Serie A, 1ère journée : les favoris tenus en échec

Pour une première journée du Calcio, on peut dire qu’il y a eu des surprises, avec pas mal de buts et des matches parfois très spectaculaires. Surtout, pour la première fois depuis que Berlusconi a des implants (des lustres, donc), aucun des gros bras ne s’est imposé d’entrée…

Le match-phare : Fiorentina – Juventus 1-1

D’ordinaire, à cette période de l’année, les clubs italiens ne sont pas encore bien posés du point de vue physique. Mais dimanche soir à Florence, on a vu un match intense, âpre, engagé, plein de testostérone, un vrai combat de mois de février. La Viola et la Vieille Dame ont certes dû toutes deux avancer leur préparation pour cause de préliminaires de CL (passés avec succès), mais c’est surtout pour se poser en véritables ténors que les deux équipes sont entrées sur la pelouse florentine, et un choc au sommet dès le départ, ce n’est jamais facile à négocier.
Du coup, la partie ressemblait plutôt à un Karpov-Kasparov qu’à autre chose, et ne voyait pas des masses d’occasions de but. C’est sur la première d’entre elles que la Juve, après avoir contenu assez aisément les velléités des Florentins, trouvait l’ouverture à la demi-heure. La connexion tchèque fonctionnait à haut débit quand le latéral Grygera transperçait à droite, temporisait avec intelligence et servait au ras du sol le «papy» Nedved, esseulé au 2e poteau et toujours pas près d’entrer dans son bocal de formol. Frey et sa défense ne pouvaient que regarder, et le coach Prandelli commençait à se gratter la tête, d’autant plus que les minutes s’égrenaient et que son équipe séchait devant l’équation défensive posée par la bande de Ranieri et l’énorme gardien Buffon, déterminant et propre.
Le cuir chevelu de Prandelli devait même présenter quelques débuts de croûte lorsque Felipe Melo, excellent dans l’entrejeu mais souvent à la limite de la brutalité (voire au-delà), se faisait expulser à quelques minutes de la fin pour une vilaine faute sur Poulsen, pourtant pas réputé comme une fillette mais qui aurait bien pu y laisser une jambe. Derrière un Camoranesi déchaîné, la Juve tentait de tuer le match, mais Del Piero et le très bon Amauri butaient sur un titanesque Frey, qui par ses parades gardait les siens dans la partie. Et malgré l’infériorité numérique, la Fiorentina parvenait à égaliser à la 89e, grâce à un but splendide, un vrai geste de buteur de Gilardino : bien servi d’une remise de la tête par le combatif Pazzini, celui qui sera bientôt le plus grand regret d’Ancellotti protégeait dans les 16 mètres son ballon, dos au but, et dans la même extension de la jambe, se décalait la balle sur le pied droit, pivotait et expédiait en un clignement d’oeil la sphère dans le petit filet, hors de portée de Buffon. Explosion dans toute la ville de Florence.
La hargne affichée sur le visage de Gila après ce but de beach-soccer en disait long sur la volonté du buteur de se rappeler au bon souvenir de toute la Serie A – parions que ce but ne sera de loin pas le dernier. Quoiqu’il en soit, match nul entre ces deux clubs très solides (et pourtant privés de plusieurs éléments-clé, citons seulement les Trezeguet, Chiellini et Mutu), qui sont appelés à jouer les premiers rôles cette saison.


