Le retour du Madridisme, la mort du Galactisme

La saison 2007/08 a été celle de la renaissance pour le Real Madrid, vainqueur dimanche dernier de son 31e titre de champion d’Espagne, le deuxième de suite. Comment puis-je parler de renaissance alors que, comme je viens de l’écrire, le club merengue avait déjà mis fin à sa période de vaches maigres l’an dernier sous la houlette de Fabio Capello ? Tout simplement parce que le parcours madrilène durant cet exercice a ressuscité un concept, une institution, un mythe. Celui du Madridisme.

L’engagement de Capello il y a deux printemps de cela avait tout d’une mesure d’urgence. Sans titre de 2003 et une bien modeste Supercoupe d’Espagne à 2007, le géant blanc s’était bien trop longtemps fourvoyé dans sa politique dite des Galactiques. Ces joueurs qui, pour bon nombre d’entre-eux, n’avaient de galactique que le salaire et l’égo.

Renaissance en deux temps

Capello était alors l’homme de la situation. Rigueur, intransigeance, discipline, on connaît bien les caractéristiques des équipes dirigées par le maître transalpin. Seulement, le style purement incompatible avec la tradition de jouerie du Real prôné par le nouveau sélectionneur des sujets de sa Majesté rendait cette solution éphémère et non pertinente sur le long terme.
Car, dans la capitale espagnole (comme à Barcelone d’ailleurs), les résultats ne suffisent pas. Le spectacle doit être au rendez-vous. Ayant accompli de petits miracle à la tête de Getafe, Bernd Schuster s’imposa de lui-même. Profitant de l’assainissement effectué par Capello, l’ancien international allemand a pu développer un jeu à nouveau tourné vers l’avant, sans pour autant balayer d’un seul coup l’assise défensive solide née de la patte de son prédécesseur. Le résultat est venu tout seul.

Moins de divas, plus de travailleurs et de solidarité, un effectif équilibré, voilà la marque de fabrique du Real Madrid de cette saison. Certes, il y a eu le couac contre la Roma en Ligue des Champions. Mais, arrivé à ce stade de la compétition, une élimination n’a rien d’une honte compte tenu du niveau de jeu élevé de tous les acteurs

S’appuyer sur les cadres

La campagne de transferts s’est voulue sobre. Le Real a renforcé ses couloirs (Robben, Drenthe et Sneijder), a relancé un déçu du Barça (Saviola) et a stabilisé son arrière-garde (Pepe et Heinze), tout en continuant à miser sur des valeurs sûres enclines à se mettre au service du groupe et non pas de leur propre gloriole (Sergio Ramos, Cannavaro, Higuain, Gago, Van Nistelrooy, Julio Baptista et Robinho).
Le retour de la stabilité et de l’état d’esprit positif qui avait fait la force de l’équipe à la fin des années 90 et au début des années 2000 a permis à certains cadres, souvent écrasés par le passé par le carnaval des Galactiques, de retrouver la plénitude de leurs moyens. Raul, Guti et Casillas en tête. Dire que le mythique numéro 7 merengue, auteur de 22 buts cette saison, et son acolyte du milieu de terrain pourraient ne pas être retenus par l’anti-madrilène avéré Luis Aragones pour l’Euro…
L’excellent portier de la maison blanche revenait ces derniers jours dans un magazine français sur les années noires du club ridiculement galactique, ou galactiquement ridicule, c’est selon. «Plusieurs joueurs avaient le droit de ne pas défendre. Pour nous, derrière, c’était la misère.» Ou encore : «Il se passait des choses dans le vestiaires qui me choquaient. Chacun jouait pour lui et non pour l’équipe.»

