Partie de Mikado dans le clan Federer

Quatre amères défaites face aux trois meilleurs joueurs du monde depuis le début de l’année, on peut affirmer que Roger Federer traverse une deuxième crise après celle de 2008. Même s’il n’est jamais bien loin du niveau de Murray, Djokovic ou Nadal, ces «petits riens» font et feront encore la différence. Jusqu’au jour où Rodgeur sera distancié, il sera alors peut-être déjà trop tard. Empêtrés depuis plus d’un an dans une partie de Mikado interminable – pour rappel, le premier qui bouge a perdu ! –, Federer, Lüthi, Mirka et les autres ont besoin d’un bol d’air frais ! Et si le jet de raquette marquait la fin de partie ?

Il m’est presque désespérant de constater avec quel plaisir Rodgeur se complait dans sa luxure tennistique. Aucun coach sérieux, une collaboration avec Cahill qui échoue après trois jours et un coup droit en berne, notamment, sont à mettre à son actif. Ce n’est certainement pas digne d’un champion de sa trempe. Ce qui agace aussi, c’est l’attitude provocatrice du Suisse en conférence de presse, qui ne cesse d’asséner qu’il «peut encore». S’il croit sincèrement pouvoir regagner en ne faisant évoluer ni son tennis, ni son team, il court à sa perte. Et je ne pense honnêtement pas que l’annonce de sa future paternité joue un rôle dans la gestion douteuse de sa carrière (du moins pas pour l’instant).Federer voulait reconquérir ce qu’il avait perdu et ce qu’il avait estimé, à tort, lui appartenir. Ces simples mots avaient montré avec quel acharnement il avait obtenu ce que beaucoup lui enviaient. Mais où est donc passé ce travail incessant et cette envie de progresser ? L’image que nous donne Rodgeur depuis quelques temps, c’est celle d’un homme profondément blessé fuyant l’adversité. Le fait qu’il perde des matchs au troisième set après avoir remporté le premier est un signe de faiblesse. Sa confiance le quitte inéluctablement. Rodgeur a urgemment besoin d’une défibrillation.

Un coach, et vite !

Justement, Federer cultive cette passivité avec un tel acharnement que cela en devient troublant pour ses admirateurs. Personne ne nie les bienfaits de ses coaches passés et occasionnels, personne ne remet en cause ce qu’a pu apporter un Séverin Lüthi à moment donné de la carrière du Bâlois. Mais au-delà de l’amitié, il y a la réalité du terrain. Au même titre que Rodgeur s’est séparé de ses anciens «potes», coaches ou mentors (Lundgren, Roche, etc.), il doit aujourd’hui attribuer à Lüthi une place de consultant occasionnel et s’attacher les services d’un vrai entraîneur, quelqu’un qui a de la bouteille, des grands noms à son palmarès et surtout des résultats à son actif. Et si en plus il possède du charisme, nous ne pourrons qu’accéder à ses choix. Vous l’aurez saisi, Federer a besoin d’un type qui soit diamétralement opposé à Lüthi. Mais ça, ce n’est pas nouveau.

La boutade de McEnroe

Et si l’homme providentiel qui amenait cette fameuse «défibrillation» était John McEnroe ? Il vient de déclarer qu’il serait prêt à venir en aide à Rodgeur et à lui proposer des pistes pour venir à bout de Nadal. Cela paraît presque trop beau pour être vrai, car McEnroe est effectivement l’antithèse de Lüthi ! Rageur, talentueux et un potentiel énorme. L’expérience engrangée par McEnroe – tant sur le court que derrière les micros de la CBS – ne serait en effet pas de trop. Et si ce jet de raquette avait réveillé le McEnroe qui sommeille en Rodgeur ? L’image est belle et porteuse d’espoir !

Écrit par Jérôme Nicole