Papy Nedved a marqué 

AC Milan – Bologna 1-2

Bon, je ne vais pas dire que je l’avais dit, ce n’est que la première journée et d’ailleurs Milan a produit du jeu et peut très légitimement s’estimer mal payé. Mais voilà, Milan a perdu, à domicile, contre un prétendu petit club. Pas le meilleur moyen de lancer la rédemption, sauf si on veut raviver les démons de la saison passée.
Privé de Kaka, Ancellotti pouvait quand même aligner Ronaldinho, et il faut dire que Ronnie a été carrément époustouflant. Déjà, on ne l’a presque pas vu marcher du match (les connaisseurs apprécieront). Mais surtout le Brésilien, actif, inspiré, collectif, omniprésent, aurait pu compter au moins 4 assists au final, tellement il avait à cœur de faire briller ses coéquipiers et de conquérir l’effectif comme le public milanais. Mais devant, Inzaghi puis Shevchenko, de retour dans le stade qu’il n’aurait peut-être jamais dû quitter, se sont montrés trop mal inspirés ou malchanceux pour tirer pleinement profit des offrandes du titulaire de la plus belle dentition du foot mondial.
C’est à Ambrosini – de la tête bien évidemment, sur un centre distillé par Ronaldinho – que Milan doit d’avoir répondu à l’ouverture du score bolognaise, signée du divin pied gauche du briscard Di Vaio. Mais après avoir poussé tant et plus, sans succès, les Milanais voyaient Valiani (1er match en Serie A) inventer une papinade à une douzaine de minutes du terme : un missile venu d’ailleurs, en demi-volée à plus de 20 mètres, qui allait se loger dans la lucarne d’un Abbiati incrédule. Stupeur et tremblements à San Siro – y a-t-il désormais une malédiction pour les rossoneri dans leur antre, si même Bologne en repart vainqueur ?


Premier couac du Milan d’Ancellotti

AS Roma – Napoli 1-1

Sans son capitaine et cerveau Francesco Totti, la Roma n’a pas convaincu son Stadio Olimpico dimanche. Imprécise, un peu molle, parfois à la rue en défense, l’escouade de Spalletti peut franchement remercier son gardien Doni d’avoir sorti, d’une manchette hallucinante, ce qui ressemblait fort à un superbe autobut de Philippe Mexès, puis de s’être brillamment interposé sur les tentatives napolitaines, de l’intenable Lavezzi notamment. Mais on l’avait dit, la secte du Pibe de Oro a des ressources et des arguments, et créera encore des surprises cette saison.
Les jeunes gamins de Rome s’illustraient rapidement, De Rossi (incroyable d’intensité, on dirait un Gattuso en plus jeune et avec de meilleurs pieds) transmettant à Aquilani pour l’ouverture du score. On se disait que la Roma allait dérouler, mais pourtant elle ne trouvait jamais la bonne carburation, comme si on l’avait trépanée. Baptista inopérant, Pizzarro largué en phase défensive (encore plus que d’habitude), Vucinic mal à l’aise, rien ne semblait fonctionner vraiment. Les Napolitains sentaient l’odeur du sang, ne se démontaient pas et trouvaient la juste récompense de leurs efforts par Hamsik, le nouveau-venu, qui reprenait acrobatiquement son propre tir parti chatouiller la transversale.
La Roma devra faire mieux si elle veut jouer le titre. Gageons que le retour de Totti apportera dès la prochaine journée la créativité qui manque, après tout on est très loin de parler ici de Pedretti. Mais une fois de plus, on le constate, la Roma est trop souvent Totti-dépendante, et cela lui jouera peut-être des tours…

