Belgique : les chants de la honte

La cohésion nationale, c’est décidément pas le truc des Belges… C’est pas qu’on s’entend pas entre nous, hein, mais bon, des fois, on serait tentés de sortir un peu de nos gonds quand même. Enfin, rien de neuf en somme. Rien ? Ah si, la crise communautaire qui gangrène le pays depuis des années, mais qui a pris une tournure tragicomique depuis 2007, s’est invité au cœur du monde du football : dans les stades, et ça, moi, ça a une très légère tendance à me gonfler…

Pour commencer, amis profanes, qu’est-ce qu’un Wallon ? Je veux pas faire un cours de géopolitique, ne vous en faites pas, mais c’est important pour comprendre… Un Wallon, c’est un type qui parle français (ou allemand, mais faut les trouver, ceux-là) qui vient de la moitié sud du pays : la Wallonie. Ils cohabitent avec les Flamands néerlandophones du nord et les Bruxellois, supposément bilingues, au milieu… Ne vous en faites pas, hein, j’y viens, à ce qui me chiffonne…Les différentes parties du pays sont toutes représentées dans la Jupiler League, injustement sous-estimée. Du coup, il y a des transgressions de frontières, puisque les supporters Wallons vont parler français en Flandres et vice-versa. Vous savez quoi ? Chez nous, en Belgique, ça pose quelques menus problèmes. Lors du match opposant ce weekend Lokeren et le Standard de Liège, dans les « Charmilles flamandes » du Daknam, l’arbitre s’est adressé au speaker. Ce qu’il a dit ? En gros « Alleï, fieu, dis une fois à tes dikke papzak de supporters que si y se taisent pas, hein, j’arrête le match…. Ca c’est quand même pas possib’  hein, vous autres » (mais en flamand).
Pourtant, en signe d’ouverture linguistique et communautaire, on n’avait rien vu d’aussi encourageant dans ce pays depuis des années… En effet, les supporters flamands de Lokeren chantaient en … français, et ça, c’est un beau geste d’ouverture…

« LES WALLONS, C’EST DU CACA »

Bon, c’est vrai que les paroles de leur chanson laissaient un peu à désirer, mais je vous assure que des insultes EN FRANÇAIS, c’est déjà du signe d’ouverture de première classe… On nous dit toujours que le premier truc à apprendre dans une langue, c’est les insultes, et vu comme c’est parti, au match retour, les fans de Lokeren déclameront du Racine. Moi, je dis bravo.
Enfin bon, le speaker a relayé le message de ce rabat-joie d’arbitre, et – surprise – la foule a changé d’attitude, aussi vite que je l’ai fait quand j’ai croisé ma belle-mère un samedi soir en boîte… Et le match a donc pu se dérouler jusqu’au bout, sans plus trop de problèmes à signaler.
Ca peut sembler être une petite anecdote, comme tout stade qui se respecte en voit, c’est vrai. Le problème, c’est que c’est pas la première fois cette année… La confrontation Belgo-Belge (entre Wallons et Flamands, donc) entre le néo-promu Tubize (sorte de FC Baulmes, s’ils étaient montés en Romande Energie Super League) et le Racing Genk avait déjà été émaillé de ce genre de politesses, il y a deux semaines. J’en déduis que la collection automne-hiver de la « connerie dans les stades » est bel et bien lancée et que la mode, cette année, elle craint.
C’était l’anecdote, pour ce qui est du foot, Lokeren a obtenu un match nul de plus (spécialité du club) face au Standard qui est donc 2ème.

GODVERDOM, ON JOUAIT AUSSI

Enfin, j’essaie de pas oublier l’on assiste en Belgique à un championnat de toute beauté et plein de suspens, avec 4 équipes qui se tiennent en 2 points ! Et le choc tant attendu entre le Club Brugge, leader et Anderlecht a tenu quelques-unes de ses promesses… enfin, pour les supporters du Standard et de la surprenante équipe de Westerlo, 3é. Match nul 1-1 qui n’arrange personne mais soulage tout le monde. Rien n’est donc dit en Belgique et rien ne le sera avant que le mercato d’hiver ne redistribue quelques cartes, c’est certain.

Écrit par Arnaud Antonin