois en cette occasion ? Ce n’est certainement pas avec ce genre de «marquage» que la cote de popularité de Barroso va remonter auprès des supporters lausannois. La réaction vaudoise a tardé à venir ; il faut dire que le LS a pâti de la contre-performance de ses trois éléments les plus offensifs, Drago, très discret, Mauro et Balthazar, manifestement peu concernés. Difficile dans ces conditions de mettre sous pression une équipe genevoise qui s’est rapidement contentée de cet avantage au score et repliée devant sa surface de réparation, ne laissant que les seuls Moukoko et N’Tiamoah en pointe.

Une égalisation inutile

Si l’entrée en jeu de Pasche pour Balthazar à la pause a apporté un léger mieux dans la manœuvre lausannoise, les joueurs de Thierry Cotting ont peiné à inquiéter la défense genevoise. Il y a bien eu un tir de Drago difficilement stoppé par Marques en début de 2e mi-temps, mais ça s’arrête un peu là. C’est néanmoins de façon méritée que les Lausannois ont égalisé car ce Servette minimaliste ne méritait pas vraiment la victoire. Malacarne a repris un corner de Pasche pour offrir le but de l’égalisation au LS.


Eli tente de stopper Pizzinat 

Ce but a fait réagir les Grenats qui se sont enfin décidés à aller un petit peu de l’avant. Ce soudain allant offensif a été rapidement récompensé : un tir dévié, Moukoko est le plus prompt à réagir et donne, définitivement cette fois, l’avantage à ses couleurs. Sur le moment, on croit au hors-jeu mais il semble bien qu’Ebe sur son flanc gauche coupait et que le but est parfaitement valable. Ce n’est donc pas sur cette action que le LS pourra déposer protêt, recourir à la Cour européenne des droits de l’homme, saisir le conseil de sécurité de l’ONU, demander l’annulation du championnat, la promotion en LNA et une qualification en Coupe Intertoto à titre de dédommagement pour tort moral.

Un calendrier difficile

Au final, le succès de Servette est un brin flatteur car les Genevois ont marqué deux buts de raccroc et se sont contentés du strict minimum. Mais, contrairement au LS, les Grenats avaient dans leurs rangs des joueurs capables de faire la différence et d’être tranchants dans les 20 derniers mètres, à l’instar de l’excellent Yoda, qui a scellé le score sur un exploit personnel. Et la défense lausannoise s’est montrée beaucoup trop laxiste pour prétendre à mieux. Le LS paraissait sauvé après la victoire à Wohlen mais les deux défaites et les huit buts concédés à la Chaux-de-Fonds et Genève le replace en pleine tourmente. Avec Wil, Gossau et Yverdon au programme des trois dernières journées, les Lausannois doivent affronter des clubs encore concernés par la promotion ou la relégation. Il faudra donc aller conquérir de haute lutte les points nécessaires au maintien.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Servette FC – Lausanne-Sport 4-2 (2-1)

Stade de Genève, 2011 spectateurs.
Arbitre : M. Zimmermann, assisté de MM. Erhard et Gil.
Buts : 4e Kusunga (1-0), 9e Bugnard (1-1), 26e Vitkieviez (2-1), 81e Malacarne (2-2), 83e Moukoko (3-2), 88e Yoda (4-2).
Servette : Marques ; Kusunga (73e Ratta), Pizzinat, Girod, Bratic ; Vitkieviez (86e Lonfat), Bouziane (79e Londono), N’Diaye, Yoda ; N’Tiamoah, Moukoko.
Lausanne : Favre ; Barroso, Malacarne, Eli, Ebe ; Drago (67e Pedro), Basha, Balthazar (46e Pasche), Rey, Bugnard ; Mauro (92e Thurre).
Cartons jaunes : 11e Rey, 23e Mauro et Girod, 53e Pizzinat, 84e Barroso.
Notes : Servette sans Boughanem (suspendu), Guilloud, Tréand, Pont, Celestini, Nzay ni Dubois (blessés), Lausanne au complet, Malgioglio, Carrupt, Lacroix et Virlogeux n’ont pas été convoqués.