Sampdoria – Inter 1-1

Déplacement difficile dans un stade surchauffé pour le champion en titre, samedi à Gênes. Car autant l’Inter a donné l’habitude de jouer particulièrement mal au moment où on l’attend le moins, autant la Samp fait partie des ovnis du championnat, capable de mettre n’importe qui dans ses petits souliers, et le week-end suivant de perdre 0-4 contre la Reggina par exemple (désolé pour les fans calabrais mais il fallait bien en choisir un pour la vanne).
Et dans ce match qui a encore vu le terrible Ibrahimovic marquer, en première mi-temps, la Sampdoria n’a rien volé, loin de là. Le stade Marassi ne s’est jamais tu, jamais assis quasiment, et a poussé ses protégés comme jamais. L’Inter est un club allié, mais quand même, taper le champion à domicile devant son public, ça aurait été du plus bel effet, et les Gênois ont tout tenté pour y parvenir, mettant parfois une sacrée pression sur le camp adverse et faisant preuve d’une grande force mentale. L’égalisation de Delvecchio à 22 minutes de la fin tombait comme un fruit mûr et était parfaitement justifiée. Ce match aurait pu basculer dans le camp milanais sur un détail, un pétage de plombs de Cassano par exemple, mais rien ne semblait pouvoir priver les Gênois d’un résultat positif – certains joueurs de la cité portuaire avaient même l’air déçus à la fin, c’est dire.
Mourinho tirera probablement des enseignements de cette rencontre assez décevante pour les siens en termes de jeu, en tous cas il a rempli quelques carnets de notes (sûrement des idées sur la façon de placer la nouvelle recrue, le Portugais de Porto Quaresma, signé in extremis). On peut dire que pour le standing de l’Inter, ce sont deux points perdus, mais les nerazzurri se consoleront en regardant le classement et en y voyant leurs rivaux romains et turinois avec un point comme eux, et surtout leurs voisins de l’AC en fond de classement. «Cheap thrills»…


Les supporters gênois ont vibré !

Cagliari – Lazio 1-4

Que dire sans avoir envie de pleurer… La Lazio est en tête du classement suite à cette convaincante victoire contre la faible équipe de Cagliari. Les Sardes vivent sur une île splendide et ont un très joli petit stade, mais sérieusement, il est difficile de les voir encore en Serie A la saison prochaine… Mais tout de même, la Lazio a maîtrisé son sujet, réagissant de fort belle manière à une amnésie collective en première mi-temps qui les menait à la pause avec un but de retard, dû à Larrivey à la demi-heure. L’Argentin Zarate (doublé), Foggia puis finalement le fidèle Pandev donnaient au score des allures de correction.
Notons la titularisation sur le flanc droit de Lichtsteiner, auteur d’un bon match et parti pour s’imposer dans le club de la capitale, sauf pépin physique. C’est bon pour la Nati ça…

Udinese – Palermo 3-1

Cette équipe d’Udine est vraiment chouette, et le public frioulin aussi. Complètement en transe avant le match, les spectateurs d’Udine se fendaient d’une ovation énorme pour leur star Di Natale, resté au club après avoir été fortement courtisé par de plus grosses écuries cet été. Et le petit international leur rendait la monnaie de leur pièce en se faisant l’auteur d’une première mi-temps de feu, impressionnante, une mi-temps de titulaire en sélection. Individuellement la meilleure prestation de cette première journée de championnat.
Di Natale courait comme un dératé, dribblait comme si on lui avait greffé des mains à la place des pieds, se trouvait toujours intelligemment placé et inscrivait deux superbes buts dans la première moitié du match (dont un lob splendide directement après le contrôle sur une passe de 50 mètres de D’Agostino). De quoi faire fondre de bonheur le stade Friuli.
Mais une sorte de coup de billard permettait aux Siciliens, franchement décevants dans ce match et clairement pas encore rôdés, de réduire la marque avec réussite, vers l’heure de jeu, grâce à Bresciano (un Australien, comme son nom l’indique).
Ah, une occasion de douter pour l’Udinese ? Que nenni ! Dans la minute suivante, Gökhan Inler reprenait un corner magnifiquement botté par D’Agostino (exceptionnel dans cette rencontre) pour inscrire le but de la sécurité et rappeler que lui aussi aurait pu partir, avant de décider de rester. Peut-être une excellente idée puisque l’Udinese semble forte et équilibrée cette année, et surtout une excellente nouvelle pour la Nati, là encore… Dans cette même optique, notons que Nef a fait ses débuts en Serie A en entrant dans le dernier quart d’heure.


