Bundesliga 2007-2008 : bilan, partie IV

Voici le 62e et dernier article (dont 18 matchs en live) de foot allemand cette saison sur CartonRouge.ch. Bon Euro, bon été et à la saison prochaine pour de nouvelles aventures au royaume des stades pleins, des scores fleuves, des centres derrière le but, de la Currywurst et de la bière !

SV Hambourg (4e, 54 points, Coupe UEFA)

Les saisons se suivent et ne se ressemblent pas pour les Rothosen : l’an passé, le HSV était encore dernier en février, avant d’amorcer, avec l’arrivée de l’entraîneur Huub Stevens, une spectaculaire remontée pour arracher la 6e place et une qualification en Coupe Intertoto. Cette saison, c’était l’inverse : Hambourg rêvait de titre à Nöel et occupait encore la 2e place qualificative pour la Ligue des Champions à huit journées de la fin. Mais une série de 7 matchs / 4 points a fait dégringoler les Hambourgeois au classement ; un sursaut lors de la dernière journée a toutefois permis une qualification pour la Coupe UEFA, qui cadre finalement assez bien avec les ambitions du début de saison et la valeur de l’effectif.
L’annonce survenue dès l’automne du départ de l’entraîneur Stevens en fin de saison et les multiples spéculations sur l’identité de son successeur (finalement le Hollandais Jol, ex-Totenham) n’ont pas contribué à la sérénité du groupe. Et le 2e tour très moyen réussi par Van der Vaart, ainsi que la blessure d’Olic ont passablement émoussé la force de frappe des Rothosen, surtout que le Péruvien Guerrero n’a pas toujours été très réaliste et que l’Egyptien Zidan a déçu. Malgré la solidité de la défense articulée autour de l’excellent gardien Rost et de l’international néerlandais Mathijsen, ce relatif mutisme offensif a définitivement écarté le HSV de la course à la C1.
Top-Spieler : Rafael Van der Vaart
Après avoir manifesté de sérieuses velléités de départ l’été dernier, le stratège hollandais était resté sur les bords de l’Elbe, faute de bon de sortie de la part de ses dirigeants. Pas rancunier, le capitaine du HSV a livré un premier tour monstrueux. Buteur, passeur, maître à jouer, tireur de toutes les balles arrêtées, le Hollandais a permis à son équipe de faire jeu égal avec les ténors Bayern et Brême. Avec notamment une série de sept matchs consécutifs de Bundesliga où il a trouvé le chemin des filets !

Son 2e tour a été beaucoup moins convaincant, ce qui explique en partie le recul du HSV. La faute sans doute à une hygiène de vie pas toujours irréprochable (il est vrai qu’Hambourg by night offre beaucoup de tentations…). Il lui reste encore un an de contrat mais cette année ses dirigeants devraient lui rendre sa liberté pour toucher un dédommagement plutôt que de le laisser filer gratuitement dans douze mois.
Flop-Spieler : Mohamed Zidan
Je pensais que l’Egyptien, auteur d’un 2e tour flamboyant avec le relégué Mainz la saison passée, deviendrait l’un des attaquants vedettes de la Bundesliga en passant dans un club plus ambitieux. Il n’en a rien été. Souvent cantonné sur le banc des remplaçants, Zidan n’a jamais trouvé ses marques dans le jeu hambourgeois, malgré quelques buts de belle facture inscrits ici ou là (notamment contre le Bayern). Incontestablement, une déception.
La révélation : Ivica Olic
Ce n’est pas vraiment une révélation, on avait découvert ce joueur à l’occasion de la Coupe du Monde 2002 lors d’un magnifique Croatie – Italie au cours duquel il avait fait exploser la défense transalpine, malgré quelques soucis vestimentaires. On l’avait un peu perdu de vue lors des quatre saisons passées au CSKA Moscou, avant de revenir sous les feux de la rampe avec un transfert à Hambourg en hiver 2007. Aligné tantôt en pointe, tantôt en demi de couloir, il a véritablement explosé cette saison en Bundesliga, finissant 4e du classement des buteurs, derrière Toni, Gomez et Kuranyi. Sa puissance et son efficacité devant le but en ont fait l’une des figures marquantes de la saison en Allemagne.