Apprendre de ses erreurs

Aujourd’hui, après une cure de désintoxication douloureuse auprès du Dr Capello et le travail sain de Bernd Schuster, le Real Madrid va mieux. Tous ses membres défendent et attaquent en bloc. Même les Robben, Robinho, Higuain et autre Sneijder mettent la main à la pâte. Le Madridisme est bel et bien de retour.
Et, comme le club merengue reste une valeur financière sûre (puisque les milliards qu’ils doivent au fisc espagnol ne posent de problème à personne dans la péninsule) malgré la difficile comparaison avec les clubs anglais, il y a fort à parier que le recrutement à l’intersaison sera efficace. On parle déjà de la perle de Valence David Villa. Kaka est toujours un objectif prioritaire. On va peut-être relancer Fabregas et Reyes, des transferts qui avaient échoué l’été dernier.
Reste à ne pas retomber dans la spirale négative du «tout pour les stars et le merchandising, rien pour l’équilibre du groupe» qui a conduit la formation madrilène à la catastrophe. Or, on le sait bien, tout le monde n’arrive pas à apprendre des erreurs du passé.

Écrit par Psyko Franco

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6 Commentaires

  1. Le titre du Real, cest fait. (Et quelle fête ce fût sur la place des Cibeles. Grandiose!)
    Le 4ième titre de Rafa à Paris nest quune formalité.
    Pour compléter le tout, il suffit que Lespagne remporte lEuro 2008.

    Et là, je serais un homme heureux!

    VIVA REAL, VIVA RAFA et VIVA ESPAÑA!

  2. Enfin un article sur le Real et sur le foot espagnol de bonne qualité!! Bravo à Psyko Franco, car on voit que tu parle du Real en connaissance de cause, vraiment très bien écrit! ON sent que tu te connecte sur marca.com et as.com tous les soirs ( comme moi lol) Sinon comme le dit Gambas al ajo, jsuis sur que cette année 2008 va être celle de lEspagne sur le plan spotif: lEuro, Nadal, Pedrosa et Lorenzo, etc.. dommage que la spanish Liverpool se soit fait sortis par cette fausse équipe de milliardaires habillés en schtroupf. Bref, que de succès pour los españoles que se lo merecen! Merci a carton rouge pour sintéresser quelque peu au championnat espagnol, continuez comme ça!

  3. Félicitations pour votre article qui prend toute sa valeur après le superbe Clasico de hier soir !! le Barça a été executé par le collectif de Real qui fait tant plaisir à voir quand il joue comme ça et qui rappelle les glorieuses années Galactique quand ça « tournait » !! Après ces 2 titres consécutifs, il faut conclure en C1 lannée prochaine… Je craint malheureusement pour lespagne qui, comme à son habitude, risque de manquer de liant à lEuro malgré les meilleures joueurs sur le papier..surtout si Aragones ne sélectionne pas les madrilènes qui pourraient donner le boost manquant à cette équipe..mais on y croit quand meme !! Bravo à Julen Guerrero pour le petit nom trouvé aux joueurs de Chelsea..(fausse équipe de milliardaire habillés en schtroumpf)..javoue que ça ma bien fait rire.. En tous les cas, de cette confrontation intergalactique entre le Real et le Barça, il en ressort que nous sommes tous gagnant peut importe de quel côté on se trouve, puisque une fois encore, ce nest pas tel ou tel club ou joueur qui en sort grandi mais belle est bien la planète foot..devrais-je dire la religion foot…

  4. Petite Pub. Avec mes potes du FC Montcherand, nous avons fait un « camp dentraînement » très intensif à Madrid avec, bien entendu, un match dans le superbe Santiago Bernabeu. Pour ceux qui voudraient en faire de même, le site http://www.madrid-tickets.net vous permet de commander facilement des billets pour un groupe important en nombre et en qualité, cela va de soit. Ca marche bien, pas darnaque et les billets sont livrés à lhôtel. Lauberge de jeunesse « Los Amigos Sol », Calle Arenal 26 au centre de Madrid est parfait pour ce genre de préparation axée sur lendurance nocturne. EUR 18.00 par nuit. Sortie magnifique. A part ça, désolé, ça va être lannée à Roger et aux Köbis Boys (on a bien le droit de rêver).

  5. « Ces joueurs qui, pour bon nombre dentre-eux, navaient de galactique que le salaire et légo. »

    tu exagères un peu… Zidane, Figo, Ronaldo… au-delà de leur salaire et de leur égo, ils font partie des 20 ou 30 meilleurs joueurs de lhistoire…

    « On va peut-être relancer Fabregas et Reyes »

    faute de frappe, peut-être ? 😉

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