L’ennui slovéno-algérien

Il y a des matches que l’on coche sur le calendrier et que l’on rapporte sur son agenda pour être sûr de ne pas en manquer une seule miette. Il y en a d’autres que l’on rate volontiers. Heureusement, dans la deuxième catégorie, il arrive d’être agréablement surpris par un match peu alléchant. L’opposition entre l’Algérie et la Slovénie ne figurait certainement pas sur de nombreux agendas. Simple oubli ou occupation plus agréable à accomplir, vous n’avez rien raté. A moins que certains d’entre vous ne recherchent le fameux néant.

1. Le résumé.  Trois frappes cadrées environ, dont une sur coup franc, un but gag. Plus de fautes et de remises en jeu que de passes. Les statistiques parlent d’elles-mêmes. J’ai du mal à me souvenir de quelques faits de jeu, tant la partie était plate, tant les joueurs n’ont montré aucun caractère, tant il n’y avait rien. A quoi bon se battre en qualification pour se ridiculiser pareillement devant toute la planète football ? Les joueurs doivent avoir honte d’avoir fait passer un moment aussi désolant un dimanche après-midi pluvieux, heureusement d’ailleurs. Comme si elles avaient quelque chose à perdre…
2. L’homme du match.
Par pur respect, je tiens à féliciter l’arbitre. Il a fait le job comme on dit. Autant dire que c’est déjà pas mal dans un match autant haché. Un bon arbitre de 1ère ligue aurait largement suffi pour de tels grands-pères professionnels.
3. La buse du match.
Facile. Comment ne pas citer le gardien algérien Chaouchi ? Et oui, on le sait, gardien de but est un poste compliqué. C’est le seul statut où il est possible de passer de héros national à cible privilégiée des fans les plus agressifs. De l’homme dont on suspend le poster dans sa chambre à celui dont on pose la photo sur la cible des fléchettes. Si le match s’était joué à Marseille, nul doute qu’une escorte digne de ce nom aurait été nécessaire pour assurer la sécurité du pauvre Chaouchi. M’enfin, il paraît que tout un chacun commet des erreurs et qu’il faut les oublier. Avouez que dans un tel match et de telles circonstances la page en question est plutôt lourde de contenu. Si je vous dis vendredi 18 juin 20h30 ? Et oui, le choc des titans, des chasseurs de papillon. Angleterre – Algérie. Plus le droit à l’erreur pour les deux derniers «remparts».
4. Le tournant du match.
Ce match était tellement plat, nul, indigne et affligeant qu’il est absolument impossible d’en citer un déclic. Il n’y avait vraiment aucun relief dans cette partie. Et je pèse mes mots.
5. Le geste technique du match.
Sans hésiter, la manchette du stratège Chaouchi. Encore maintenant, je me demande ce qu’il a cherché à faire avec ses longs bras tendus maladroitement. Et sans vouloir le vexer, quand on est susceptible de faire de pareilles boulettes, il faudrait éviter les gants jaunes fluos. Conseil d’ami, par pure pitié. Un grand moment, dans un match dépitant.

6. Le geste pourri du match.
La première mi-temps a été un véritable festival… de mauvaises passes. Je crois que je n’ai jamais vu pareille catastrophe à un tel niveau. Risible. Les passes courtes trop molles ou directement en touche ou encore les longues balles imprécises qui fusent et atterrissent dans les bras du gardien adverse. Pourtant, comme les entraîneurs le répètent incessamment à leurs jeunes pousses, la passe, c’est la base du football. Et ben messieurs, au travail !
7. L’analyse tactique.
Tactiquement parlant, les deux entraîneurs avaient tout orchestré pour rendre ce match ennuyeux. N’ayant pas l’habitude de tels rendez-vous, ils ont préféré baser leur jeu sur une défense de fer et un jeu compact et physique. Nullement un jeu osé et offensif comme on serait en droit de l’espérer lorsque des équipes de seconde zone s’affrontent dans un match à gagner. L’organisation défensive a bien pourri le match, donc elle a fonctionné tel que prévu. Il n’y a rien à relever d’autre.
8. L’anecdote.
Vous l’aurez compris, je me suis littéralement ennuyé devant un match absolument infect et honteux. Et il m’est arrivé quelque chose que je n’avais jamais essayé, même devant nos matchs de Super League du dimanche après-midi, même devant une étape pourrie du Tour de Californie cycliste, même devant un concours hippique : je me suis endormi. Devant un match de la Coupe du Monde de football, compétition que j’attends depuis quatre ans. Alors qu’en temps normal, je serais envahi de remords, là, je me dis que j’ai reçu un coup de pouce du destin pour éviter de chialer devant la télévision en me disant «c’est fou ce que ton sport favori peut être chiant !»
9. La minute Pierre-Alain Dupuis.
«Les fautes font partie du football.» Rabah Saâdane, le coach algérien, beau philosophe, tente de relativiser et protège ses joueurs à la Raymond. Et dire que le gardien algérien élimine son équipe de la compétition après seulement 90 minutes, il faut vraiment être le roi des types pour entonner pareil discours… Ou le roi des faux-culs !
10. La rétrospective du prochain match.
Allez, il est temps de conclure le récit de ce match. Quel présage pour ces deux équipes ? Pour pouvoir répondre à une telle question, il faudrait déjà les avoir vu jouer et pas se balader sur le terrain sans envie. Bref, aucune des deux ne va se qualifier parce que les deux équipes anglo-saxonnes du groupe sont de valeureux guerriers. Le fighting-spirit, ils connaissent et le seul fait de tout donner sur le terrain va suffire face à de telles nations. Cessons le massacre et croisons tous les doigts, même les anti-Américains, pour que les USA et l’Angleterre se qualifient pour les huitièmes et renvoient les mauvais Slovènes et Algériens à leurs études. Dieu qu’il y a du boulot !

Écrit par Michel Leoni

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7 Commentaires

  1. @ rv:
    Il suffit juste qu’une seule vuvuzela soit lancée sur le terrain de jeu et la FIFA déclenchera l’interdiction totale pour toutes les vuvuzelas aux matchs suivants.
    Pas bien compliqué, non? Sur plus de 120’000 spectateurs journalier, un seul qui balance sa fichue trompette?
    On peut espérer, allez!

  2. « Les joueurs doivent avoir honte d’avoir fait passer un moment aussi désolant un dimanche après-midi pluvieux, heureusement d’ailleurs.  »

    Ha non là, pas d’accord! il faisait grand beau au bord du lac Léman!

    Heureux de voir que j’ai bien râté en tout cas.

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