La machine à régresser

Sion s’incline face au leader zurichois, de peu c’est vrai… Mais à 11 contre 10 pendant plus de 45 minutes, on se doit de faire mieux ! Imprécisions, incohérences mais surtout maladresse ont résumé cette nouvelle défaite sédunoise.

Margairaz pète un câble  

«J’aurais espéré plus de pédagogie de la part de l’arbitre», c’est avec ces mots que Xavier Margairaz a justifié son expulsion malheureuse après son but. Rappel des faits : le joueur reçoit un premier carton jaune puis dans la foulée inscrit un magnifique but. Son premier réflexe est alors de se rendre vers le public zurichois et de grimper bêtement au grillage. N’ayant visiblement pas lu correctement le règlement qui interdit formellement l’escalade en milieu footballistique, celui-ci reçoit un second carton et se fait donc expulser. Fou de rage, notre alpiniste décide alors de s’en prendre à l’arbitre puis aux panneaux publicitaires à l’entrée des vestiaires sédunois. Littéralement hystérique, il est retenu par ses coéquipiers puis raccompagné au vestiaire.

Le héros malheureux déclarera donc plus tard, au micro de la TSR, qu’il aurait espéré «plus de pédagogie de la part de l’arbitre». Le pauvre, revenant de 14 mois de blessure et de traversée du désert, ne méritait pas un tel traitement. Sa première titularisation suivie de son premier but avec Zurich depuis son retour justifiaient tout à fait l’ascension fulgurante du «Mont Grillage Gradin Sud». Connaissant certainement les terribles affres dont Margairaz fut victime ces derniers temps, l’arbitre aurait dû appliquer les principes élémentaires de la pédagogie en prenant pitié du jeune homme et en le félicitant de sa première manifestation de joie depuis 14 mois. Assorti à cela, il aurait également dû le féliciter pour sa première mi-temps. En comparaison, c’est comme si Saborio, suite à sa rupture avec Miss Costa Rica, demandait à Leoni un peu de clémence en lui laissant inscrire un petit but qui lui remonterait le moral. Ou alors ça pourrait être Alioui, le week-end dernier, qui demande à l’arbitre de ne pas l’expulser car il a perdu 5 parties de Mario Bros contre Arnaud Bülher avant le match…

Presque but !

Avant cette tragédie se sont jouées environ 40 minutes durant lesquelles Sion a su rivaliser avec Zurich. Bien que plus prompts à se créer des occasions, les hommes de Challandes ont eu de la peine à réellement mettre en danger un Beney bien plus rassurant que le week-end dernier. Malgré deux belles opportunités d’Alphonse (une latte et une magnifique reprise de volée), le FC Sion ne déméritait pas et touchait lui aussi du bois par l’intermédiaire de Saborio. Bien que globalement dominé, les Sédunois, emmenés par un Serey Die sous ecstasy, livrait une copie plus encourageante que face aux Lucernois.

Auparavant, la composition avait réservé quelques surprises. Berisha fêtait sa première titularisation (l’arbitre ne lui a rien offert, bizarre…) et Vanczak était déplacé dans le couloir pour un replacement de Sarni dans l’axe. Adeshina étant blessé, Saborio retrouvait son emplacement fétiche entre les ceps de fendant et de Gamay. A la surprise générale, notre génie costaricain faisait même semblant de faire un pressing pendant plus d’une heure en simulant des luttes pour des ballons de la tête et en feintant une pression sur les défenseurs. Stupéfiant !

A la reprise, Sion introduisait Reset à la place d’un Berisha fantomatique pour «donner plus de profondeur au jeu», comme aiment à le dire nos amis Bertine & Zermi. Sion commençait alors une domination aussi stérile que logique étant donné la supériorité numérique des Valaisans. Les occasions se succédaient au gré des parades d’un excellent Leoni et des ratés sédunois. M’Futi, Vanczak par deux fois, Saborio ou encore Dominguez rataient l’immanquable et se rappelaient aux bonnes vieilles traditions de la maison. Le match s’achevait donc sur une énorme frustration accompagnée des sifflets du gradin nord. La tête basse, les mercenaires sédunois sortaient timidement d’une arène toujours plus hostile.

«Viens perdre ton talent !»

La machine sédunoise est en marche et continue à saboter les bons joueurs. Vous vous demandez de quoi je parle ou plutôt de qui ? Pensez un instant aux nombreux joueurs arrivés à Sion avec un talent indéniable et reconnu et qui, aujourd’hui, ne valent plus grand-chose. Les exemples sont aussi nombreux que désolants.

Repensez à Kali lors de son arrivée. L’intraitable Kali ! Le roc angolais est aujourd’hui devenu un joueur aussi banal que maladroit. Je me souviens d’un guerrier intraitable sur l’homme et présentant une relance admirable. Force est de constater qu’il n’en est plus rien…

Je me souviens aussi de Reset formant une paire merveilleuse avec Carlitos du temps de l’ère Clausen. Les deux ailiers enflammaient Tourbillon et le Français, alors fraîchement débarqué de Lorient, était la nouvelle coqueluche du gradin nord. Aujourd’hui, il joue des bouts de match et déçoit encore et toujours par son manque de réalisme devant le goal.

Adeshina avait, lui aussi, livré des matchs fantastiques avant d’entrer dans la «machine à régresser». Sa prestation contre Galatasaray à Genève m’avait énormément marqué et laissait augurer un serial buteur ou, du moins, un gros bosseur au service du collectif. Rappelez-vous de la fégnasse du week-end dernier… Vous commencez à constater le problème ?

Comme si les victimes ne suffisaient pas, c’est au tour du meilleur joueur accueilli sur sol valaisan depuis longtemps de se laisser séduire par la devise sédunoise : «viens perdre ton talent». Olivier Monterrubio a donc officiellement commencé sa régression. Déjà transparent samedi dernier, le Français a livré une nouvelle contre performance alarmante. Ce même joueur faisait la différence l’automne dernier…

Le spectre Gossau se rapproche très dangereusement puisque Lucerne l’a emporté sur Vaduz, se rapprochant ainsi un peu plus de l’équipe valaisanne. Quatre points nous séparent encore de la bande à Fringer et trois des clowns du Liechtenstein. L’heure est grave en Valais !
Photo Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Sion – Zurich 0-1 (0-1)

Tourbillon, 10’000 spectateurs.

Arbitre : M. Bertolini.

But : 41e Margairaz 0-1.

Sion : Beney; Vanczak, Sarni, Kali, Paito; Serey Die, Fermino (55e M’Futi); Dominguez, Berisha (46e Reset), Monterrubio (66e Obradovic); Saborio. Entraîneurs: Barberis et Zermatten.

Zurich : Leoni; Lampi (93e Barmettler), Stahel, Tihinen, Rochat; Djuric (73e Nikci), Margairaz, Aegerter, Okonkwo; Abdi, Alphonse (86e Mehmedi). Entraîneur: Challandes.

Notes : Sion sans El Hadary, Brellier, Adeshina, Ahoueya (blessés), Alioui (suspendu). Zurich sans Hassli, Chikhaoui, Stucki, Tarchini (blessés).

Cartons jaunes : Margairaz (40e, faute sur Monterrubio), Aegerter (74e, faute sur Obradovic), M’Futi (78e, faute sur Nikci), Kali (95e, jeu dur).

Carton rouge : Margairaz (41e, 2e carton jaune).

Corners : 7-2 (1-1). 

Écrit par Ernest Shackleton