Le week-end de championnat suisse écoulé a peut-être vu une première. J’ai beau remonter dans les tréfonds de ma mémoire, je ne me souviens pas d’une ronde de championnat pendant laquelle deux affluences ont oscillé autour de la barre des 30’000 (30’233 au Stade de Suisse et 29’098 à Saint-Jacques).
Il faut dire que ce n’est pas dans les Charmilles en fin de vie ou dans le Hardturm des années 90 qu’on aurait vu des foules pareilles… Pour vous en convaincre, consultez donc «Stades suisses. Des origines à l’Euro 2008», qui vient de paraître aux Editions Slatkine et qui retrace l’évolution des stades de Suisse depuis l’apparition du football dans nos contrées jusqu’à aujourd’hui (il faut bien faire sa propre promo, n’est-ce pas ?). Suite au concours qui vient de s’achever, les trois plus talentueux d’entre vous se le verront acheminer jusque dans leur boîte à lait ; mais très chers perdants, vous n’êtes pas pour autant abandonnés à votre triste sort, car vous pourrez vous consoler dans vos librairies préférées ou sur www.slatkine.com ou www.amazon.fr (flyer de présentation). Contre un billet vert garni du portrait de Sophie Taueber-Arp, vous en repartirez en effet avec un exemplaire ainsi qu’une piécette de un franc.
Mais comme certains doivent trépigner d’impatience et se réjouir à l’idée de retrouver enfin le sommeil du juste, voici de quoi apaiser leur esprit. On avouera bien volontiers que les questions n’étaient pas évidentes, mais à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire…
Réponses
Question 1 : La plus grande centrale solaire sur un stade de football au monde se trouve en Suisse. Sur le toit de quel stade ?
Jusque-là, pas trop de problèmes… Le Letzigrund abrite certes quelques cellules photovoltaïques, mais d’une puissance potentielle totale cinq fois inférieure au Stade de Suisse-Wankdorf (1.300 kilowatts), qui représentait donc la bonne réponse.
Question 2 : Laquelle de ces villes faisait initialement partie des dix localités retenues dans le folklorique dossier de candidature suisse à l’organisation de la Coupe du Monde 1998 : Yverdon, Fribourg, Bellinzone, Baden, Saint-Gall, Winterthour ?
Là c’était plus difficile. Il faut dire que le comité de candidature avait fait fort sur tous les plans. Non seulement les stades étaient prévus garnis d’innombrables gradins provisoires, mais en plus, certains des calculs préliminaires étaient erronés. Ainsi, alors que le stade de l’Esp figurait au sein de la liste officielle initiale, il s’avéra en fin de compte que l’érection de tribunes temporaires en nombre suffisant nécessiterait de raser 3’000 m2 de la forêt voisine. Autant dire que cela aurait suscité une levée de boucliers ! Du coup, et à grand regret, la ville de Baden se retira de la candidature. Au vu du résultat, elle y gagna cependant pas mal d’heures de travail…
3. Le meilleur club évoluant aujourd’hui au Rankhof est Concordia Bâle. Quel club a utilisé ce même stade durant son passage en Ligue nationale A ?
Le Rankhof a derrière lui une longue et belle histoire. Inauguré en 1923, il devint rapidement l’un des jardins préférés de l’équipe nationale, qui y disputa quatorze rencontres. Nordstern Bâle commença également à y briller de mille feux, avant de s’égarer dans les ligues inférieures, puis de parvenir à nouveau en Ligue nationale A : entre 1978 et 1979, ainsi qu’entre 1980 et 1982, le Rankhof s’essaya donc à concurrencer le stade Saint-Jacques en accueillant du football d’élite. Mais le drame de Bradford (Angleterre), où une cinquantaine de spectateurs périrent dans l’incendie d’une tribune en bois en août 1985, incita les autorités à fermer la tribune principale du Rankhof. Une longue réflexion mena au réaménagement complet du centre sportif, inauguré dans ses nouveaux atours en 1996.
4. Question subsidiaire : lors du Championnat du Monde 1954, quel fut selon les archives de l’ASF le nombre de billets vendus pour le match Turquie-Corée du Sud (7-0), le 20 juin à Genève ?
Durant ce Championnat du Monde 1954, les matches disputés à Genève ont dans l’ensemble connu des affluences assez faibles. 20’000 fans représentèrent encore une affluence acceptable pour le quart de finale Allemagne-Yougoslavie, mais seuls 3’541 spectateurs payants ont accompagné les valeureux acteurs de Turquie-Corée du Sud. C’est certes plus du décuple du Roumanie-Pérou de 1930 et ses 300 spectateurs, mais à Montevideo, les excuses étaient plus facilement acceptables. Le Centenario était prévu pour accueillir tous les matches, mais une saison des pluies particulièrement tenace avait retardé l’achèvement des travaux au point que les cinq premiers matches durent donc se dérouler dans le stade de Pocitos, en banlieue. A Genève par contre, la désorganisation de la billetterie centrale du tournoi n’était qu’une partie de l’explication. Les locaux estimaient n’avoir au menu que des équipes de second rang, peu dignes de leur présence.
Après un insoutenable suspense, voici donc les heureux gagnants, qui malgré l’absence de sans-faute, méritent certainement tous une mention honorable.
1er : A. Manuel, de Lausanne (1 : Stade de Suisse ; 2 : Baden ; 3 : FC Nordstern Bâle ; 4 : 4’000 spectateurs)
2e : V. Guillot, de Nyon (1 : Stade de Suisse ; 2 : Yverdon ; 3 : FC Nordstern Bâle ; 4 : 3’533 spectateurs)
3e : M. Dorthe, apparemment SDF et à qui nous allons donc redemander son adresse (1 : Stade de Suisse ; 2 : Yverdon ; 3 : FC Nordstern Bâle ; 4 : 4’000 spectateurs)
CartonRouge.ch étant de nature égalitariste, les trois gagnants recevront exactement le même prix, à savoir le livre dédicacé. La signature pour le premier ne sera ni plus belle, ni plus grande !
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