Schalke 04 (3e, 64 points, qualifications de la Ligue des Champions)

C’est sur un bilan contrasté que Schalke boucle sa saison : avec un ¼ de finale en Ligue des Champions et une nouvelle qualification pour cette compétition, on ne peut pas parler d’échec. Néanmoins, on espérait sans doute un peu mieux du côté de Gelsenkirchen, avec le 2e budget de la ligue et après avoir manqué le titre d’un cheveu la saison passée. Mais, au 1er comme au 2e tour, les Knappen ont bien commencé, avant de connaître un gros passage à vide. Ce qui a fini par être fatal à l’entraîneur Mirko Slomka. Une campagne de transfert pas vraiment réussie (notamment le départ du Brésilien Lincoln qui n’a jamais été compensé), la saison très moyenne réussie par certains cadres de l’équipe, comme Kuranyi, Asamoah ou Halil Altintop, la longue indisponibilité de l’artificier Pander, l’irrégularité du gardien Neuer sont autant d’éléments qui expliquent la saison en demi-teinte des Knappen. L’expérience de l’équipe et son incroyable efficacité sur balles arrêtées (de très loin la formation la plus performante de la ligue dans ce secteur) ont toutefois permis d’assurer aisément une place sur le podium.
Top-Spieler : Kevin Kuranyi
La star de Schalke 04 a livré une saison très intermittente, où il a alterné le bon (notamment un quadruplé contre Cottbus) et le moins bon. Il a notamment connu quelques longues périodes de disette qui ont fait les choux gras de la presse allemande. Sa saison a été beaucoup moins brillante que l’année passée, même s’il termine avec le même nombre de buts inscrits (15).

Flop-Trainer : Carlos Javier Grossmüller
A l’instar des autres renforts sud-américains débarqués cette saison à Gelsenkirchen (Vicente Sanchez et Zé Roberto), l’Uruguayen n’a pas convaincu. Il avait été reproché à Mirko Slomka de ne pas faire confiance à ses renforts venus d’Amérique latine mais on ne peut pas dire que ceux-ci aient véritablement démontré qu’ils méritaient leur place. Le principal fait d’armes de Carlos Grossmüller cette saison, c’est une expulsion à Francfort alors qu’il était … remplaçant et avait pénétré sur le terrain pour se mêler à une altercation !
La révélation : Heiko Westermann
Arrivé en début de saison de Bielefeld, ce défenseur de 24 ans semblait promis au banc des remplaçants tant le quatuor Rafinha – Krstajic – Bordon – Pander semblait inamovible. Mais la blessure du dernier nommé lui a offert une chance qu’il a parfaitement su saisir. Efficace devant le but (4 goals cette saison), capable d’évoluer à tous les postes de la défense, il a intégré l’équipe d’Allemagne. Aligné généralement comme latéral en club, on l’a vu joué en défense centrale avec la Nationalmannschaft contre la Suisse. Il sera de la partie à l’Euro. A la base comme remplaçant mais il sait mieux que quiconque que la roue peut tourner.

Werder Brême (2e, 66 points, Ligue des Champions)

