HC Red Ice : l’armée rouge débarque sur la Bâtiaz !

L’attente fut presque aussi longue qu’une soirée arrosée dans les méandres du Comptoir, mais après quatre rebutantes saison dans les purgatoires de la 1re ligue romande, l’équipe des Red Ice de Martigny est de retour dans la sous-élite du hockey Suisse. Si Viège semble être l’intouchable rival cantonal, le club de la cité du soleil (dont la patinoire est la risée de toute la Suisse) n’a qu’à bien se tenir car une bouffée de bon air sibérien souffle favorablement depuis quelques saisons au sein du club cher à l’inégalable René Grand. Coup de projecteur donc sur le renouveau du club russo-valaisan qui compte bien remplacer faucille et marteau par travail et patience sur et autour des glaces de ligue B.

Le changement c’est mainant

Le premier changement épatant au sein du club (hélas, pas de nouvelle patinoire pour ceux qui salivaient déjà !) réside dans une volontariste politique de communication définie par l’habile directoire de la Perestroïka martigneraine (Andrei Nazikhin et Vincent Maret) et relayée par leur dynamique nouveau chef de la communication Gregory Joly (dont on vous présentera sans faute le profil dans un prochain article). Dès lors, aussi opportuniste qu’un Derdiock sous Viagra,  Carton Rouge n’allait pas se gêner pour partir à la recherche de certaines exclusivités qui de toute façon n’intéresseraient ni le Nouvelliste ni Rhône FM, medias vraiment obnubilés par les péripéties sportives (?) du FC Sion et du HC Caldelari.

Cette rafraichissante politique de communication vise avant tout la reconquête du public de la «ville à Pascal» et de la «vallée à Collombin», dans le but avoué de renouer avec le slogan des années nonante: «Martigny, ville de hockey». En sus d’atteindre un objectif radicalement conservateur de 1’300 spectateurs de moyenne par match, les dirigeants de l’ex-Cité Romaine espèrent véritablement fidéliser ce public avec le but assez ambitieux de vendre près de 1’000 abonnements pour cette saison de Ligue B (d’après nos infos, plus de la moitié se seraient arrachés à ce jour!). En outre, afin de titiller les envies des amateurs de sueur froide, les GO des Red Ice vont tenter de rendre les matchs un peu plus évènementiels en organisant différentes animations à chaque rencontre afin de subrepticement attirer au Forum la gente féminine (venue des Chippendales?) ainsi que les familles (spectacle de clowns, eux qui rodent à profusion à travers Martigny).
L’efficace machine marketing du club mettra également l’accent sur la promotion des matchs grâce à des campagnes d’affichages mettant en valeur des thèmes spécifique aux équipes visiteuse (on se réjouit de découvrir la culture Ajoulote !). Ce type de promotion plutôt traditionnel sera également relayée sur certains réseaux sociaux (Facebook et Twitter) afin de permettre aux surfeurs locaux de vivre la vie du Club en instantané…ou presque. De plus, quand on sait que le site internet du club va être remis au goût du temps (enfin, quand je dis ça, je dis rien) et que tous les matchs à l’extérieur seront couverts sur la Red Live Radio, les autochtones seront considérés comme informés.
Les derniers changements concernent quelques petites retouches au sein de la patinoire afin de respecter les règlements caporalistes de la Ligue: bancs de pénalité hermétiques donc fini de balancer sa bière sur les frères Dériaz, vestiaires flambants neufs pour les zébrés, salle de presse à faire pâlir d’envie les Sierrois et finalement billetterie entièrement automatisée. La seule chose qui ne changera pas, rassurez-vous, c’est le stand raclette toujours perché en-haut à gauche pour ceux qui préfèrent les prolongations d’apéro au hockey sur glace. Le Valais reste le Valais…

