Que de regrets…

Une ambiance de feu, une ouverture du score aussi magnifique que précoce et un Bayern Munich réduit à 10 depuis la 23e : le Borussia Dortmund semblait avoir toutes les cartes en mains pour s’offrir le scalp des Rekordmeister et s’installer en tête du classement. Mais, pour avoir trop reculé, le BVB concède une égalisation de raccroc. Un match nul aux relents de défaite, dira plus tard le nouvel entraîneur dortmundois Jürgen Klopp.

J’avais évoqué le sujet la semaine passée, cela s’est confirmé samedi, un cataclysme s’est bel et bien produit durant l’été au Westfalenstadion : la Brinkhoff’s a remplacé la fameuse DAB dans les buvettes de l’antre mythique du Borussia Dortmund. Un futur post-doctorant de l’université de Dortmund m’a expliqué un jour que, malgré son nom, la Dortmunder Aktien-Brauerei n’était pas une véritable bière locale car partiellement brassée à Hagen, une quinzaine de kilomètres plus au sud, contrairement à la Kronen et la Brinkhoff’s, produites elles en ville. Il n’empêche, même si cette Brinkhoff’s est plutôt excellente, plus de DAB au Wesfalenstadion, c’est un univers qui s’effondre.

Un stade en ébullition

C’est la 4e année consécutive que j’assiste à Dortmund – Bayern au Westfalenstadion, je crois que je ne m’en lasserai jamais. Depuis quelques saisons, le BVB ne concourt malheureusement plus tout à fait dans la même catégorie que les Munichois. Mais, fierté oblige, pas question de laisser les Rekordmeister venir imposer leur loi au Westfalenstadion. Alors, pour compenser l’infériorité de leur équipe, les supporters dortmundois mettent le feu afin de rendre possible l’impossible. Et quand ça marche et que le BVB arrive à accrocher le Bayern (ce qui est assez fréquent au Westfalenstadion), alors l’ambiance atteint des hauteurs stratosphériques.

Une défense biberon

Cette saison cependant, le calendrier a agendé Dortmund – Bayern (qui se joue pour la 21e fois d’affilée à guichets fermés) lors de la deuxième journée du championnat ; du coup, le BVB n’accuse pas déjà 20 points de retard sur les Rekordmeister. Mieux, vainqueur 3-2 à Leverkusen en ouverture de saison, le Borussia possède deux longueurs d’avance sur le Bayern, tenu en échec par Hambourg (2-2). Cela n’empêche pas le Bayern de présenter une équipe beaucoup plus forte sur le papier que celle du BVB : les Bavarois se paient le luxe de laisser Podolski sur le banc, alors que le Borussia aligne Valdez et Zidan en attaque, deux joueurs rarement titulaires la saison dernière. Et la défense dortmundoise est particulièrement juvénile : devant le gardien remplaçant Marc Ziegler, on trouve l’«ancêtre» Antonio Rukavina (24 ans), Mats Hummels (19 ans), qui évoluait encore en Regionalliga avec Bayern Munich II il y a quelques mois, Neven Subotic (19 ans) et Marcel Schmelzer (20 ans), 108 minutes d’expérience en Bundesliga à eux deux.

Traumtor

Et pourtant, c’est Dortmund qui va réussir la meilleure entame de match. Poussés par leur public, conquérants, gagnant tous les duels, les Dortmunder mettent d’emblée le Bayern sous pression. Arrivé quelques jours plus tôt de Hambourg, Mohamed Zidan en fait voir de toutes les couleurs à la défense bavaroise. Après une saison 07-08 décevante sur les bords de l’Elbe, le petit Egyptien paraît retrouver son meilleur niveau en même temps que son entraîneur fétiche Jürgen Klopp, qui est un spectacle à lui tout seul sur son banc de touche. Cet allant offensif trouvera rapidement une juste récompense : un contrôle manqué de Valdez se transforme en assist pour l’homme en forme de ce début de saison au BVB, le Polonais Jakob «Kuba» Blaszczykowski. Sa volée somptueuse va se figer en pleine lucarne, faisant chavirer le Westfalenstadion. Un Traumtor, comme on dit dans le jargon d’outre-Rhin.

