Les médailles selon Bode Miller

Messieurs-dames, athlètes des JO de Pékin, voyons, un peu de retenue, un peu de calme, un peu de philosophie s’il vous plaît. Rendez-vous compte que vous êtes en train de vous étriper pour des médailles ? Pour de la simple ferraille ? Est-ce bien glorieux de vous réjouir ou de pleurer pour des bouts de métal ? Suivez plutôt l’exemple de Bode Miller.

L’Américain, lui, se contrefout des récompenses. Seuls le plaisir, l’adrénaline, l’émotion d’une course comptent aux yeux du meilleur skieur de l’hiver dernier. «Or, argent, bronze, qu’importe. Je ne m’élance pas pour des titres, mais seulement pour m’éclater», avait-t-il lâché lors des JO de Turin en 2006.Avant d’ajouter : «Je me suis amusé à Nagano en 1998, lors de ma première participation aux JO, quand personne ne me connaissait et que je faisais ce que bon me semblait. Ce sont les autres qui veulent que je gagne des médailles. Celles glanées à Salt Lake City en 2002 (deux fois l’argent) ne m’ont rien apporté.»
Autre exemple, lors de ses troisièmes JO en 2006, Bode s’était dit «parfaitement satisfait» de sa cinquième place en descente et «bien content de ne pas devoir faire deux heures de route pour aller participer à la cérémonie des médailles à Turin.» Ce qui, il est vrai, aurait passablement écourté sa soirée dans les bars de Sestrières.
C’est justement dans un bar que Bode avait littéralement perdu une médaille d’or à Bormio lors des Mondiaux en 2005. Après son titre en super-G, le coureur du New Hampshire s’était offert une soirée arrosée. Si arrosée qu’il avait oublié dans le pub sa veste dans laquelle se trouvait la fameuse médaille.


Bode en charmante compagnie…

Bode était retourné dans le bar au petit matin. En vain. Sa veste avait été volée. Finalement, pris de remords, le chapardeur était allé incognito le lendemain déposer la médaille (mais pas la veste) à l’hôtel des Américains.
En 2003, Bode avait égaré une autre médaille d’or, conquise en combiné aux Mondiaux de St-Moritz. Cette breloque-là n’avait pas été perdue dans un bar mais… dans les toilettes de sa maison dans le Tyrol autrichien. «Le couvercle de mes WC tombait sans arrêt. La médaille faisait office de contrepoids idéal», avait-il alors justifié, très sérieux.
Bref, Bode se moque des médailles comme de sa première paire de skis. On ne le verra jamais couiner de joie pour une médaille, encore moins bécoter un trophée. Quant à une quatrième place, elle ne lui vaudra pas même un soupir. «Je suis d’avis que le sport devrait être un plaisir privé. Je vivais mieux quand j’étais moins fort et moins connu, quand personne ne me réclamait d’autographes», lance-t-il. Avant de conclure, péremptoire: «La notoriété est un poison.»

Écrit par Alex DeLarge

Commentaires Facebook

7 Commentaires

  1. Magnifique Bode! Il a tout compris: pour lui, cest leffort qui est le but en soi, pas la récompense. Puisse lhumanité entière évoluer à ce niveau le plus rapidement possible!

    Comme dit le proverbe chinois: si larcher ne pense pas à la récompense avant de décocher la flèche, il touchera le centre à tous les coups. (bon, avec quand même un minimum dentraînement) 🙂

  2. Voilà un petit papier comme on les aime, sur un artiste-athlète fort en couleur et en descente.
    VIVEMENT LHIVER!
    Si seulement il y avait un peu plus de place pour le charisme de ces grands champions dans cet saloprie de système médiatico-télévisuel…je crois que je me ferais moins chier devant les JO…

  3. Merci à la rédaction de transmettre cet excellent article à Roger Federer qui naura pas loccasion de perdre la médaille du simple dans les bars chinois ni dans la cuvette des chiottes !!!

    Au fait, cest qui la belle blonde en slip et soutif noirs sur la page daccueil ?

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.