Stabilité dans la Perestroïka

La campagne de recrutement a commencé fort tard en raison d’un calendrier étriqué mis sur pied comiquement par les calures de la Ligue. Ainsi, les Rouge-Glace ont peut-être manqué certains bons coups sur le marché des transferts (SOS défenseur) ? Toutefois, comme vous le savez, en Valais on ne change pas facilement son fusil d’épaule (à part si vos initiales sont CC), dès lors le conseil d’administration a tenu à donner leur chance à la plupart des joueurs qui avaient obtenu la promotion face à Winterthour. L’ossature de l’équipe sera donc construite autour des routiniers Bernasconi, Siritsa et du régional de l’étape Alexandre Posse alors que certaines valeurs «sûres» de la saison dernière, notamment Florian Daehler qui ne lâche rien dans les bandes et l’habile Rolf Portmann essayeront de bien négocier la grimpette à l’étage supérieur.
Ceci dit, la construction estivale de l’équipe se focalisa naturellement sur le recrutement de renforts étrangers. Initialement parti sur une piste exclusivement russophone afin de faciliter la communication avec le duo Malgin-Fedulov, Andrei Nazikhin nous fit une «anti-Sébastien Fournier» (i.e.: ne pas mourir avec ses idées, surtout s’il y en a de meilleurs à disposition). Présenté au dirigeant le 2 avril 2012 avec dossier et vidéo à l’appui,  l’ailier Ryan Mac Murchy fit l’unanimité grâce à son efficacité comptable en ECHL chez les Eclairs de Stockton et les Saumons de Victoria et ensuite en AHL chez  les Faucons de Springfield. Et la saison dernière, le natif du Saskatchewan joua un rôle clé pour emmener les Pétroliers de Stavanger au titre Champion de Norvège et ce, en extrayant pas moins de 97 points en 57 matchs. 
Au sein de la première ligne, Ryan McMurchy formera une paire inédite avec l’international Letton Aleksejs Širokovs qui a été engagé plus pour son profil de passeur que pour son efficacité absolue devant les cages adverses. La carte de visite du Letton est d’ailleurs des plus cosmopolites avec des passages en Biélorussie chez métallurgistes de Zhlobin puis en KHL au Khabarovsk Amur avant de s’égarer géographiquement et comptablement chez les compatriotes de Borat au Torpédo de Kazzinc. Toutefois, avec ses 100 matchs en KHL et ses 46 sélections avec la Lettonie, Širokovs donnera de la gueule à la première ligne martigneraine qui sera complétée par Valentin Wirz qui sort d’une saison vraiment biscornue avec «l’ennemi» sierrois.

Pour clore cette brève revue d’effectif, il se murmure que la bonne surprise du chef dans l’équipe des Red Ice pourrait bien venir de la ligne Rimann-Grezet-Depraz, triplette qui a développé un efficace ménage à trois lors de ces deux dernières saison et qui a été fort en vue lors des sorties amicales de ces ultimes semaines. Messieurs, à vous de jouer.

La patience du Totomat

On ne peut pas dire que la patience sportive soit une vertu qui court les rues dans les quartiers ouest de Martigny, là où la loi constantinienne du Totomat règne en maitre absolu. Il est donc assez rafraichissant d’entendre durant les briefings des astucieux dirigeants du Red Ice la conjugaison du verbe «patienter» du présent jusqu’au futur. Avec un objectif raisonnable (peut-être trop?) d’atteindre la 8e place du tour préliminaire (7e si on pousse les dirigeants dans les bandes !), le duo Nazheskin-Maret tente un savant exercice d’équilibrisme de communication entre un objectif à moyen terme un chouia ambitieux (budget cartésien de 2.8 millions), et une subtile mise en garde aux supporters locaux devenus exigeants en contemplant les traditionnelles raclées sabbaticales enfilées par le passé aux terrifiques Bullois et intrépides Tramelots.
D’ailleurs, les moroses revers en préparation notamment face aux Sauterelles sur glace puis face aux affutés Viégeois ont renforcé ce principe de circonspection dans l’équipe valaisanne. Il faut dire que durant certains tiers l’armada matigneraine s’est montrée aussi à l’aise qu’un Christian Varone au contrôle-sécurité d’un aéroport turque, d’où une certaine appréhension à la veille du championnat. D’ailleurs, le duo Malgin-Fedulov est fort conscient du saut entre la première ligue et la LNB et la question à mille balles est de savoir si les Octoduriens pourront s’adapter rapidement au rythme de Ligue B grâce à un solide esprit d’équipe et une stabilité au niveau du contingent (une approche à faire saliver les auteurs des cacophonies du mercato sierrois l’année passée).

