Tous contre Bulat Chagaev

Celui qui a piqué la vedette à Christian Constantin se profile comme le grandissime favori de cette élection. Face à lui se dressent le footballeur le mieux payé du monde, la tête à claques de France Télévisions, le président du club honni de toute l’Allemagne, l’attaché de presse de CC ainsi que le Julien Sprunger du riche. Qui mérite d’être sacré Pigeon d’Or du mois d’août ? Tu as jusqu’au mercredi 21 septembre pour voter !

Bulat Chagaev

On était presque prêts à faire preuve de magnanimité et à laisser encore un peu le bénéfice du doute à Bulat Chagaev. Mais les derniers rebondissements du feuilleton xamaxien ne nous laissaient plus guère le choix. Il faut dire que, depuis le début, on n’a jamais vraiment cru au projet Bulat Chagaev avec ses motivations douteuses, ses relations troubles et l’étendue incertaine de sa fortune. Et le mécène (?) tchétchène n’a rien fait pour rassurer, en débutant son mandat par un esclandre dans les vestiaires en finale de la Coupe de Suisse. Si la première vague de licenciement pouvait à la limite s’expliquer par une volonté de rupture par rapport à la peu glorieuse ère Bernasconi, on est vite tombé dans le ridicule lorsque Bulat Chagaev a commencé à virer les gens qu’il avait lui-même engagés quelques semaines, voire jours, plus tôt, pour des motifs tenant souvent de la pure paranoïa : Anderson, Ciccolini, Ettori, Galatto, Rudakov, Danese… Quant aux sponsors locaux, ils ont été éconduits avec mépris car «ne correspondant pas à la nouvelle politique du club», quelques semaines avant que ce même club n’adresse un appel à l’aide à mille entreprises du canton.
Au niveau recrutement, l’homme à la veste en daim n’a pas non plus tenu ses promesses, les rumeurs fantaisistes ne se sont pas confirmées et l’effectif est bien loin d’être en mesure de viser la Ligue des Champions promise. Il faut dire que la marge de manœuvre des Neuchâtelois a été considérablement réduite par le gaspillage inconsidéré des licences étrangères en début de saison. Il en résulte un effectif complètement déséquilibré où quelques jeunes en manque de temps de jeu et les derniers rescapés de l’ère Bernasconi-Urfer côtoient quelques «stars» sur le retour aux émoluments que l’on imagine suffisamment somptuaires pour décourager tout repreneur éventuel du club. Et pourtant, l’entraîneur espagnol Joaquim Caparros semblait en passe de former une véritable équipe avec ce contingent hétéroclite mais, suite aux récents événements, le divorce paraît proche entre Bulat Chagaev et celui dont l’engagement constituait la seule lueur d’espoir dans l’horizon morose de Xamax.
Et les derniers rebondissements de ce pathétique vaudeville, avec des rumeurs d’irruption de gardes armés dans les vestiaires, de dettes impayées, de contrats de sponsoring non honorés ou de retrait intempestif à cause des méchants journalistes laissent à penser que l’épilogue de l’ère Chagaev n’est déjà peut-être déjà pas très lointain. Un Pigeon d’Or pourrait donc bien constituer le seul trophée que l’inénarrable Tchétchène peut espérer gagner avec Xamax ; le cas échéant, on se réjouit déjà d’aller le lui remettre

Samuel Eto’o

«Non, ce n’est pas pour l’argent». Telle fut la «défense» de Samuel Eto’o Fils quelques instants après l’officialisation de sa signature à Anzhi Makhachkala… Et là, on touche aux limites de la pigeonnisation. C’est donc à toi, cher lecteur, de déterminer si la nomination du Camerounais est justifiée. Peut-on décemment glaner un Pigeon d’Or pour avoir accepté de devenir le joueur de football le mieux payé de la planète ? Est-ce juste de mettre une telle sanction à un type qui a assuré le survie de Samuel Eto’o Petit-Fils, de Samuel Eto’o Arrière-Petit-Fils, de Samuel Eto’o Arrière-Arrière-Petit-Fils, de Samuel Eto’o Arrière-Arrière-Arrière-Petit-Fils et j’en passe sur une trentaine de générations ?
On parle quand même d’un type qui a tout vu (Real Madrid, Barcelone, Inter Milan), qui a tout gagné (championnats d’Espagne et d’Italie, Ligue des Champions, champion olympique, Coupe d’Afrique des Nations…) et qui, à 30 ans, se voit proposé le plus gros goinfrage de l’histoire du ballon rond… Eto’o aurait pu rester à l’Inter ou rejoindre un club de la Premier League, il a préfère les millions faciles et une fin de carrière dans l’anonymat le plus total. Comme tant d’autres. Il va donc finir sa brillante carrière au Daghestan (enfin, il ne fera qu’aller y jouer toutes les deux semaines, le reste, il les passera dans un palace de Moscou, ou dans un avion pour parcourir ce grand et beau pays), ne fera pas rêver grand-monde et aura toute sa retraite pour contempler son compte en banque.