Le Werder termine sur le podium de la Bundesliga pour la 5e année consécutive. Et pourtant, après le départ de Klose, on voyait plutôt les Brêmois rétrograder au classement, surtout que les autres stars du Werder, Frings et Borowski, ont connu pas mal d’ennuis de santé. Mais Thomas Schaaf a trouvé les solutions pour remplacer les absents. Comme d’habitude, le Werder a fini meilleure attaque de la ligue avec 75 buts marqués et trois joueurs dans les 15 premiers du classement des buteurs, Rosenberg, Diego et Almeida. La défense n’a pas été à la hauteur, malgré l’expérience de la charnière centrale Naldo – Mertesacker. Des relances souvent hasardeuses, des montées inconsidérées, un jeu tourné vers l’offensive et un certain manque de mobilité ont coûté beaucoup de buts au Werder. Surtout que dans les cages Wiese et Vander sont tous sauf une assurance tous risques. Encore à égalité avec le Bayern à Noël, le Werder a assez rapidement été décroché de la course au titre et a perdu ses dernières illusions avec une suspension de 3 matchs infligée à Diego. Il n’empêche, en début de saison, après le départ de Klose et les deux claques (4-1 et 4-0) reçues contre le Bayern, les Brêmois auraient sans doute signés les yeux fermés pour une 2e place en fin de championnat.

Top-Spieler : Diego
Même s’il a été un petit moins éblouissant qu’à l’automne 2006, le Brésilien a confirmé être l’un des tous meilleurs joueurs de la Bundesliga. Inspirateur du jeu brêmois, souvent buteur, le petit milieu de terrain est capable de désarçonner une défense et de faire basculer un match sur un coup de génie. S’il parvient à maîtriser un tempérament parfois un peu fougueux, il peut s’imposer dans un club encore plus renommé que le Werder. Ce ne sont en tout cas pas les offre qui lui manquent, à lui de faire le bon choix et d’opter pour un club où pourra s’épanouir son formidable talent.
Flop-Spieler : Carlos Alberto
Pour remplacer Klose, le Werder a tenté de refaire le coup réussi 12 mois plus tôt avec Diego (à la place de Micoud) en allant chercher un Brésilien au FC Porto. Sauf que là, le flop a été total. Le champion d’Europe 2004 s’est surtout distingué sur les bords de la Weser par ses caprices, des blessures à répétition, des mauvais gestes sur le terrain et une altercation avec un coéquipier à l’entraînement. Après six mois, le Werder l’a prêté à Sao Paulo et n’est pas du tout disposé à le reprendre, malgré un contrat de quatre ans.
La révélation : Markus Rosenberg
Plusieurs joueurs ont compensé la déception Carlos Alberto : le Portugais Almeida, l’Allemand Hunt, l’Ivoirien Sanogo, l’Autrichien Harnik, le Croate Klasnic mais surtout le Suédois Markus Rosenberg. Cet attaquant avait débarqué un peu dans l’indifférence générale en décembre 2006 en provenance de l’Ajax Amsterdam, où son manque de réalisme le reléguait souvent sur le banc. Il a incontestablement pris une dimension supérieure à Brême. Même s’il ne paie pas de mine, il est d’une redoutable efficacité devant le but et fait preuve d’une remarquable intelligence de jeu. Sa spécialité ? La talonnade à la Madjer.

Bayern Munich (1er, 76 points, Champion)

Bâtie à coups de dizaine de millions pour tout balayer sur son passage, l’équipe bavaroise a presque atteint ses objectifs avec les victoires en championnat, en Coupe d’Allemagne et en Coupe de la Ligue. Il n’a manqué que la Coupe UEFA. Parti en trombe, le Bayern a connu une fin de 1er tour difficile, se faisant rejoindre par le Werder lors de l’ultime journée et fêtant le titre de champion d’automne sous les sifflets de ses supporters à Berlin. Mais, au 2e tour, les Rekordmeister ont rapidement repris leur distance pour acquérir un titre qui ne souffre d’aucune contestation. Si le secteur offensif, sur lequel s’était concentré l’essentiel des dépenses pharaoniques, a parfois connu des ratés, la défense, qui suscitait quelques interrogations, a été impériale. Tout le monde reconnaissait que le principal adversaire du Bayern serait le Bayern. Il y a bien eu quelques FC Hollywooderies et querelles internes mais Ottmar Hitzfeld a su faire en sorte que cela ne perturbe pas trop les performances de l’équipe. L’ancien entraîneur du BVB peut donc quitter la Bundesliga par la grande porte.

