L’instant norvégien

Pays du ski de fond, des fjords, des Vikings et des bières à 7 francs, la Norvège est la quatrième nation scandinave à passer sous la loupe. A l’instar du Danemark, les coéquipiers de Patrick Thoresen n’auront rien à gagner durant ces Mondiaux, ni pas grand-chose à perdre… Finalement, la seule utilité de ce pays est de faire passer la Nati pour une équipe technique. En soi, c’est déjà un exploit.


1) Pourquoi a-je choisi de présenter ce pays ?
Parce qu’après les États-Unis, j’ai décidé de me spécialiser dans les pays qui n’en ont rien à battre du hockey.

2) À quoi sert ce pays ?

La Norvège apparaît dans notre histoire quand les Vikings décident de se partager l’Europe. Les Suédois vont vers l’est et la Russie. Les Danois partent vers le sud, donc la France. Les Norvégiens choisissent eux l’ouest. Pas de bol, ça les mène droit sur les Îles Britanniques. Révoltés à l’idée que leurs descendants puissent se nourrir un jour de porridge, de gigot à la menthe et de panse de brebis farcie, ils se remettent en chemin vers des terres plus hospitalières, comme les Féroé, l’Islande ou le Groenland, ainsi nommé («terre verte») par un Éric qui avait dû forcer sur le rouge. Le fils du susnommé découvrit même l’Amérique quelque cinq cents ans avant Christophe Colomb, mais ça ne compte pas. Cette trouvaille lui valut toutefois la curiosité d’Interpol.
Malgré ces débuts pour le moins guerriers, la Norvège est aujourd’hui un des pays les plus pacifiques au monde. C’est à tel point qu’elle s’investit de façon décidée mais discrète dans des causes perdues d’avance, comme le processus de paix israélo-palestinien. Alors que notre Micheline nationale a bien compris qu’il valait mieux faire semblant de façon tapageuse.
Côté sport, l’influence luthérienne aidant, on a choisi de surtout s’illustrer dans des disciplines particulièrement rébarbatives, comme le ski de fond ou le patinage de vitesse.

3) Comment joue-t-on au hockey dans ce pays ?

À 5 joueurs de champ et un gardien pendant trois tiers temps de vingt minutes de temps effectifs, durant lesquels on s’efforce de faire entrer le palet dans un but. (Si possible celui de l’adversaire ; ce n’est pas parce qu’on mange de la baleine qu’il faut se croire au Japon, non plus.) À la fin, c’est Vålerenga qui est champion.
Sur le plan international, les Norvégiens ont longtemps fréquenté l’ascenseur, ce qui n’est pas très étonnant pour un pays qui a produit A-ha. Pourtant l’année dernière, les sujets de Harald V ont passé une étape en profitant lâchement d’une Allemagne décimée par l’absence de Robin Breitbach pour se hisser dans le tour intermédiaire, et même en quart, sur un malentendu.

4) Pourquoi vont-ils gagner les Mondiaux ?

Franchement, même avec une imagination débordante et en oubliant toute objectivité, c’est assez difficile à imaginer. Leur performance au Québec tenait déjà de l’entrée dans la quatrième dimension. Le seul moyen serait sans doute une distribution générale de rakfisk périmé (de rakfisk, quoi), en épargnant éventuellement la Hongrie, pour que ça ne soit pas trop louche.

5) Pourquoi vont-ils se faire éliminer au premier tour ?

Parce qu’ils auront cru que leur présence en quart de finale reflétait leur valeur. Ou alors parce qu’ils auront été déclassé suite à la découverte de la combine du rakfisk, en compagnie de la Hongrie qui aura tenté le coup avec de l’unicum.

6) Qui sont les joueurs à surveiller ?

La première ligne, composée de Patrick Thoresen, que l’on connaît bien maintenant, de Per Åge Skrøder, qui enquille les buts en première division suédoise, et du vieux briscard Tore Vikingstad. On peut éventuellement garder un œil sur le jeune Mats Zucarello Aasen (oui, il s’appelle vraiment comme ça), mais c’est à peu près tout.

7) Qui sont les joueurs à ne pas surveiller, mais dont on peut éventuellement se moquer ?

On aurait pu se moquer d’Ole Kristian Tollefsen, défenseur qui brille par sa grande finesse et sa technique sans faille. Malheureusement, il sera absent pour cause de blessure.
On aurait aussi pu rire de Trond Magnussen, jadis copain comme cochon avec Tore Vikingstad, même club, même ligne, même maison à Düsseldorf. Jusqu’à ce que, bien décidé à tout faire comme son compère, il se mette en tête de faire plus intime connaissance avec Mme Vikingstad. Mais il a pris sa retraite il y a deux saisons, et de toute façon, aucun sélectionneur n’osait plus faire appel à lui.
Sinon, l’ex-Fribourgeois, ex-Zurichois, ex-Küssnachtois (parmi les vingt-cinq clubs dont il a déjà porté les couleurs) Anders Myrvold regrette amèrement la disparition du deux-lignes.

8) Une bonne raison de les supporter ?
Passons sur les raisons bassement sexuelles déjà mentionnées (à raison) pour toutes les nations nordiques et concentrons-nous sur l’aspect purement sportif. Si la Norvège se qualifie une nouvelle fois pour les quarts, et en bonne position, la Suisse a peut-être enfin une chance d’atteindre la demi-finale.

9) Une bonne raison de ne pas les supporter ?
Si c’est le Danemark qui va en quarts, les chances de la Suisse n’en seront que meilleures.

10) Bon d’accord, mais sinon ?

La Norvège aura deux matches sans enjeu pour se préparer à affronter l’ancienne puissance coloniale, avec à la clé une place dans le tour intermédiaire. La partie s’annonce chaude et serrée, comme on les aime.

Écrit par Yves Grasset

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