Pierre-Alain Dupuis devance Ronaldo. Rona-qui ?

Comme prévu, Pierre-Alain Dupuis a remporté haut la main l’élection du Pigeon d’Or du mois de mai. Le spécialiste football et tennis de la TSR devance largement Ronaldo. Peut-être qu’en consultant ses précieuses fiches, le journaliste vedette de «notre» télévision découvrira qui est ce fameux Ronaldo, dont il a déjà entendu parler…

Loin de moi l’idée de sous-estimer la difficulté du métier de commentateur TV. J’étais assis près du sieur Dupuis lors d’un récent Ecosse – Italie à Hampden Park : l’écran de contrôle était minuscule et ne permettait pas de voir l’image des ralentis en entier, il y avait 50’000 Ecossais déchaînés qui braillaient et une sono à coin juste derrière la tribune de presse. Franchement, je préférais être à ma place en train de vaguement prendre quelques notes sur mon calepin plutôt qu’à la sienne en train de commenter le match. Du coup, je ne jetterai jamais la pierre à un journaliste qui confond deux joueurs dans le feu de l’action.Par contre, ce qui me dérange, et je crois que cette opinion est largement partagée parmi les fans de football de ce coin de pays, c’est que, avec les journalistes du service des sports de la TSR et en particulier avec Pierre-Alain Dupuis, on a toujours l’impression d’en savoir plus qu’eux. Pourtant, on a tous des jobs à côté, le football n’est qu’une passion à nos heures perdues, alors que, pour eux, c’est un métier. Un commentateur qui a trois jours pour préparer un match de Ligue des Champions devrait tout savoir sur les deux équipes, avoir visionné leurs derniers matchs de championnat, être capable de décrypter leur système de jeu, connaître par cœur la biographie des vingt-deux acteurs, sortir des anecdotes inédites… Et pas seulement débiter les statistiques des trois dernières rencontres de Ligue des Champions.

Et la passion ?

Commentateur sportif n’est pas un métier comme un autre, c’est, pour reprendre une expression chère aux footballeurs, la chance de pouvoir faire de sa passion un métier. Avec Pierre-Alain Dupuis, on a l’impression que ce n’est qu’un métier, effectué avec pas mal d’approximations. La passion, ça ne consiste pas forcément à pousser des hurlements forcés lorsque la Nati marque un but mais c’est de pouvoir sortir de tête le résultat d’un match quelconque vieux de plusieurs années ou connaître l’identité du latéral droit de Wigan ou celle du gardien remplaçant de l’Udinese.

On peut ne pas aimer le style professoral de Jean-François Develey ou l’anglophilie assumée de Jean-Jacques Tillmann mais, avec eux, quand ils font référence à un match passé, on sent qu’ils se souviennent du match et qu’ils y avaient vibré. Avec Pierre-Alain Dupuis, on a l’impression qu’il ne fait que débiter d’un ton monocorde une ligne sur une fiche, style «Liverpool a gagné la Ligue des Champions 2005 aux penalties», comme si c’était un match comme un autre. En fait, je soupçonne M. Dupuis que, lorsqu’il ne travaille pas un soir de foot, il rentre chez lui et regarde la Nouvelle Star plutôt que Chelsea – Manchester parce que «je ne vais quand même pas ramener du boulot à la maison».
Pierre-Alain Dupuis, c’est aussi des compétences techniques limitées, ce qu’il avait lui-même admis lorsqu’il commentait le ski alpin, puisqu’il écoutait les commentaires du consultant d’Eurosport, Franck Piccard, pour ensuite les reprendre sur la TSR ! C’est également une incapacité à sentir les matchs et leur dynamique. Comment avait-il pu affirmer, lors du fameux Turquie – Suisse, à dix minutes de la fin, «la Suisse est qualifiée pour la Coupe du Monde», alors que toute personne présente ce soir-là à Istanbul savait que, dans ce climat délétère, tout pouvait encore arriver, y compris deux buts adverses ?

Un triomphe

C’est donc sans surprise que Pierre-Alain Dupuis remporte le Pigeon d’Or du mois de mai 2008. PAD devance largement Ronaldo. Après les élections de Laure Manaudou l’exhibitionniste et de Max Mosley le sado-masochiste, nos lecteurs n’ont manifestement pas voulu que notre grande finale de décembre ne tourne au duel des pratiques sexuelles bizarres.
Silvio Berlusconi s’offre la troisième place ; espérons que ses nouvelles fonctions lui laisseront un peu de temps pour redresser l’AC Milan parce que franchement une Ligue des Champions sans l’AC Milan, ce n’est pas tout à fait une Ligue des Champions. Novak Djokovic termine à la quatrième place. Pourtant, quelques-unes de ses groupies ont tout fait pour le rendre encore plus antipathique qu’il ne l’est réellement. Mais nul doute que de nombreux lecteurs comptent sur Nole pour battre Nadal 10-8 au 5e set en demi-finale de Roland Garros et abandonner ensuite en finale contre Federer après avoir perdu les deux premiers jeux. René Rogalla termine en dernière position ; manifestement, les théories du complot du bon  président Constantin n’ont pas trouvé beaucoup d’échos sur CartonRouge.ch.
Même si le suspense a été tué dans l’œuf par le cavalier seul de Pierre-Alain Dupuis, cette élection a permis d’établir un nouveau record de participation avec 1187 votes. Nous t’en remercions chaleureusement, cher lecteur ! Et c’est fort de ton soutien toujours plus nombreux que nous décernons à Pierre-Alain Dupuis le très convoité

Pigeon d’Or de mai 2008 !

Une nageuse (Laure Manaudou), un hockeyeur (Kevin Ryan), un footballeur (Essam El-Haddary), un dirigeant (Max Mosley) et désormais un journaliste, le plateau de la finale du mois de décembre est de plus en plus varié.
Classement final :
1. Pierre-Alain Dupuis : 490 voix (41.30%)
2. Ronaldo : 250 voix (21.05%)
3. Silvio Berlusconi : 175 voix (14.75%)
4. Novak Djokovic : 168 voix (14.15%)
5. René Rogalla : 104 voix (8.75%)
Total des votes : 1187 votes

Écrit par Julien Mouquin (texte) et Robert Johanson (dessin)