2008, un excellent millésime

Nadal au sommet, Federer au tapis, Djoko dans la cour des grands : ce qui est sûr, c’est que 2008 restera dans les mémoires. Avant d’entamer dès le 4 janvier déjà la nouvelle saison, Carton Rouge te propose de replonger dans les moments forts de la saison avant de se projeter quelque peu en 2009.

Les révélations

En nous tournant d’abord vers nos voisins, on citera évidemment Jo-Wilfried Tsonga et Gilles Simon. Cassius a démontré durant cette année 2008 qu’il était une machine à gagner ; plus important, il a prouvé à tout le monde que son accession à la finale de l’Australian Open n’avait rien à voir avec la chance en battant son bourreau d’alors (Djokovic) à trois reprises dans la suite de la saison. Reste une autre bataille à gagner : contre lui-même car si sa sixième place mondiale n’a rien d’exagéré, sa demi-saison fausse quelque peu la donne, lui qui était probablement nettement plus frais que ses adversaires durant le sprint final. Pour ce qui est de Gilles Simon, sa devise doit être «petit à petit, l’oiseau fait son nid». Collé entre la trentième et la soixantième place pendant près de deux ans, le Neuchâtelois d’adoption a bel et bien prouvé sa grande valeur en se qualifiant pour le Masters cette année.
Finaliste de la Coupe Davis, auteur du meilleur été de la saison, Juan Martin Del Potro a réussi l’une des meilleures progressions de la saison. Entrant dans le Top 50 en fin d’année passée, il était redescendu à la 81e place en avril avant son fulgureux été aux quatre tournois remportés de suite. Qui d’autre que le Maître en personne aurait pu l’empêcher d’en remporter un cinquième et non des moindres : l’US Open ? Pas grand-monde.
On en parle un peu moins car il n’a pas encore réellement explosé, il faudra tout de même regarder attentivement le très jeune Kei Nishikori lors de la prochaine saison. Meilleure progression de l’année, il est passé de la 289e place à la 63e en remportant un Challenger (Bermuda), en battant David Ferrer à New York, en piquant un set sur gazon au meilleur joueur de l’année sur cette surface mais surtout en remportant son premier tournoi ATP à Delray Beach en partant du premier tour des qualifications jusqu’à une victoire face à James Blake en finale !

Les exploits

Tout Suisse amateur de tennis qui se respecte en a un en tête : le magnifique parcours de Stan et Roger à Pékin restera comme le plus grand moment de la saison pour le tennis suisse. Deux joueurs qui n’avaient jamais rien gagné ensemble, un Federer n’ayant plus remporté de tournoi en double depuis Halle en 2005, un petit Vaudois dont le double n’a jamais été le fort, tous les ingrédients étaient réunis pour que cette équipe ne dépasse pas le deuxième tour. Et pourtant tout a paru si simple…
Le triomphe de Rafael Nadal à Wimbledon peut aussi passer pour un exploit : qu’un Espagnol parvienne à prendre la citadelle anglaise et ce en détrônant le roi incontesté de la surface depuis plus de cinq ans, peu de gens auraient osé miser de l’argent sur lui en tout début de saison. Mais le Majorquin s’est métamorphosé cette saison, il est désormais passé du statut de meilleur joueur sur terre battue à meilleur joueur du monde. Il lui aura tout de même fallu attendre l’année où Federer était en baisse de régime. Parviendra-t-il à garder la première marche du podium en 2009 ? Avec Djoko et Murray qui sonnent la révolte des jeunes et un Suisse en quête de vengeance, il y a très peu de chance qu’il garde sa couronne…
Stan dans le Top 10 : qui était assez fou pour y croire ? J’osais à peine parler du Top 20 à la même époque l’année passée et pourtant le droitier de Saint-Bart’ a goûté à la joie de faire partie des dix meilleurs joueurs du monde. Stan nous a donc prouvé qu’il en était capable, à lui maintenant de nous prouver qu’il en est vraiment digne car sa fin de saison était proche de la catastrophe, lui qui pouvait prétendre à une place à Shanghai. Il lui faudra remporter un second tournoi pour confirmer en 2009.

Les plus beaux matchs

Sans contestation possible, on ne peut que citer la finale de Wimbledon comme le plus beau match de la saison. Si mes souvenirs sont bons, il faisait presque nuit en Suisse lorsque le match s’est terminé, la pluie, le retour de Federer, des coups sensationnels, d’autres nettement moins. Tout était présent pour faire de ce match l’un des plus impressionnant jamais vu sur le circuit, un peu à l’image d’un Safin-Federer à Melbourne en 2005 avec cette fois également, un dénouement malheureux pour le Suisse. C’est peut-être également le moment clé de la saison. Nadal aurait-il tout de même réussi à détrôner Federer ? Une chose est sûre : il ne l’aurait en tout cas pas fait si tôt.
Autre défaite de Federer et autre grand duel, il faut aussi parler de ce troisième match qualificatif pour le dernier carré des Masters où Murray, déjà qualifié, s’est éliminé lui-même en battant le Maître au terme d’une partie splendide. Certes, Murray voulait éviter Djoko et ne pas retrouver un Federer sur la pente ascendante en finale, mais on a presque l’impression qu’il lui aurait été plus profitable de se concentrer déjà sur la demi-finale, surtout après avoir perdu le premier set.

Les déceptions

Dans les déceptions de la saison on citera Gulbis : un tennis de rêve, un talent de fou, une vision du jeu fantastique mais aucune confirmation durant la saison. Impérial face à Djoko dans des camps d’entraînement il y a quelques années, le Letton est très loin d’avoir confirmé tous les espoirs que l’on avait placés en lui. Bon, le bougre n’a que 20 ans et a déclaré n’être pas plus passionné que ça par le tennis, peut-être que 2009 sera l’année du déclic !
Si Chardy a probablement réussi l’un des exploits de l’année à Roland Garros, on ne peut pas dire que le «futur meilleur joueur français depuis bien des années» (© un journaliste français) n’a pas confirmé, et de loin. Inexistant à Wimbledon, enchaînant les mauvais matchs, il flirte désormais avec la 80e place, un classement loin d’être flatteur.
Safin part, revient, part, revient mais serait-il définitivement loin ? Annoncé sur le départ, le fantasque Russe a sûrement disputé la pire saison de sa carrière : neuf défaites au premier tour, autant au second, il n’y a que sa finale à la maison perdue contre le 71e joueur mondial et sa demi-finale à Wimbledon pour ne pas sombrer dans le ridicule. Sans ces deux tournois, il y a de forte chance qu’il serait sorti du Top 100. La dernière fois, c’était en 2006 pendant deux semaines, avant ça, il faut remonter à 1998…

Le gag de l’année

La mauvaise plaisanterie de l’année, c’est bien sûr la présence de l’infect Stepanek au Masters. Un peu comme si le FC Sion prenait la place de Liverpool en Ligue des Champions… Le 27ème joueur mondial a profité de l’abandon de Roddick pour disputer deux matches à Shanghai et empocher un joli chèque. Mais bon, comment lui en vouloir ? Le Tchèque a accepté l’invitation des organisateurs et, au contraire de nombre de joueurs, a eu le courage d’annuler ses vacances. Ah, si seulement Stan avait fait pareil…

Ami lecteur, rendez-vous début janvier pour la présentation de la saison 2009 et du nouveau système de points !

Écrit par Nicolas Jayet