Liga : bilan de mi-saison

C’est la mi-saison en Liga ! L’occasion de dresser un petit bilan intermédiaire des nombreuses choses qui s’y sont passées. Entre les révélations et les déceptions de ces quatre premiers mois, découvrez l’état des lieux des équipes phares du meilleur championnat de la planète !

La révélation : le Barça

En crise il y a encore six mois, le FC Barcelone s’est littéralement métamorphosé depuis : record de points obtenus lors d’un premier tour en Liga (50), goal-average de science-fiction (59 buts marqués pour 13 encaissés) et qualité de jeu extraordinaire. Certains parlent de «meilleure équipe du monde», d’autres de «meilleur Barça de l’histoire» ; une chose est sûre, l’équipe catalane impressionne à l’heure actuelle et est en train de placer la barre très haute, tant en Espagne qu’en Europe. Qu’est-ce qui a pu provoquer un tel déclic en si peu de temps dans la maison blaugrana ? Voici une tentative d’explication en trois phases :
1) L’arrivée de Guardiola au poste d’entraîneur qui, avec tout le respect dû à son prédécesseur Rijkaard, a su instaurer dans cette équipe un savant mélange entre cadrage, proximité et humilité. Responsabilisés, les joueurs barcelonais jouent désormais en équipe, et les automatismes qui en découlent sont terriblement efficaces. Même Henry en a retrouvé son sens du but !
2) Les départs de Ronaldinho et Deco qui, malgré leur génie qu’on ne discute pas (surtout pour le premier cité), ont «aéré» l’équipe. Mentalement d’une part, leur influence sur l’esprit de groupe n’ayant jamais été exempt de tout reproche ; ce n’est pas Eto’o, ressuscité depuis et meilleur buteur actuel du championnat avec 18 buts, qui nous contredira. Et footballistiquement d’autre part, leur éviction ayant permis de faire de la place à deux joueurs hors du commun, à savoir Xavi (plus incisif que la saison passée) et Messi (actuel meilleur joueur du monde). Une bouffée d’oxygène pour une équipe qui en avait grandement besoin.
3) L’achat de Daniel Alves, qui est sans doute le meilleur latéral droit depuis longtemps en Espagne. Digne héritier du «football total», il effectue autant de tacles salvateurs que de passes décisives ; en outre, sa vitesse, son sens du jeu et son coup de patte sont exceptionnels. Dans un championnat où le Barça se heurte la plupart du temps à des équipes recroquevillées dans leur camp, le fait d’avoir un tel apport offensif fait toute la différence ! Le contraste avec le latéral gauche Abidal, qui fait davantage office de troisième défenseur central, offre à la défense catalane un équilibre des plus intéressants.
Si la saison est encore longue et qu’on ne saurait se risquer à des pronostics trop hâtifs, il apparaît pour le moment indéniable que cette équipe est la grande favorite au titre, et qu’il sera extrêmement difficile de la bouger de son piédestal.

La déception : le Real

A l’inverse de son rival historique, le Real Madrid a connu une pente descendante depuis l’été : transferts ratés (dont le plus célèbre restera celui de Cristiano Ronaldo), résultats peu probants (on retiendra une élimination en Coupe face à une modeste équipe de 3ème division) et ambiance délétère (limogeage de l’ex-entraîneur Schuster et, surtout, démission la semaine passée de l’ex-président Calderon). Désormais entraînés par Juande Ramos, qui avait fait les beaux jours de Séville mais sans confirmer à Tottenham, les Merengue tentent de se concentrer tant bien que mal sur le plus important : le football.
Mais ce qu’il y a d’extraordinaire avec cette équipe, c’est que même au bord du gouffre elle reste dangereuse, puisqu’elle pointe actuellement à la 2ème place du classement (à 12 points du Barça) ! Sans forcément bien jouer, elle peut en effet s’appuyer sur des individualités de qualité (Higuain et Robben en tête) qui lui permettent souvent de passer l’épaule. De là à affirmer qu’il n’y a pas de concurrence en Espagne, il y a un pas qu’il ne faut pas franchir : les viennent-ensuite sont juste derrière, et c’est en cette direction que les Madrilènes feraient bien de regarder. Même si ce n’est pas dans les habitudes de la Maison Blanche…

