Une soirée dans les étoiles moscovites

Quand on te parle de Moscou et de la Russie, je suis sûr que tu penses de suite Kremlin, jolies filles, théâtres, ballets, vodka et tout le toutim. Et bien je pensais pareil en arrivant ici il y a 6 mois. Force est de constater que je me suis complètement planté !

Champion du monde de hockey, le Zénit champion d’Europe, l’équipe nationale qui élimine les Anglais de l’Euro et cerise sur le gâteau la finale de la Ligue des Champions à Moscou ! Si je ne vais pas suivre les péripéties des protégés de Guus Hiddink en Autriche, je ne pouvais tout de même pas manquer ce rendez-vous unique à 2 kilomètres de chez moi ! J’avais décidé de faire les choses en grand. Deux potes venant de Suisse rien que pour la finale, de très bonnes places et l’accès au Champions Village, une sorte de grande tente archi-luxueuse où 3’000 à 4’000 personnes allaient venir profiter des largesses de l’UEFA et de ses sponsors.
Le match étant fixé à 22h45, nous nous mettons en route aux alentours de…18h. Oui, je sais, cela peut paraître un peu fou, mais, dans cette ville, on ne sait jamais combien de temps l’on met pour faire 4 kilomètres ! Et puis, avec le Champions Village ouvert dès 17 heures, on avait une bonne excuse… Je profite donc de ce petit trajet pour montrer le métro moscovite à mes deux hôtes. Première immersion dans le quotidien russe, changement de train non pas dû à un problème technique, mais bien à cause d’un pochtron qui ne pouvait se retenir plus longtemps… Vu l’heure qu’il était j’allais lui demander un autographe tellement les chances que ce soit Rosset ou Safin étaient importantes, malheureusement mes amis ne supportant plus les effluves vodkaiennes, nous nous retirâmes.

Arrivée au stade à 18h40. Retour dans le passé. Il doit bien y avoir un militaire tous les 2 mètres avec en plus un milicien entre chacun de ces vaillants gaillards ! Les effectifs de l’armée suisse sont sans doute moins nombreux que le panel déployé par nos charmants hôtes. En même temps il fallait bien ça pour accueillir 44’000 Roastbeefs ! Tiens d’ailleurs, une petite histoire comme ça en passant. Normalement, pour entrer en Russie, il faut un visa (et une Visa pour s’amuser sur place par la suite), et bien le Parlement russe, n’ayant pas réfléchi que délivrer 40’000 visa en une semaine à Londres allait être impossible, a fait passer une loi autorisant les porteurs de billets pour le match à rentrer sans visa dans le pays pendant une semaine. Du jamais vu par ici !
Bon revenons à nos moutons. Nous voilà donc dans la tente VIP. Pas grand-monde pour commencer, normal, nous ne sommes qu’à 4 heures du coup d’envoi… Le temps de profiter des charmes russes ! Mes amis recherchent désésperement les deux valeurs sûres de la Russie : les jolies filles et la vodka ! Et bien, seule déception de la soirée, nous n’aurons ni l’une ni l’autre ! Bières au programme (merci au sponsor principal de l’UEFA…) et sommet du blues : des danseurs ! Au pays où la différence entre le charme masculin et féminin est le plus important sur la planète et durant une soirée à 90% masculine, rien à dire, bonne pioche !
Qu’à cela ne tienne, le début de soirée est bon et nous profitons d’un magnifique buffet organisé par… un traiteur allemand. Rien d’étonnant en cela, si ce n’est que ledit traiteur a ramené tout son équipement, tout son personnel, tous ces ingrédients d’Allemagne pour deux petits jours ! Dans un pays où les douanes peuvent te faire poiroter un mois à la frontière pour un contenaire, c’est quand même osé ! Du coup, pas un des serveurs ne baragouinait le russe… Heureusement que mon hoch-deutsch n’est pas trop rouillé…

