Lausanne se fait peur

Hier soir, le LHC avait de nouveau décidé de jouer avec ses nerfs et ceux de ses supporters. En remportant ce match très important sur la plus petite des marges, les Vaudois bénéficient maintenant de deux pucks de match. L’idée de remporter une quatrième victoire de rang en terres thurgoviennes serait assez judicieuse afin de s’éviter un septième match de tous les dangers à Malley.

Même adversaire, même alignement, même début de match. L’entame de cette partie fut en tout point similaire à la précédente rencontre disputée à Malley. En rajoutant une petite dose de malchance, une grosse dose de maladresse, un gardien adverse dans un très bon soir ainsi que la classique réussite maximale des Thurgoviens, l’unité d’avance prise par les visiteurs n’a en rien reflété la première période. Tremblay, Miéville, Staudemann, Sigrist, Gailland et Lüssy ont tour à tour galvaudé des occasions ayant le poids d’un but. En revanche, les Lausannois ont eu la mauvaise idée de roupiller sur l’une des rares percées dangereuses de Thurgovie pour ouvrir la marque. Contrairement au premier acte, les pensionnaires de Malley n’ont pas cédé à la panique et ont persisté à jouer la carte de l’offensive tout en empêchant les Thurgoviens de prendre possession de la zone neutre. C’est bien connu : en essayant continuellement, on finit toujours par réussir. Donc plus ça rate, plus on a de chances de marquer.

Mêmes mots pour mêmes maux ?

Le fait de ne pas avoir égalisé lors du premier tiers était toutefois contrariant. Qui sait, les boys de Malley allaient peut-être sombrer lors de l’une de leur fameuse opération «Titanic» dont eux seuls ont le secret. Fort heureusement, le premier but libérateur tomba très vite en début de deuxième période sur un magistral tir de Miéville dans la lucarne de Flückiger. Quatre minutes plus tard, le même Miéville eut la brillante idée de pitcher la rondelle sous le gardien thurgovien à la suite d’un débordement de Sigrist qui avait dans un premier temps buté sur le dernier rempart des visiteurs. Menant (enfin) au score, le LHC s’est à nouveau évertué de sciemment gaspiller toute possibilité de prendre le large dans une gaucherie telle qu’on se demandât si elle était réellement involontaire.
Illustration parfaite à la 35e minute où Lausanne bénéficia de deux minutes en double supériorité numérique. Bilan : le néant. Deux tirs pas dangereux pour un sou de la part des Vaudois, le premier survenant après une minute vingt. Grotesque. Même le temps mort pris préventivement par Yake n’y a rien fait. Pourtant, cette situation particulière avait été entraînée la veille durant quinze minutes, mais l’histoire ne dit pas si ce fut les quinze toutes premières minutes travaillées à 5 contre 3 durant cette saison… Corollaire de cet aspect précis, un paradoxe lausannois par excellence : plus l’adversaire possède de joueurs sur la glace, plus le LHC est dangereux. Allez comprendre. En restant dans le domaine du power-play, il est toujours difficile de voir le réel apport de Zalapski. Lent, possédant une bonne première passe mais trop inconstant dans ce domaine, le quadragénaire fait en outre preuve d’un gros déchet dans ses contrôles de pucks et se révèle trop prévisible dans les choix qu’il opère. Parallèlement, il est incompréhensible de voir Chavaillaz aussi peu aligné, lui qui joue de manière bien plus simple et efficace. A un point tel qu’un représentant du club thurgovien est venu directement me haranguer à ce sujet. Le jeune Lausannois s’est permis le luxe de se montrer bien plus dangereux que le numéro 33 lors du match, notamment lorsqu’il a raté le but vide après avoir effectué une superbe intervention défensive suivie d’une relance de génie. C’est bien joli de se baser sur le curriculum vitae d’un joueur, encore faudrait-il le mettre en parallèle de la situation actuelle, et non passée.

