Va à Munich pour la Wies’n, pas pour le foot

Lors de ses innombrables pérégrinations germaniques, CartonRouge.ch n’était encore jamais allé à l’Allianz Arena munichoise. Cette lacune est comblée depuis le Bayern – Cottbus de samedi. On n’en gardera pas un souvenir impérissable. Si l’on retourne à Munich, ce sera uniquement pour l’Oktoberfest.

Depuis le temps que j’écume les stades allemands, il fallait quand même que j’aille une fois à l’Allianz Arena de Munich. Je l’avais déjà vue mais vide, un jour sans match, donc cela ne comptait pas. Je n’étais pas trop pressé de m’y rendre car on m’avait prévenu : « tu verras, le Bayern ça te plaira pas, ça n’a rien à voir avec les ambiances dont tu as l’habitude dans la Ruhr ». Dont acte, mais il fallait quand même que je constate ça en personne. Et puis c’était l’occasion de découvrir qu’il y a vraiment une ville à Munich parce que, de mon expérience, je croyais qu’il n’y avait qu’une chambre d’hôtel et les Festzelte de la Theresienwiese.

Et l’ambiance ?

Il ne faudra pas attendre longtemps pour s’apercevoir qu’effectivement un match du Bayern, ce n’est pas du tout la même chose que dans le reste de l’Allemagne. Dès le métro, on s’étonne de ne pas voir des hordes de supporters plus ou moins éméchés faire trembler les rames en sautillant. Dans les allées menant au stade, rien, pas un chant, juste une longue procession des gens tirant une tête d’enterrement, muni de… coussins et de couvertures.
C’est encore pire à l’intérieur : le kop du Bayern, 300 personnes grand maximum, tente vainement de faire entendre quelques encouragements, alors que le reste des spectateurs restent prostrés sur leur siège. Présentée comme un stade modèle parce que dessinée, à l’instar du Parc Saint-Jacques ou du Stade Olympique de Pékin par les célèbres architectes Herzog & de Meuron, l’Allianz Arena possède certes une enveloppe extérieure originale avec ses airs de pneu renversé et ne manque pas d’allure, surtout lorsqu’elle s’illumine la nuit. Mais à l’intérieur, c’est un beau stade de foot, sans plus, ça ressemble un peu au stade de France et ça reste assez froid.

Bière insipide !

On pensait que dans la capitale mondiale de la bière, on pourrait effacer cette première impression mitigée à la buvette mais non : des Paulaner insipides et faiblement alcoolisées y sont servies, c’est bien la première fois en Allemagne que l’on se prend à regretter la Kronenbourg de Malley. Où il y a au moins des choppes. Car au pays de la Maß Bier, on ne sert que des microscopiques verres de 4dl. Bon, on se rattrapera largement dans la soirée à la HB… En plus, tu n’es pas sensé amener de boisson ou de nourriture dans les gradins ; par contre, la vente de cigares, elle, marche fort. Un match du Bayern à l’Allianz Arena, c’est le côté aseptisé d’un stade anglais doublé du silence de cathédrale d’un stade espagnol.

Tous derrière 

D’habitude, en Allemagne, avec l’ambiance festive et bruyante, la journée est déjà réussie avant même le coup d’envoi ; si en plus, le match est bon, c’est tout bonus. Cette fois, on en est réduit à compter sur la rencontre pour ne pas regretter le déplacement. C’est mal barré car l’affiche oppose l’équipe la plus antipathique de la ligue, le Bayern Munich, à la plus rébarbative, l’Energie Cottbus. La lanterne rouge de la Bundesliga aborde tous ses matchs à l’extérieur en mode hérisson, avec dix joueurs massés devant leur gardien, en espérant vaguement marquer sur un malentendu, toujours possible lorsque la charnière centrale adverse est composée de Lucio et Demichelis.
Rapidement, la défense renforcée des Lausitzer laisse apparaître des failles béantes dans lesquelles s’engouffrent les individualités bavaroises : Miroslav Klose tire sur le poteau, Luca Toni galvaude les occasions à intervalle régulier. L’attaquant italien a vendangé une bonne dizaine d’opportunités nettes, avant de trouver la faille, une fois le match plié. Et dire que pendant ce temps-là, Lukas Podolski se morfondait sur le banc des remplaçants, lui à qui les dirigeants bavarois avaient pourtant promis en début de saison, pour l’empêcher de partir, qu’ils avaient besoin de lui et qu’il aurait du temps de jeu. Triste.