Pas de silence radio

Comme expliqué en détail ci-dessus, la direction du club maitrise assez bien la com’ mais elle n’oublie pas de passer aux actes quand il le faut. Ainsi les investisseurs russes ont confirmé leur soutien financier au club pour les cinq prochaines saisons (en couvrant environ 25% du budget à fonds perdu) et s’activent à finaliser un partenariat judicieux avec un club de ligue A (avec le McSorley Stakehouse selon les dire du Matin ?). Comme dirait Christian Constantin: «L’affaire suit son cours mais rien n’est moins sûr !».
A la veille de ce championnat, la politique sportive du club semble bien calée dans les starting-blocks c’est donc, comme le souligne Vincent Maret, «au tour de la  population de la région de prouver qu’elle a envie d’un club en Ligue Nationale». Les festivités commencent ce soir pour les Red Ice avec un bucolique déplacement dans les vergers thurgoviens. Alors, si vous êtes d’improbables supporters francophones de Thurgovie en villégiature en Valais ou des afficionados des Red Ice rebutés par cinq heures de route, il vous reste le choix de vous connecter par ici sur la Red Live Radio où DJ Croco vous fera vivre le match avec son légendaire engouement méridional. Et si vous manquez cet épisode, il vous restera toujours Carton Rouge.ch pour vous abreuver des péripéties du Red Ice en ligue B durant la saison.

Photos copyright PhotOkan/Red Ice

A propos Paul Carruzzo 207 Articles
Elle est pas un peu belle notre Nati et tout le bonheur qu’elle nous amène ? Alors, Rickli et compagnie, si vous ne vibrez pas devant cette équipe, vous n’êtes pas non plus monstrement obligés de regarder. Profitez d’un bon match de hornus et foutez la paix à nos joueurs, qui comme vous, ont un joli passeport rouge à croix blanche.

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6 Commentaires

  1. Ah alors là excuse moi si t’es genevois…Tout s’explique!!!
    Moi qui ai habité 15 ans à Genf et qui y travaille encore,je n’oserais effectivement pas comparer avec Martigny (chacun le comprendra dans le sens qu’il veut!!).
    Maintenant si tu viens pas dans notre grange, potson que tu es, ca va pas trop nous manquer.Nous on va se contenter du nouveau partenariat avec Genève Servette et des bons contacts entre les 2 Fan-Clubs!!!

  2. T’as bien raison de te foutre de la gueule de Sierre, surtout avec les expériences de ces dernières années.
    Ils l’ont bien cherché et mérité. Le seul hic, c’est que Marteugneû a réussi encore à faire plus fort, et plutôt deux fois qu’une, avant de retrouver logiquement sa place pour aller défier Saas-Grund pour des derby d’anthologie !

    Faut espérer que les Red machin trucs finissent devant leur copain d’en haut cette saison, parce que sinon c’est à désespérer.

    Par contre quand on voit « l’engouement » suscité en ville, presque 500 cartes de vendues après une grosse campagne de communication, on comprend mieux pourquoi le club risque de retourner rapidement d’où il vient quand les russes, ceux qui voulaient justement investir chez l’ennemi, auront mare de stagner tant sportivement qu’au niveau des infrastructures.

    Il n’y a guère que Carruzzo et les ultras pour mouiller leur culotte actuellement.

  3. T’as raison Titu… ha ha ha…
    A ce jour plus de 700 cartes sont vendues. A la différence des autres clubs valaisans, à Martigny on ne ment pas sur les chiffres, on ne gonfle pas le nombre de spect de min. 500 (voire doublé par les sierrois!). Les dirigeants s’investissent afin de faire de Martigny un grand club. Exemple plus récent, Ge-Servette jouait il n’y a pas longtemps en LNB devant une moyenne de 1000 spect…

    Saluez le premier du classement!

  4. T’as ou les vaches Titu!!!
    Après 2 matches les Reds sont premiers…Alors même si c’est vraiment que le tout début, t’as juste l’air un peu bobet mon gars avec tes commentaires à 2 balles!!!
    Quand à l’engouement à Martigny pour le hockey, on peut pas comparer avec celui d’ou tu viens puique on le sait même pas mais je peux te dire qu’il est au moins aussi grand que n’importe ou ailleurs.
    Sur ce,boyatson que tu es, au plaisir de te croiser quand on viendra vous défier sur votre patinoire.

  5. Magnifique, comparer Marteugneû à Genève, fallait oser. Le ridicule ne tue pas, bien essayé.

    Tout bien réfléchi, ce n’est peut-être pas tout faux. Entre faire l’élastique entre 2 ligues, même si Genève a réussi à s’installer, et être diriger par des étrangers, faute de repreneurs indigènes intéressés, ouais ce n’est pas si faux.

    Le boyatson ne fréquente plus, sauf exception, les granges qui vous servent de piste de danse en Valais. Il y a d’autres endroits en Suisse où on peut déguster du hockey, du vrai.

    Salutations à la Principauté et à ses autochtones.

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