Massy, ça scie

Troisième période, même topo. Soit un LHC qui presse et un Thurgovie qui se défend plutôt bien. Même si les occasions furent moins nombreuses, Lausanne tenait son os et aurait pu là aussi se mettre à l’abri plus tôt. Le duo Yake/Kossmann a eu la bonne idée de remettre Lüssy en compagnie de Staudenmann et Baumann tout en plaçant Rüfenacht dans la première triplette. Sanction interne justifiée ? Punition gratuite ? Toujours est-il que le pauvre Tremblay a dégusté en étant affublé du poids mort Bekar et d’un Lüssy qui – malgré ses grandes qualités – n’a rien à faire dans une première ligne composée de mercenaires. On ne sait pas si c’est un coup de Charpentier qui aurait bricolé les patins de Bekar en les lestant de plomb, mais ce dernier était complètement hors des siens hier soir. Aucun impact offensif, lenteur dans la vitesse d’exécution et explosivité nulle. Le numéro 19 devrait logiquement retrouver sa place dimanche prochain, mais cela impliquerait un énième remaniement de lignes. Afin de poursuivre dans les mauvaises nouvelles, Zeller souffrirait d’un mal bien plus sérieux qu’imaginé : hospitalisé, touché par des problèmes circulatoires au niveau des bras, l’absence du Sprunger lausannois est pour l’heure indéterminée.
Les cinq dernières minutes ont donné l’occasion au public de se manifester suite au show Massy. Calamiteux, l’arbitre valaisan a tout sifflé à l’envers. Sanctionnant des fautes peu évidentes, mais laissant passer des charges à la bande, des cross-checks et des quintuples fautes en «breakaway», Massy s’est ensuite surpassé dans l’arbitrage compensatoire tout en oubliant de sortir l’un des cinq Thurgoviens qui avaient boxé Rüfenacht consécutivement à une occasion de Lüssy. Heureusement qu’il ne s’agissait pas d’un derby, sans quoi la situation aurait dégénéré bien plus encore. La patte du rugueux défenseur qu’il était déteint clairement sur son arbitrage. Comme quoi, il ne suffit pas d’avoir évolué en ligue nationale pour devenir un bon arbitre. Le Valaisan devrait encore faire ses gammes dans les ligues inférieures au lieu d’être précipitamment lancé dans le bain de la LNB. Au conspuomètre de Malley, Didier Massy a réalisé l’exploit de supplanter Favre dans ce domaine. Respect !

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne – Thurgovie 2-1 (0-1 2-0 0-0)

Malley : 4134 spectateurs.
Arbitres : MM. Massy, Grossniklaus et Niquille.
Buts : 7e Dommen (Capaul/5c4) 0-1. 22e Miéville (Sigrist, Gailland/5c4) 1-1. 26e Miéville (Gailland, Sigrist) 2-1.
Pénalités : 4 x 2′ contre Lausanne; 9 x 2′ contre Thurgovie.
Lausanne : Tobler; Trunz, Lardi; Zalapski, Schäublin; Leeger, Grieder; Villa, Chavaillaz; Tremblay, Bekar, Lüssy; Sigrist, Miéville, Gailland; Baumann, Staudenmann, Schnyder; Rüfenacht, Bonnet, Frunz.
Thurgovie : M. Flückiger; Jaag, Helfer; Müller, Ott; Fehr, Schumacher; Hofer, Zbinden; Schrepfer, Conte, Hogeboom; Bodenmann, Plankl, Trachsler; Ruhnke, Capaul, Dommen; M. Schoop, Schlagenhauf, Hendry.
Notes : Lausanne sans Zeller (blessé) et Charpentier (surnuméraire); Thurgovie sans Kradolfer, Gemperli, Ambass, S. Flückiger (blessés) et Huhto (surnuméraire). 35e temps mort demandé par Lausanne, 57e temps mort demandé par Thurgovie.

Écrit par Mathieu Nicolet