Inler : un but et un excellent match

Autres résultats en bref

Atalanta – Siena 1-0. Un commentaire sur Siena ? Ça me ferait presque mal aux doigts. Cher lecteur, va donc voir plus haut le commentaire sur Cagliari, et évacue simplement ce qui touche à l’insularité. Sienne va souffrir pour rester en Serie A… Le buteur bergamasque : Padoin.
Catania – Genoa 1-0. Un match qui sentait déjà la peur de la barre. Les Siciliens s’en sortent grâce à Mascara, un fidèle du club, et la ville du pied de l’Etna peut passer une semaine à sourire. Le week-end suivant, déplacement à San Siro contre l’Inter, ça va être autre chose…
Chievo – Reggina 2-1. Dans le sillage d’un excellent Pellissier, les Véronais ont fait bonne impression, remportant la victoire face à un club réputé petit mais qui n’a pas démérité, ouvrant même la marque par Corradi, avant de voir le Chievo renverser la vapeur par Marcolini et Italiano (le bien-nommé). Mais il faut noter la prestation complètement pathétique de l’arbitre M. Celi. Même en Challenge League on l’aurait jeté dehors à coups de protège-tibias. Ridicule et d’autant plus dur pour la Reggina, qui aurait pu (dû) bénéficier de deux penalties souverainement survolés par l’homme en noir…
Torino – Lecce 3-0. Belle démonstration de force du Toro, qui dynamite le petit Lecce, bien aidé il est vrai par la monumentale erreur du défenseur des Pouilles Diamoutene, qui a voulu voir ce que ça faisait de dévier un centre de la main en tendant le bras. Eh bien, ça a fait penalty, transformé par Rosina, et ça a surtout ouvert la voie aux Turinois, qui se sont ensuite mis à l’abri par Zanetti puis par l’inévitable Rolando Bianchi. A noter l’arrivée au Toro de l’ex-Zurichois Blerim Dzemaili, dans les dernières heures du mercato.

La prochaine journée :

Samedi 13 septembre :
Palermo – Roma
Inter – Catania
Dimanche 14 septembre :
Bologna – Atalanta
Genoa – Milan
Lazio – Sampdoria
Lecce – Chievo
Napoli – Fiorentina
Reggina – Torino
Siena – Cagliari
Juventus – Udinese

Écrit par Gian del Mulo

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6 Commentaires

  1. Hamsik, un nouveau venu ? Il me semble quil était déjà au Napoli lan passé ou quil nest pas entré en cours de jeu !

    Sinon article dune grande qualité et très agréable à lire ! Merci !

  2. @ carhartt871

    Alors Hamsyk sécrit avec un « Y » et il était déjà à Napoli la saison passée.. il était convoité par la Juve cette été mais pas longtemps..

    Autrement excellent article!!

    Forza Roma

  3. @ fcc82

    Tu remarqueras que jai fait un copier coller de larticle, cest pourquoi je lai écrit avec « i ». Je savais très bien quil était déjà au Napoli et quil était convoité par la juventus mais bien dautre équipes européennes lan passé mais je minterrogeais pourquoi cest noté  » le nouveau venu « .

  4. Merci pour vos commentaires.
    Effectivement Hamsik était déjà au Napoli la saison passée (9 buts) mais si jai mis le nouveau-venu cest aussi une histoire de copier-coller – jai coupé au mauvais endroit, dans une tentative que jespère louable de ne pas trop métaler comme jai tendance à le faire. Las, cétait foireux haha…
    Quant à lorthographe du nom du joueur slovaque, jai trouvé les deux, avec Y et avec I. Cest le Y qui prime? Autant pour moi…
    Merci pour vos précisions et à bientôt
    🙂

  5. Merci pour cet article.
    Je sens que je vais définitivement devenir un transfuge.
    Lire des articles construits et ne pas buter sur une faute dorthographe tous les 3 mots, cest presque trop…
    Merci les Helvètes !

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