Le leader piqué par le LHC

Dans un contexte émotionnellement fort, le LHC est parvenu à dépasser sa fébrilité mentale en s’imposant avec la manière face au leader dans un match qu’il n’avait pas le droit de perdre. Les Vaudois recherchaient depuis longtemps LA victoire-référence sur laquelle baser son travail futur. Serait-elle arrivée en ce 2 novembre 2008 ?

La nouvelle tombée en ce dimanche jeta un froid considérable dans les rangs du LHC et du hockey en général. L’un des principaux sauveur du club lausannois rejoignit un monde meilleur une année jour pour jour où ce dernier fit un véritable tabac lors son discours en Vaudois lors du dernier repas de soutien du club. Pour l’occasion, Lausanne arbora un maillot blanc muni d’un brassard noir.
Merci pour tout, Jim
Du côté chaux-de-fonnier, avec seulement 9 petites unités lâchées depuis le début de saison, la cité horlogère se surprend elle-même en flagrant délit d’ambition et pousse même le vice jusqu’à faire mention du bout des lèvres d’un terme tabou jusqu’alors : promotion ! N’oublions pas qu’à l’instar du LHC, le spectre de la faillite a également reniflé les talons du club haut-neuchâtelois, et qu’il a fallu repartir de zéro. Maintenant, le directoire des Mélèzes se met aussi gentiment au concept VIP pour choyer ses plus importants sponsors et se donner davantage de moyens. L’incontestable favori de cette saison était donc attendu au tournant par des Lions en quête de stabilité.

Un LHC dominateur

Une première période dominée par le LHC s’acheva sur un score nul et vierge, mais ce n’est pas faute d’avoir essayé. Miéville, Schilt puis Mikkola, seuls, se sont heurtés tour à tour au très bon Kohler. L’ouverture du score par Bochatay en début de second tiers-temps à la suite d’une grossière bévue défensive lausannoise (désolé pour le pléonasme) se fit contre le cours du jeu. Les Vaudois renversèrent la vapeur en 5 minutes sur deux supériorités numériques parfaitement exploitées par Yake et Mikkola. Dans cette deuxième période équilibrée, les Neuchâtelois du haut, comme à l’accoutumée, prirent une longueur d’avance en profitant à merveille des errements défensifs lausannois grâce à deux buts signés Neininger et Vacheron en l’espace de 17 secondes.

Dès la troisième période, il n’y eut qu’une seule équipe sur la glace : Lausanne. Dominatrice autant physiquement que techniquement, la troupe de Gélinas égalisa logiquement par une subtile déviation de Gailland à la 45ème minute sur un tir de Villa. Les Neuchâtelois se contentèrent de procéder par contre, mais en se montrant toutefois dangereux sur chacune de leurs percées. Bien aidés par un excellent Walter, les Lausannois maintinrent la pression. C’est en double avantage numérique que Rüfenacht donna l’avantage à ses couleurs, Yake se chargeant ensuite de clore la marque dans le but vide.
Hier soir, le LHC a montré des qualités qui lui ont souvent fait défaut par le passé, soit la solidarité et une bonne maîtrise mentale, la tragique disparition de Jim y étant certainement pour quelque chose. Pour la première fois de la saison, le LHC peut se targuer d’avoir gagné grâce à ses étrangers. J’avoue avoir été un indécrottable partisan de la venue de Tuomainen du côté de Malley, malgré le souvenir qu’il a laissé ici même il y a 4 saisons. Force est de constater que les actions de Mikkola – sans être exceptionnel – s’avèrent être en nette hausse, une fois ce dernier affublé de Terry Yake. L’option de conserver le Finlandais et d’avoir trois mercenaires jusqu’à la fin de la saison pourrait être une option gagnante. Seul bémol, la prestation défensive générale qui ne peut qu’être perfectible, à l’image d’un Lardi dont le fait d’avoir tiré le numéro 444 de la tombola du repas de soutien constitue sa seule bonne inspiration jusqu’à présent. Trunz reste désespérément égal à lui-même, soit à 1000 lieues de son meilleur niveau.
Autre tentative d’explication : la valse des défenseurs dans le club vaudois. Il faut dire que les conditions initiales étaient d’emblée défavorables avec les recrutements précipités de Grieder et Bernasconi. Ce dernier s’en est allé voir si le soleil sierrois y brillait plus intensément alors que l’ancienne souris indésirable évolue de manière irrégulière au gré des blessés lausannois. À peine remis sur pied, Morandi a de son côté été parqué au Voyebeouf jusqu’à la fin de l’année. Ajoutez à cela un pigiste genevois et deux autres éléments évoluant à cheval entre les juniors élites et la première équipe, et vous admettrez sans peine qu’en matière de stabilité dans le secteur défensif, on a déjà vu mieux. Cependant, Leeger et Villa s’affirment de plus en plus au fil des rencontres.