Une lueur d’espoir

Comme souvent dans ce type de match, l’équipe qui domine sans marquer se fait surprendre sur la première incursion adverse au-delà de la ligne médiane. C’est ce qui se produit à la 25e : l’Albanais Ervin Skela tire un coup franc le long de la ligne de touche, Lucio rate l’interception, le gardien Rensing, surpris, réagit trop tardivement et le ballon finit au fond des filets sans avoir été touché. On reprend espoir, on se dit que l’on va peut-être assister à la monumentale plaisanterie que constituerait une victoire de l’Energie à Munich.
Mais les Rekordmeister, comme souvent, peuvent s’en remettre à l’arbitre pour revenir dans le match. Ribéry pousse trop son ballon, se laisse tomber et abuse M. Kempter qui dicte coup franc. Le Français et ses chaussures roses (les mauvaises langues disent qu’il les a empruntées à Luca Toni) transforment, c’est 1-1. Puis 2-1 sur une mauvaise sortie du gardien de Cottbus Tremmel devant Demichelis. C’est le délire dans l’Allianz Arena. Non, je plaisante, quelques spectateurs se sont tout de même levés, la sono est poussée à coin pour faire croire qu’il y a du bruit. Le speaker s’égosille et plusieurs supporters s’offrent le grand frisson en chuchotant le nom du buteur, d’autres, plus nombreux, en susurrant que Cottbus a toujours « nooouul ».

Au bout de l’ennui

Mené au score, Cottbus n’avait absolument pas les ressources pour revenir. Les Rekordmeister marqueront encore deux fois en début de 2e mi-temps, avant une dernière demi-heure de très mauvais remplissage entre un Bayern minimaliste et un Cottbus terriblement limité. Le tout dans une ambiance glaciale. Contrairement à la majorité des spectateurs de l’Allianz Arena, nous sommes stoïquement restés jusqu’au bout mais nous saurons gré à M. Kempter de n’avoir pas ajouté la moindre seconde d’arrêt de jeu.
On a l’habitude des troisième mi-temps prolongées en Allemagne mais, à Munich, même une victoire 4-1 ne suffit pas à dérider les visages et une demi-heure après le coup de sifflet final, tout est fermé et le stade ressemble à un tombeau. Au grand désarroi de mon ami Denis qui voulait s’acheter un maillot du Bayern floqué Luca Toni. Bref, tu m’auras compris, je ne puis que te recommander d’aller à Munich les deux dernières semaines de septembre et la première d’octobre pour la Wies’n. Par contre, pour le foot et les ambiances festives, tu trouveras mieux à peu près n’importe où ailleurs en Allemagne.

Bayern  Munich – Energie Cottbus 4-1 (2-1).

Allianz Arena, 69’000 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Kempter.
Buts : 25e Skela (0-1), 29e Ribéry (1-1), 38e Demichelis (2-1), 54e Klose (3-1), 59e Toni (4-1).
Bayern : Rensing ; Oddo, Lucio, Demichelis (46e van Buyten), Lahm ; Schweinsteiger (64e Kroos), van Bommel, Zé Roberto (72e Ottl), Ribéry ; Klose, Toni.
Cottbus : Tremmel ; Radeljic, Kukielka, Atan, Ziebig ; Rivic (46e Sörensen), Kurth, Skela, Rost, Iliev (74e Yula) ; Rangelov (58e Jelic).
Carton jaune : aucun.

Écrit par Julien Mouquin

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5 Commentaires

  1. @smur : Wouahh, 15 Oktoberfest au compteur !!!
    Moi, j’en suis à 4, j’ai encore du boulot ! Et je crois bien que je vais suivre les conseils de Julien : « Va à Munich pour la Wies’n, pas pour le foot »

  2. Peut-être que l’ambiance à l’Allianz Arena n’est pas TONItruante et que ce n’est pas l’endroit idéal pour soigner ton vague à LAHM, mais on y va pour voir ce qui se passe sur le terrain.
    Ce match (comme beaucoup d’autres) s’est joué à « Guichets fermés ». Pesonnellement, je préfère le terme de « Portes KLOSEs ».
    C’est clair que si tu dois « supporter » Borussia Dortmund ou le 1.FC Köln, t’as intérêt à chanter et boire de la bière pour passer le temps.
    Merci de m’avoir LU. CIaO.
    PS : Robin Dousse, si tu lis ces lignes…

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