LS : jusqu’au bout

Quatre matches. Le LS avait 360 minutes pour engranger trois points, et s’éviter un final tendu. Quatre matches pour une victoire… Deux défaites et deux matches nuls plus tard, avec un goal-average de 5-9, les Lausannois vont donc infliger à leurs supporters un dernier match qui peut encore connaître une issue dramatique.

Peu nombreux sont les naïfs qui pensent qu’un arrangement valdo-vaudois est possible lundi avec Yverdon (à part peut-être le très paranoïaque Président des SR Delémont qui nous a habitué à voir des complots partout). Pour ceux qui privilégient les bonnes lectures et qui auraient donc raté les déclarations du détestable Président Cornu dans le 24 Heures de samedi, les voici : «Je n’imagine pas qu’on puisse aborder un match sans l’idée de le gagner. Mais je ne suis pas dans la tête des joueurs. Lesquels ont toutefois pu voir, récemment dans la presse, que certains supporters du LS souhaitaient la relégation d’Yverdon. Voilà qui n’est pas le meilleur moyen d’obtenir un peu de mansuétude de notre part !». On atteint des sommets dans le grotesque. Laisser croire qu’un arrangement aurait plus ou moins été possible, mais que comme les supporters de la capitale ne nous aiment pas, ben alors tant pis pour eux, on va leur montrer qu’on boude, c’est presque du Constantin au carré.

Paul-André Cornu serait le plus heureux des
hommes si le LS était rélégué lundi soir

J’en parle d’autant plus à l’aise qu’en l’occurrence, je suis le premier concerné, étant personnellement à l’origine de la soudaine fâcherie entre deux clubs qui, jusque-là, étaient liés par un amour indestructible. Je m’explique, vous allez comprendre. Avant Servette-LS (un autre exemple parfait de clubs liés pas les liens du sang et dont la lune de miel perpétuelle s’écrit dans le marbre rose saison après saison), j’ai répondu pour le site officiel grenat à la question suivante «Considérez-vous Servette-Lausanne comme un évènement particulier dans la saison, même si les deux équipes sont désormais en Challenge League ?». Ma réponse fut la suivante : «[…]. On est encore en route pour le triplé cette année : se sauver, vous battre à Genève et reléguer Yverdon lors de la dernière journée.» La boutade a été reprise par un copiste du Matin, mise dans la bouche du «supporter moyen du LS» (c’est la première fois qu’on me traite de supporter moyen…) et voilà comment une amitié séculaire vole en éclat et rend tout arrangement impossible lundi.
Cela m’inspire trois réflexions :
La première est que le journal orange d’outre caniveau, dont la nouvelle formule s’annonce tellement au ras de la moquette que même le pourtant dramatique Barrigue n’y aura plus sa place, fait des économies de matériel. En effet, pour être écrivaillon au Matin, un clavier à trois touches suffit : «Ctrl», «C» et «V». Le seul qui a un budget supérieur est Christian Maillard, qui trouve son inspiration dans les jeux de mot des 5 Carambar quotidiens que sa Direction lui consent.
La deuxième est que tout le monde est bien content qu’il n’y ait pas d’arrangement. Les supporters attendent du LS que leurs joueurs s’arrachent, terminent cette saison cauchemardesque en beauté ou, cas échéant, tombent les armes à la main. Le football se joue en mouillant le maillot, pas en serrant des mains entre deux portes.
La dernière est que, quitte à s’arranger avec un club adverse, autant ne pas choisir celui dont le Président nous a fait les plus beaux coups de pute de nos 112 ans d’Histoire. Entre des dizaines d’autres, citons la plus belle saloperie : le refus que le LS redevienne un club «normal» après la faillite (nous avions redémarré en deuxième ligue interrégionale avec un statut de Club M21 – seuls deux Présidents ont voté contre ce retour à la normale : Yverdon et le FC Champagne, dirigé par la famille Cornu). Paul-André a tout fait et fera tout pour couler le LS. Porté par le vieux fantasme débile de créer un FC Romandie, il rêve de voir crever le club de la capitale, faute de pouvoir fusionner avec. Alors évidemment, ça va encore me retomber dessus si on n’arrive pas à s’arranger avec lui.

Tous à la Pontaise lundi à 20 h !

Ceci dit, il y a eu un match à Gossau jeudi dernier et une victoire en terre saint-galloise aurait eu le mérite de ne pas offrir une ultime érection à ce triste bonhomme. Pour cette occasion, le Blue-White Fanatic Kop avait mis sur pied une opération inédite en 19 ans d’existence : déplacement, billet de match et boissons à gogo dans le car pour la modique somme de zéro franc, zéro centime. Autant que quelques centaines de francs de notre trésor de guerre servent à cela, afin de mobiliser un maximum de supporters bleus et blancs pour ce match importantissîme. De fait, et tant mieux pour notre trésorière qui a frisé la crise d’apoplexie quand nous lui avons proposé l’idée, seules douze personnes ont profité de cette action exceptionnelle. Cela en dit long sur la démobilisation de supporters lausannois désabusés par cette saison catastrophique. Alors qu’un simple après-midi de congé suffisait pour aller soutenir leur équipe dans cette rencontre décisive, ce chiffre de douze supporters est une insulte à plus d’un siècle d’Histoire du LS.
Renforcée par la présence d’un unique Rabioso (l’autre groupe de supporters), de quatre indépendants et de deux amis de la Bierkurve de Winterthour, la toute petite troupe a pris place derrière l’un des buts du coquet Buechenwald. Malgré une première demi-heure intéressante et une ouverture du score peu avant l’heure de jeu (Basha n’aura marqué que deux buts cette année, mais alors quels goals…), les Vaudois ont concédé une égalisation frustrante sur un penalty très très très généreux. Crispé dans un schéma défensif, le LS n’a donc pas su réagir et s’éviter les sueurs de ce dernier match contre Yverdon.
Je ne m’étendrai pas plus sur l’équipe alignée, la tactique choisie et autres considérations techniques, tant il ne sert à rien de polémiquer aujourd’hui. Laissons les docteurs de tous les forums tirer sur les ambulances au bazooka, eux dont on a l’impression, supporters de clapiers, qu’ils souhaitent presque que le LS coule pour valider leurs lancinantes théorie sur «Cotting ceci cela», «les Brésiliens à bla bla à bla bla», etc. L’heure est à l’union sacrée de tous les vrais supporters lausannois. Faisons bloc derrière cette équipe, poussons-la à s’arracher les tripes lundi et à sauver sa place, la pause d’été sera bien assez longue pour faire le bilan de cette saison de merde.
Pour finir sur une note positive, je vous laisse imaginer l’état des douze membres du BWFK au sortir du minibus, vendredi à 2 heures du matin, après avoir honoré comme il se doit le principe de «boissons à gogo». Je suis sûr qu’il y en a qui dorment encore.
ALLEZ LAUSANNE : 112 ANS D’HISTOIRE, JAMAIS UNE RELEGATION SUR LE TERRAIN !