Fait inhabituel du côté des pensionnaires des Mélèzes, les Meuqueux viennent de concéder leur deuxième défaite en trois matchs. Roy et Forget parurent physiquement émoussés alors que le jeune Chiriaev a semblé être atteint d’une Conzite aiguë en ignorant tout sens collectif dans le jeu. Il sera dès lors intéressant de voir comment vont réagir les joueurs du HCC qui ont pour l’instant fait une forte impression. De plus, tout va si vite maintenant avec les victoires à 3 points…

Un après-match émouvant

La minute de silence fut déjà forte en émotions. Mais que dire de la fin du match où les joueurs lausannois ont rendu un vibrant hommage à Jim Koleff par banderole interposée… Participant activement à ce moment de communion, les supporters chaux-de-fonniers ont fait preuve d’un état d’esprit remarquable en restant dans l’enceinte de Malley et en scandant le nom du regretté Canadien. Espérons que les spectateurs éclairés n’aient pas porté une grande attention à la poignée d’imbéciles lausannois qui ont cru bon d’allumer les fans adverses après cela. Un beau match, des buts, des retournements de situations, le tout dans un excellent état d’esprit doublé d’un fair-play exemplaire, des matchs comme celui-ci et au-delà du résultat, on en redemande. À titre personnel et sur près de deux décennies, il y a une poignée de matchs qui resteront gravés dans ma mémoire pour toujours, les meilleurs comme les pires. Même si l’enjeu comptable de ce derby romand n’était que secondaire, ce match en fera partie, du fait du contexte si particulier de cette rencontre et de tout ce qui s’est passé sur et hors de la glace.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne – Chaux-de-Fonds 5-3 (0-0 2-3 3-0)

Malley : 5702 spectateurs

Arbitres : M. Koch, assisté de MM. Grossniklaus et Jetzer

Buts : 24e Bochatay (E. Chiriaev) 0-1. 28e Mikkola (Yake, Miéville / 5c4) 1-1. 33e Yake (Mikkola, Rüfenacht / 5c4) 2-1. 37e Neininger (Vacheron, Forget / 5c4) 2-2. 37e Vacheron (Fäh) 2-3. 45e Gailland (Villa, Miéville / 5c3) 3-3. 55e Rüfenacht (Yake, Miéville / 5c3) 4-3. 60e Yake 5-3.

Pénalités : 5 x 2′ conte Lausanne; 8 x 2′ contre Chaux-de-Fonds

Tirs cadrés : 35-28

Lausanne : Walter; Trunz, Lardi; Schilt, Leeger; Heyen, Villa; Rüfenacht, Yake, Mikkola; Lüssy, Staudenmann, Baumann; Bonnet, Miéville, Gailland; Frunz, Zeller, Suri; Mano.

Chaux-de-Fonds : Kohler; Membrez, Vacheron; Hostettler, Fäh; Daucourt, Du Bois; Émery, Morant; Neininger, J. Roy, Schild; Pochon, Forget, Turler; Fuchs, Pasqualino, Lussier; Müller, E. Chiriaev, Bochatay.

Notes : Lausanne sans Chavaillaz (juniors élites), Sigrist, Tremblay, Schäublin (blessés) ni Grieder (repos). Chaux-de-Fonds sans V. Chiriaev (blessé), Loichat (juniors élites) ni Yerly (avec Franches Montagnes).

Écrit par Mathieu Nicolet