Top-Spieler : Oliver Kahn
Lundi 6 août 2007, 23h15, Burghausen, en Bavière, près de la frontière autrichienne. Premier tour de la Coupe d’Allemagne. Le petit club local, le Wacker, qui évolue en Regionnalliga Süd, malmène le grand Bayern, qui vient d’effectuer la campagne de recrutement la plus onéreuse de l’histoire de la Bundesliga et de remporter le Coupe de la Ligue. On joue la séance de tirs au but, Demichelis vient de rater son penalty et si le dénommé Markus Palionis marque le sien, c’en est fait du Bayern et de ses stars. Le Lituanien tire plutôt bien mais Oliver Kahn sort un arrêt miraculeux. Dans la foulée, Lell marque et Kahn réussit un nouvel exploit sur le tir de Thomas Mayer, qualifiant le Bayern. Que serait-il advenu du Bayern en cas d’élimination à Burghausen ?
Une sévère crise, des grosses difficultés pour Hitzfeld, peut-être même un licenciement et une saison qui aurait pu partir en vrille derrière. Pour sa dernière année avant la retraite, Oliver Kahn a réussi une grande saison. Irréprochable, il a souvent sauvé son équipe dans les moments difficiles, comme lors de la prolongation en finale de Coupe, lorsque le Bayern était en train de craquer sous la formidable pression du public de Dortmund. Et sa rage de vaincre est restée intacte, son visage déformé par l’émotion et la tension après la qualification à Getafe en Coupe UEFA en témoigne. On lui a même prêté l’intention de rempiler pour une saison mais l’arrivée de son «ami» Klinsmann au Bayern l’en a sans doute dissuadé. On l’aime ou on ne l’aime pas mais c’est un grand du football, l’un des tous meilleurs gardien du monde de ces quinze dernières années, qui vient de tirer sa révérence.
Flop-Spieler : Jan Schlaudraff
Révélé avec Aachen en 2006, Jan Schlaudraff avait un peu attrapé la grosse tête après avoir signé un contrat au Bayern et fait ses débuts en équipe d’Allemagne. Ce qui avait contraint son entraîneur à l’écarter du groupe, précipitant la relégation de l’Alemania. Au Bayern, blessé en début de saison, il n’a jamais vraiment eu sa chance, se contentant de quelques apparitions sporadiques. Il faut dire que le système de jeu d’Hitzfeld avec deux demis défensifs, deux demis de couloir et deux attaquants ne laissait pas vraiment de place pour ce joueur qui n’est ni un véritable attaquant ni un milieu de couloir. Le 4-3-2-1 de Dieter Hecking à Hanovre, qu’il rejoindra la saison prochaine, lui conviendra mieux. Pour rebondir, il en a largement le talent.
La révélation : Christian Lell
Avec Andreas Ottl et Toni Kroos, c’est le joueur le moins coté de la constellation de stars bavaroise. Barré la saison passée par Sagnol et Lahm, il paraissait définitivement relégué sur le banc des remplaçants avec l’arrivée d’un troisième latéral international, Marcell Jansen. Mais les blessures de Sagnol et Jansen en début de saison lui ont offert une place de titulaire qu’il ne quittera plus guère, même après le retour des blessés. Christian Lell n’est pas le joueur le plus doué ou spectaculaire de l’effectif bavarois mais c’est le genre de porteur d’eau qui a si souvent fait défaut au Bayern. Non retenu pour l’Euro, il pourra regarder deux des favoris de la compétition, la France et l’Allemagne, aligner comme titulaires des joueurs, Sagnol et Jansen, qu’il a relégués sur le banc au Bayern !

Écrit par Julien Mouquin

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1 Commentaire

  1. « Ivica Olic(…), on l’avait un peu perdu de vue lors des quatre saisons passées au CSKA Moscou »

    Ouais, il a fait que gagner deux titres de champion de Russie et une coupe dEurope, hein !

    Mais bon, tu vas me dire que la Russie cest pas en Europe ?

    Ou alors cest juste une (très) basse provocation pour me faire réagir et cest plus que réussi !

    😉

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