Deux billets en un

Vexé, le Bayern réagit avec une volée d’Ottl, détournée par Ziegler. Ce qu’il y a de bien quand tu vas voir le Bayern, c’est que pour le prix d’un seul billet, tu assistes en même temps à un match de football et à une représentation de cirque. Jugez plutôt : 6e seconde, 1ère faute de Luca Toni, 9e minute 1ère simulation de Toni, 20e première agression de van Bommel, un tacle assassin sur Kehl, 22e première agression de Toni, qui laisse traîner le pied sur Ziegler (dont il avait déjà esquinté le genou à deux reprises en six jours l’an dernier), 23e deuxième agression de van Bommel, un coup volontaire au visage d’Hajnal, synonyme de 2e avertissement et d’expulsion, auf Wiedersehen, merci d’être passé. Depuis qu’il a été intronisé capitaine du Bayern, le Hollandais en est à quatre avertissements en trois matchs officiels, bel exemple. 31e, deuxième simulation de Luca Toni : dépossédé du ballon sur un tacle régulier de Subotic, l’Italien s’effondre et réclame le changement à son banc. Trente secondes plus tard, il se recoiffe en demandant son retour au jeu. Une minute après, l’ex-grand blessé pique un sprint pour aller poser une vilaine semelle sur un joueur adverse. 72e troisième simulation de Toni, qui lui vaut enfin un avertissement. Le pire, c’est que pour une fois il paraîtrait qu’il n’était pas tombé tout seul. A force de crier au loup…

Dortmund recule

Inconsciemment, après son entame de match tonitruante, le BVB va reculer. Comme s’il pensait qu’en menant au score et en gagnant 1-0, il ne pouvait rien lui arriver. Certes, Dortmund s’est créé quelques occasions de faire le break, un tir dévié de Valdez juste au-dessus, un arrêt de Rensing (qui n’a jamais perdu en étant titulaire au Bayern) devant Kuba, un sauvetage sur la ligne de Schweinsteiger sur une reprise de Kringe. Mais, même à 10 la domination territoriale est clairement bavaroise en 2e mi-temps. Les Munichois gagnent beaucoup plus de duels, les corners et les ballons dans les seize mètres dortmundois se multiplient. Et ceci, c’est toujours très périlleux contre le Bayern Munich car, même lorsqu’il n’est ni brillant ni dangereux, celui-ci peut toujours marquer sur un but de raccroc.

Borowski en sauveur

Et c’est ce qui va se produire : après un corner et une première reprise de Lucio, Tim Borowski parvient à glisser le ballon dans un trou de souris pour l’égalisation. Celui qui a dû être particulièrement réjoui de ce but, c’est l’entraîneur bavarois Jürgen Klinsmann. Car on n’avait pas trop compris pourquoi il avait fait entrer le transfuge du Werder Brême à la pause en lieu et place du transparent Klose, alors que son équipe était menée au score et qu’il disposait de solutions plus offensives sur le banc, comme Kroos ou Podolski.

Finalement, le pari de densifier le milieu de terrain pour reprendre le contrôle du jeu et freiner les ardeurs adverses s’est avéré payant. Klinsi échappera donc au flot de critiques qui n’aurait pas manqué de s’abattre sur lui en cas de défaite au Westfalenstadion. Car plus rien n’a été marqué : sans doute en surrégime en début de rencontre et n’ayant pas les moyens de tenir 90 minutes à cette cadence, le BVB ne possédait plus les ressources pour repartir à l’abordage et doit donc se contenter d’un nul qui, sur l’ensemble du match, n’est pas illogique. Même s’il laissera bien davantage de regrets du côté de Dortmund que du côté du Bayern.

Borussia Dortmund – Bayern Munich 1-1 (1-0)

Signal Iduna Park : 80’552 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Fandel.
Buts : 8e Blaszczykowski (1-0), 74e Borowski (1-1).
Dortmund : Ziegler ; Rukavina, Subotic, Hummels, Schmelzer ; Blaszczykowski (77e Owomoyela), Kehl, Hajnal, Kringe ; Zidan (64e Sadrijaj), Valdez.
Bayern : Rensing ; Lell, Lucio, van Buyten, Lahm ; Altintop (64e Kroos), Ottl, van Bommel, Schweinsteiger ; Klose (46e Borowski), Toni (77e Podolski).
Cartons jaunes : 20e van Bommel, 35e Rukavina, 68e Hummels, 72e Toni, 81e Kroos, 85e Lahm.
Carton rouge : 23e van Bommel (2e avertissement).
Notes : Dortmund sans Weidenfeller, Dede, Frei ni Tinga (blessés), le Bayern sans Sagnol, Butt, Ribéry, Demichelis (blessés), Breno ni Sosa (aux JO).

Écrit par Julien Mouquin

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2 Commentaires

  1. Aaah, cher Julien, comme je tenvie dassister à tous ces grands matches de Bundesliga, et plus particulièrement celui-ci, cest vrai que Dortmund-Bayern ça doit être quelque chose niveau ambiance…
    Ton article est excellent comme dhab, bon, à part ton habituel « à priori » défavorable à Luca Toni, qui simulerait beaucoup plus que dautres, bien sûr bien sûr; on se refait pas, hein Julien? 😉

    A tout bientôt, tu sais ou. Amitiés.

  2. a noter en liga 3 (meilleur championnat du monde)la victoire de BAYERN II contre ……………….EINTRACHT BRAUNSCHWEIG devant 16200 personne a la Hamburger strasse sur le score de 0 a 1 un week end a oublier pour l equipe numero 1 du Niedersachsen ahahhahha au chi….96 et Wolfsburg…

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