3 litres de bières plus tard, nous voilà en marche pour le stade ! L’excitation est à son comble. Après tout c’est la première fois que je vais voir jouer Silvestre, Kalou, Bridge, Carvahlo, Saha ou encore Park ! J’ai hâte ! Après avoir survécu à un mouvement de foule, qui je dois l’avouer, m’a fait un peu peur, me voilà assis dans ce fameux Luzhniki ! À ma gauche, tout de blanc et bleu vêtus, les fans de Chelsea, plus que jamais Chelski, pesant sur la balance une dette de 935 millions d’euros. À ma droite, les supporters de Manchester United, champion en titre de dettes cumulées, 960 millions d’euros. À ce prix-la heureusement que les joueurs précités ne jouent pas tous…
Première constatation, la pelouse est surélevée par rapport à la piste d’athlétisme. Après une petite recherche, j’apprends que le Luzhniki possède en vérité un terrain artificiel. Or, obligation de jouer sur du naturel pour la finale de la CL. Du coup, la mairie a choisi la méthode la plus simple, faire pousser un terrain naturel à même le synthétique en 3 semaines… Décidément les Russes ne font vraiment rien comme les autres ! 
Arrive le moment de la cérémonie d’avant match. Alors là, je n’en croyais pas mes yeux ! On se serait cru dans un mélange de Péplum et de film d’archives sur l’URSS. Des centaines de figurants se baladant tout de rouge vêtus sur une musique digne de Gladiator ou de «deux heures moins quart avant Jésus-Christ» ! Pas «tip top» comme on dirait chez nous, mais je dois avouer que l’hymne de la CL reprise par les chœurs russes (genre chœur de l’armée rouge), ça le fait !
Ça y est, ça joue ! Quelle déception, Park ne joue pas, Silvestre non plus… Ouf il y a quand même Carvalho ! Bon je te passe le résumé du match, il a déjà été fait. Par contre, juste un mot sur l’ambiance. Les deux virages jouent au tennis ! Un chant des Blues répond à un des Red Devils et ainsi de suite. Superbe ! Le match est beau, l’ambiance chaude, bref c’est magique… si ce n’est ces bières d’avant match ! Et quand l’envie te prend à la 22ème minute de la première mi-temps, tu te sens pas du tout idiot… Un de mes amis ne pouvant plus n’a pas trouvé mieux que de partir à la 44ème histoire d’éviter la foule. La suite tu dois la deviner… Louper un but à cause de ça, rageant !

Place à la terrible séance des tirs au but. Anelka va tirer le penalty, et là, tout le stade sait qu’il va faire une strellette, même le supporter mancunien à mes cotés l’avait pronostiqué ! Pas superstitieux pour un sou celui-la. Le virage à ma droite menace de s’effondrer à l’image de Terry ou encore Ronaldo, Abramovich appelle déjà le Soho Room (la boîte en vue de Moscou) pour annuler la soirée prévue. Quand je pense que les joueurs de Chelsea avaient laissé leurs femmes à Londres, histoire de profiter expressément de cette bringue ! C’est bête Marc et Marat les attendaient de pied ferme.
Bon allez, je finis cet article par un chapeau bas. Bravo Monsieur Scholes. Alors que toute l’équipe de ManU se sautait dans les bras, que Ronaldo faisait son égocentrique dans le rond central, voilà pas que le vétéran s’approche de Terry pour le réconforter et le prendre dans ses bras. Une belle image, de plus en plus rare de nos jours. Quand on compare ce genre de geste avec celui de Tevez ou de Drogba 30 minutes plus tôt, il y a vraiment un sacré décalage de classe entre ces deux genres de joueurs !

Écrit par Eric Laurent

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9 Commentaires

  1. Jai juste pris en compte le fait que les pronostiqueurs avaient placé les Russes derrière les Anglais et les Croates. Donc on peut dire que les Russes ont sortis les Anglais.
    Mais sinon tu as raison, cest le dernier match entre Anglais et Croate qui a scellé lhumiliation anglo-saxone.

  2. Excellent ce reportage !! Merci.
    Et comment la 3ème mi-temps avec tous ces Anglais déchainés (ou pas…) en ville ??

  3. En effet Dirty Frank, un moment inoubliable! apres un Celtic-Rangers pourri, un Barca-real vierge de but et une premiere finale de CL Valence-Bayern nullos, ca fait du bien de se dire que je suis pas un chat noir! lol

    Sinon @ Laurent T. de Nyon : la troisieme mi temps fut plutot courte du a lheure tardive de la fin de rencontre (2h du mat…) et de cette ridicule idee de faire jouer la finale de la CL un mercredi! vivement 2010 et le match en week end!

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