Écrit par Julien Mouquin

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11 Commentaires

  1. Bon article mais bon je pense quon ne peut pas comparer la friche industrielle de la Praille avec le « no mans Land de la Bourdonnette »…y a un monde de différence quand même …

  2. Deux petites remarques. Tout dabord, vouloir comparer les affluences de la D2 allemande avec lhelvète relève de léquilibrisme. LAllemagne est un pays de foot, pas la Suisse. Sincèrement, chez nous, qui veut voir un Servette-Gossau ou un Winterthour-Wohlen quand le dimanche il a pu voir un match de LNA, et que le mardi et le mercredi, il aura droit à la Pognons League, pardon la Champions & Friends League, suivie si entente de la Coupe UEFA le jeudi ? De plus, les clubs ne touchent rien. Ce nest pas avec deux malheureux directs par saison que les clubs pourront attirer des sponsors de plus grande envergure que le restaurant Rössli ou le Garage du Lac, mais avec une vraie couverture télévisée tous les week-ends, des résumés de toutes les parties. Là, les sponsors pourront sintéresser à cette ligue. Mais cette solution des matches le lundi ne sert à rien, si ce nest à pénaliser les fidèles, en plus des clubs qui perdent ainsi de largent.
    Quant à dire que Servette ne méritait pas vraiment la victoire, je trouve cela exagéré. Les grenats ont été globalement supérieurs dans les occasions et dans le jeu, hormis une 20e de minute en seconde période.

  3. Si il faut a tout prix jouer le match televise lors dune plage horaire sans trop de concurrence, pourquoi ne pas tenter le samedi a 12h30, beaucoup moins problematique pour les supporters visiteurs et meme ceux a domicile. Avec une offre du club sympa au niveau restauration, ca pourrait marcher…

  4. Jai manqué lexplication rationnelle de lauteur concernant sa détestation du projet de stade à la Bourdonnette. Ca fait 50 ans que les Lausannois se les gèlent à la Pontaise en rêvant de stade au bord du lac.

    Perso, je trouve le projet plutôt juste, et même un peu modeste. Et je vois pas vraiment lintérêt de reconstruire à la Pontaise un stade de football (et non dathlétisme) avec les ajouts commercialement nécessaires que sont la piscine et le centre commercial…

    Quant aux odeurs, elle seront larme fatale du futur LS, stade de la Bourdonette, citadelle imprenable et nauséabonde

  5. Comme dhab, lhumour de Julien Mouquin fait mouche : « Ce n’est donc pas sur cette action que le LS pourra déposer protêt, recourir à la Cour européenne des droits de l’homme, saisir le conseil de sécurité de l’ONU, demander l’annulation du championnat, la promotion en LNA et une qualification en Coupe Intertoto à titre de dédommagement pour tort moral. »
    Excellent.Quand on voit ce qui est en train de se passer « juste à côté » sur CartonRouge.ch, cest-à-dire la foire dempoigne suscitée par les articles de Psyko et Gary Romain à propos du ridicule protêt déposé par Constantin, ça fait du bien de lire cette jolie formule de Julien qui, en une phrase démonte avec finesse et humour la stratégie de lignoble dictateur valaisan.
    Bravo.

  6. Les amateurs grenat éclairés peuvent-ils quantifier la baisse daffluence due au fait que le match ait été déplacé au lundi ? En plus (même si la Ligue ny peut rien) il faisait grand beau ce WE… Je pense que 1000 personne manquaient à lappel. A 25 frs la place en moyenne ?

  7. Selon notre webmastre au club, un manque a gagner tournant autour des 30000 balles. Quand tu sais que tout ce que tu recois cest 50000 balles, par saison…

    Si on avait eu les points necessaires pour etre tranquille, on aurait du faire comme FC United en Angleterre qui avait du deplacer un match a cause dun site qui passe des match de D7 locale, envoyer les reserves et demander aux supporter de boycotter le match…

  8. Vraiment difficile à dire. La météo a en plus joué un sale tour, mais bon, avec la meilleure mauvaise foi du monde, on ne peut pas trop coller ça à I.Sot et ses sbires. Il y a la perte de recettes des caisses, mais aussi des buvettes, voire des gadgets. 30000, ça me parait un minimum. Mais au passage, on perd aussi loccasion de nous réconcilier avec une partie du public genevois qui boude cette saison catastrophique à bien des égards, même si sportivement, on sen sort finalement bien.

  9. Avoir une exposition médiatique grace à un nouveau créneau horaire cest bien. Mais se rappeler que le foot nest pas quune affaire de buisness et doit rester populaire cest mieux.

    supporter du FC nantes en France, eurosport a souvent décalé le match de mon équipe le lundi.

    Résultat des courses : Il est difficile de sorganiser pour suivre son équipe en déplacement le lundi. TOut le monde ne peut pas poser de congé systématiquement…

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