Ils nous font sourire (d’admiration) : Séville et Gijon

Avec 38 points (comme le Real), le Séville FC a égalé son record d’il y a deux ans en Liga, période que l’on pensait pourtant révolue depuis les départs d’Alves et Keita au Barça. Mais les qualités de cœur de cette équipe, articulée autour d’un contingent certes «bon marché» mais extrêmement soudé, ont eu raison des plus sceptiques ; c’est ainsi que les Nervionenses jouent les premiers rôles cette saison, grâce notamment à la deuxième meilleure défense de la Liga (16 buts encaissés seulement). Un brin d’exotisme et d’humanité dans un championnat trop souvent écrasé par la domination de deux géants. Ça fait du bien !
L’autre équipe qui nous fait plaisir, c’est le Sporting Gijon : le néo-promu, malgré ses 39 buts encaissés (personne n’a fait mieux) et son absence totale de joueurs de valeur (sauf peut-être Bilic, pour ceux qui connaissent), est à l’instar de son public : merveilleux de courage et de fierté. Et c’est avec grand plaisir qu’on les retrouve confortablement installés à la 11ème place, plus proches de la zone Europe que de la barre fatidique. Bravo Messieurs, vous en avez bluffés plus d’un ! Pourvu que ça dure…

Ils nous font sourire (de pitié) : Atlético et Espanyol

L’Atlético Madrid a beau posséder un contingent pléthorique et des objectifs ambitieux, ils ont démontré une fois de plus que les individualités ne suffisaient pas à combler un manque certain de cohésion. Les Rojiblancos n’ont en effet obtenu qu’un seul point face aux cinq autres grosses pointures du pays, et à l’exception de leur magicien Agüero (qui ne devrait plus rester très longtemps), ils n’ont pas su tirer leur épingle du jeu. Les espoirs de titre se sont envolés depuis longtemps pour les Madrilènes, et les jours de leur entraîneur Aguirre sont désormais comptés.
Finaliste malheureux de la Coupe de l’UEFA en 2007 et encore 4ème de la Liga il y a à peine une année, l’Espanyol Barcelone a tout perdu depuis : Riera est parti à Liverpool et Zabaleta à Manchester City, le charismatique entraîneur Marquez a été licencié et le capitaine Tamudo, véritable âme de l’équipe, est blessé. Plongé dans une spirale négative sans fin, le club catalan est actuellement en position de premier relégable avec seulement 15 points. Et pourtant, son effectif reste tout à fait compétitif ! Il ne reste plus qu’à souhaiter aux Barcelonais de réagir le plus rapidement possible, eux qui vont inaugurer leur nouveau stade dans quelques semaines seulement. A cet effet, la présentation cette semaine du nouvel entraîneur argentin Pochettino (36 ans), enfant du club, pourrait provoquer l’électrochoc nécessaire.

Le reste en bref

Autant Valence (4ème avec 34 points) que Villarreal (5ème avec 33 points) nous laissent un sentiment mitigé à l’issue de ce premier tour : solides défensivement en début de saison puis se tournant petit à petit davantage (trop ?) vers l’offensive, les deux clubs valenciens sont actuellement aux places qui sont les leurs, ni plus ni moins. Malgré un classement somme toute honorable, on en attendait tout de même un peu plus de leur part (surtout de la part du Sous-marin jaune, vice-champion l’an dernier). Gageons toutefois que ces deux équipes, pleines de potentiel, n’ont pas encore dit leur dernier mot…
On notera par ailleurs la très bonne première moitié de saison du Deportivo La Corogne, 8ème, qui revient enfin au premier plan après des années d’errance, ainsi que celle de l’Athletic Bilbao (9ème) qui a le mérite de composer uniquement avec des joueurs basques. Par contre, on attend une réaction d’orgueil du Betis Séville (15ème) qui a largement de quoi mieux faire, ainsi que d’Osasuna (lanterne rouge), qui vient de se faire voler par l’arbitre à Santiago Bernabeu. La saison est encore longue !
Le classement :
1. FC Barcelone – 50 pts (!)
2. Real Madrid – 38 pts
3. Séville FC – 38 pts
4. Valence C.F. – 34 pts
5. Villarreal C.F. – 33 pts
6. Atlético Madrid – 31 pts
7. Malaga – 31 pts
8. Deportivo La Corogne – 30 pts
9. Athletic Bilbao – 26 pts
10. Racing Santander – 25 pts
11. Sporting Gijon – 24 pts
12. Real Valladolid – 23 pts
13. Almeria – 21 pts
14. Getafe – 21 pts
15. Betis Séville – 21 pts
16. Recreativo Huelva – 20 pts
17. Numancia – 20 pts
18. Espanyol Barcelone – 15 pts
19. Real Majorque – 14 pts
20. Osasuna – 13 pts

Écrit par Raphi Stollé