Gérard Holtz

Gérard Holtz fait décidément tout pour tenter de quérir le Graal : un Pigeon d’Or qu’il mérite chaque année un peu plus. Et même ses collègues de France Télévisions s’y mettent ! Franchement, pour faire un métier comme Gérard Holtz dans la vie, il doit falloir se gaver d’amphétamines. A chaque étape du Tour de France, le lutin hyperactif de France 2 arrive à s’exciter pour un grand-père qui construit des minuscules maisons en bois, pour un garçon qui a une casquette verte ou pour un type qui joue de l’accordéon au bord de la route. C’est mignon, mais à la longue c’est lourd.
En prime, sur l’édition 2011 de la Grande Boucle, Monsieur «vive le sport sur Antenne 2» a un temps pu se croire sur son Paris-Dakar adoré. Lors d’une «spéciale», deux vilains cyclistes ont décidé de se jeter sur une voiture de France Télévisions, histoire de lui ruiner sa bonne moyenne. Scandale ! Mais comme Gérard est un type sympa, il n’en a pas voulu à Juan Antonio Flecha ou à Johnny Hoogerland. La preuve ? Il a passé le reste du Tour à occulter l’accident. France Télé est même allé jusqu’à retirer ces images de la récapitulation des chutes de l’épreuves.. Bravo les gars ! En pigeondorisant l’homme à la barde de trois jours et au brushing parfait, c’est donc toute une clique de journaleux franco-franchouillards qu’on te propose de condamner. Ceux qui pourrissent chaque événement sportif sur les chaînes françaises par leur beaufitude et cocorico à tout-va.

Dietmar Hopp

Dietmar Hopp est le fondateur de la société SAP. Alors si ton entreprise utilise son logiciel et que tu t’es déjà pris la tête avec, cela fait une première bonne raison de voter pour le milliardaire allemand. Car SAP a rapporté beaucoup d’argent à Dietmar Hopp, de l’argent qu’il s’est mis en tête d’investir dans un club de foot. Et pas n’importe quel club, Hoffenheim, un club de 7ème division sans histoire, sans tradition et sans public. Vingt ans et 250 millions plus tard, Hoppenheim débarquait en Bundesliga avec une arrogance qui en a rapidement fait la bête noire des supporters de toute l’Allemagne. Pour ne rien arranger à son cas, à l’instar d’autres nababs bien connus chez nous, Dietmar Hopp a tendance à croire que son pognon le met au-dessus des règles : Hoffenheim a déjà trempé dans quelques polémiques sur des violations des règlements en matière de contrôles anti-dopage ou de transferts.
Mais le dernier scandale touchant Hoffenheim est plus original : lors d’un récent Hoffenheim – Dortmund, une sirène haute fréquence potentiellement dangereuse pour la santé a été utilisée sous le bloc réservé aux supporters adverses pour couvrir les chants hostiles à Hoffenheim et à son mécène. Résultat : onze plaintes pénales pour lésions corporelles, la police qui saisit l’engin et un scandale national lorsqu’il s’est avéré que la sirène avait déjà été placée là lors d’autres matchs. Et qu’il ne pouvait donc pas s’agir d’un acte isolé d’un employé du club trop zélé, puisque plusieurs membres de la sécurité tournaient autour. Hoffenheim a d’abord fait profil bas mais pas Dietmar Hopp. Lequel a publiquement pris la défense de ses employés, fustigé les chants hostiles à son égard et larmoyé que sa mère était quelqu’un de très bien et qu’elle n’avait pas à voir sa vertu remise en cause chaque week-end. On veut bien le croire mais si Dietmar Hopp n’est pas prêt à subir quelques malheureux quolibets de supporters, il aurait dû investir dans la voile ou dans le golf, pas dans le foot.

Nicolas Jacquier

Quand tu travailles au Matin, le but suprême, c’est manifestement de travailler à la rubrique people et de relater le dernier mariage princier, commenter la dernière tenue de Lady Gaga ou commérer sur les amourettes de Justin Bieber. Mais comme le journal ne peut pas se constituer uniquement de people, il faut bien que quelques malheureux se coltinent des rubriques bien moins attractives, style politique, actualités ou sport. Alors le grand défi, c’est d’arriver à trouver des personnalités, généralement valaisannes, pour faire du people, même dans ces rubriques là : la politique a Christophe Darbellay, les actus Bernard Rappaz et les sports Christian Constantin. Il ne se passe quasiment pas un jour sans que Nicolas Jacquier ne nous relate les moindres faits et gestes du dictateur de Tourbillon : Christian Constantin fait de la randonnée, Christian Constantin mange une choucroute, Christian Constantin s’achète un nouveau jouet (avion, voiture ou, mais moins intéressant, joueur)…
Evidemment, quand on tient un sujet aussi prolifique, il s’agit de ne pas le froisser, pour éviter de se voir fermer les portes du nouveau jet ou du bureau de la Porte d’Octodure. Alors, Le Matin et Nicolas Jacquier relayent largement la bonne parole du Messie. Si l’on n’avait pas d’autres sources d’information que la bible orange, on serait presque tenté de croire que le FC Sion subit réellement des fautes d’arbitrage à répétition ou est la victime – et non le seul et unique coupable – dans le sinistre vaudeville juridique qui l’oppose au reste du monde. Cela dit, on reconnaîtra au moins à Nicolas Jacquier et au Matin une certaine constance dans leur traitement du foot romand, complaisant avec Sion, sans concession avec Xamax ; il en va tout différemment avec l’équipe de Suisse où Nicolas Jacquier a réclamé la démission d’Ottmar Hitzfeld quelques mois après avoir loué les méthodes miraculeuses du «sorcier blanc» ou fustigé la retraite de Frei et Streller peu après avoir exigé leur départ. Finalement, il vaut peut-être mieux en rester au récit des dernières vacances de Christian Constantin au Kilimandjaro.

Roman Wick

Blindenbacher, von Arx, Riesen, Simek… Énumérer tous les hockeyeurs helvétiques qui ont foiré leur expérience nord-américaine prendrait sans doute trois semaines. Si certains n’avaient clairement pas le talent pour pouvoir espérer autre chose qu’un rôle de manoillon dans une quelconque ligue régionale, d’autres ont préféré jouer les stars en négligeant travail et volonté afin de se faire une place dans une équipe de la Ligue Nationale. En rejoignant Kloten cet été après une expérience d’une année (!) outre-Atlantique, Roman Wick fait clairement partie de cette seconde catégorie.
Pourtant, le garçon avait du potentiel. Évoluant au sein des Binghampton Senators, le club ferme d’Ottawa, le Zurichois a compilé une fiche de 42 points en 70 matchs et a même remporté la Calder Cup, équivalent de la Stanley Cup en AHL ! Ces excellentes performances lui ont même permis de jouer 7 rencontres avec Ottawa. Pour une première saison, le bilan fut très prometteur.
Las, comme tant d’autres, Roman Wick a préféré suivre le chemin classique du Suisse moyen qui n’a pas les épaules assez larges ni le mental assez fort pour consentir aux sacrifices nécessaires et espérer ainsi faire partie intégrante d’une organisation de NHL. L’aviateur a donc préféré revenir chez lui, à la maison, signer un contrat de longue durée avec plein de zéros et ainsi mener une suite de carrière bien pépère sans trop faire d’efforts. Forcément, cette attitude de loser patenté est bien plus bandante que de faire une septantaine de matchs avec des déplacements de malades jusqu’au fin fond du Texas tout en étant payé 10 fois moins qu’en Suisse et sans garantie de succès.
Car il y a là un gros problème de mentalité. Chaque jeune, les étoiles plein les yeux, rêve de jouer en NHL sans se douter des efforts à fournir pour y parvenir. Formé dans un cocon aseptisé, pilier d’un système aux salaires indécents, il ne possède pas les armes pour faire face à un monde idéalisé, mais doté d’un parcours miné pour y parvenir. Il finit donc par lâchement baisser les bras sans même avoir lutté. Comme l’a fait Roman Wick et comme l’ont fait tant d’autres avant lui.

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.