Le Werder remporte l’acte I

Le premier des quatre Nordderby entre Hambourg et Brême en l’espace de 19 jours, celui de la Coupe d’Allemagne, a tourné à l’avantage du Werder. Les Brêmois retrouveront le Bayer Leverkusen en finale le week-end de Pentecôte. À Berlin et non aux Bahamas.

C’est la HSH Nordbank Arena d’Hambourg qui était le théâtre du premier de ces quatre Nordderby, rebaptisé Dauerderby. On craignait un match trop heurté qui eût donné le ton au reste de la série. Cela s’est plutôt bien passé, hormis quelques inévitables frictions, jusqu’à la 90e : le Werder a dominé la 1ère mi-temps et ouvert le score sur un coup franc de Diego repris par Mertesacker, la 2e période a été plutôt hambourgeoise avec l’égalisation d’Olic sur un centre de Demel (1-1).Les choses se sont gâtées à la 90e avec un contre brêmois sur lequel le capitaine hambourgeois Jarolim a commis une faute d’antijeu grossière sur Özil, juste devant le banc du Werder qui s’est levé comme un seul homme en beuglant. L’arbitre s’est laissé influencer et a sorti le carton rouge au joueur tchèque ; dans un contexte aussi tendu, expulser un joueur pour une prétendue faute de dernier recours le long de la ligne à touche à 60 mètres du but, c’était pas super malin. Si les prochains matchs dégénèrent, M. Knut Kircher en portera sans doute une part de responsabilité.

Wiese, ce héros

Les deux équipes ont eu l’occasion de forcer la décision dans les prolongations mais les deux gardiens ont été impeccables, même Tim Wiese. Le portier du Werder Brême est devenu le héros de la soirée en offrant la victoire à son équipe aux tirs au but en retenant les essais de Boateng, Olic et Jansen. Tim Wiese, héros d’une demi-finale de Coupe, c’était à peu près aussi improbable que de voir Yves Allégro gagner une rencontre de Coupe Davis à lui tout seul, et pourtant… Comme quoi, tout est possible en football. Mais ça, tu le savais déjà. Largué en championnat, le Werder se voit offrir une première chance de sauver sa saison avec cette finale de Coupe, la deuxième opportunité ce sera la demi-finale de Coupe UEFA contre Hambourg.
Le HSV réalise une saison magnifique mais il pourrait tout perdre en l’espace de trois semaines : le rêve de la Coupe envolé, les Rothosen n’auront guère le temps de ruminer leur déception : samedi, ils sont attendus de pied ferme au Westfalenstadion par 80’000 supporters et un BVB euphoriques après quatre succès consécutifs ; le jeudi suivant ce sera le déplacement à Brême dans une ambiance hostile pour la demi-finale aller de Coupe UEFA, avant de recevoir le Hertha Berlin trois jours plus tard dans un duel décisif pour une place en Ligue des Champions. Jouer cent vingt minutes, donc trente en infériorité numérique, perdre Petric sur blessure pour finir par être éliminé aux pénaltys, c’était sans doute la pire manière de débuter cette semaine infernale.

Leverkusen soulagé

Vingt-quatre heures plus tôt, Leverkusen avait obtenu son ticket pour la finale en dominant Mainz dans la douleur (4-1 après prolongations). Une qualification en forme de soulagement car le Bayer craignait de revivre le même cauchemar que l’an dernier : soit longtemps faire le course dans les premières positions au classement en pratiquant un bon football avant de s’écrouler et se retrouver bredouille en fin de saison. Dès lors que Werkself est écarté de la lutte pour le titre et la ligue des champions, que même une place UEFA sera difficile à atteindre en championnat, il n’avait plus que la Coupe pour sauver sa saison et éviter d’être écarté des places européennes une deuxième année consécutive. La pression était donc là avant de recevoir Mainz, pensionnaire de 2. Liga.

Match crispant

Le match a été plutôt crispant, la domination des Rheinländer désordonnée. Leverkusen a cru avoir fait le plus dur à la 82e lorsque le joker Angelos Charisteas a profité d’une faute de main du gardien Dimo Wache pour enfin percer le verrou mis en place par l’ancien Zurichois et Luganais Jørn Andersen. J’étais tout juste en train d’essayer de me remémorer quelle était déjà cette équipe qui avait une fois perdu 1-0 sur un but de Charisteas que Mainz égalisait à la 88e par Aristide Bance au terme d’une action un peu confuse. Tu ne connais pas encore Aristide Bance mais tu auras l’occasion de le découvrir dans les multiples reportages pré-Coupe du Monde 2010 sur les héros du Burkina Faso qui vont créer la sensation des éliminatoires en sortant la Côte d’Ivoire et nous épargner la présence de Didier Drogba en Afrique du Sud. Merci d’avance. Leverkusen n’a pas eu le temps de douter et a fait la différence grâce à deux buts du Chilien Vidal et du capitaine Rolfes dans la 1ère prolongation, la révélation Michal Kadlec scellant le score en fin de match (4-1).

Gueule de bois

Le FSV Mainz a dû se réveiller avec la gueule de bois. Tu me diras, après un match de foot en Allemagne, tu te réveilles forcément avec la gueule de bois mais là ça devait être particulièrement sévère. Début mars, au soir de la qualification en quarts contre Schalke 04, tous les espoirs semblaient permis pour le club de Mayence : Mainz était solidement installé dans le duo de tête de la 2. Liga et pouvait espérer fêter une promotion, une finale de Coupe, avec, pourquoi pas, une qualification européenne pour inaugurer son nouveau stade la saison prochaine. Désormais, la Coupe et l’Europe se sont envolés ; pire, comme souvent, en jouant sur deux tableaux, Mainz a un peu rétrogradé en championnat. Il faudra réagir rapidement, sinon cette saison qui aurait pu être celle de tous les succès sera celle de toutes les désillusions.

Berlin, Berlin, wir fahren nach Berlin

La finale opposera donc le Werder Brême au Bayer Leverkusen. Ce n’est pas forcément la meilleure affiche au niveau de la ferveur des supporters mais, hormis un hypothétique Bayern – Hoffenheim, la finale de la Coupe d’Allemagne c’est de toute façon une grosse ambiance assurée. Rayon spectacle, cela promet beaucoup car Brême et Leverkusen sont deux des équipes les plus spectaculaires d’Allemagne. Cette finale se déroulera le samedi 30 mai, soit le week-end de Pentecôte. Tu sais, le week-end où il était censé être impossible d’organiser une finale pour cause de congrès de la FIFA aux Bahamas. De deux choses l’une : soit l’Allemagne n’est pas affiliée à la FIFA, soit les dirigeants de la DFB sont plus soucieux des intérêts des supporters que ceux de l’ASF. Ceci dit, cela choquera sans doute mon rédacteur en chef, mais si j’avais à choisir entre les Bahamas et la finale à Berlin, j’hésite pas une seconde et j’opte pour les trois jours de foire autour de la porte de Brandebourg avec sa Fan Fest, ses bars à chaque coin de rue, ses dizaines de milliers de supporters, les Mass Bier de l’Olympiastadion et accessoirement le match.

Écrit par Julien Mouquin

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5 Commentaires

  1. Merci pour le compte-rendu, aussi rapidement pondu que fidèle au match que j’ai regardé sur ZDF hier soir. Werder n’a pas volé sa victoire et les trois derbies à venir s’annoncent mal pour le HSV. Je ne les vois pas ramener de point du Westfalenstadion non plus.

  2. En même temps Blue Raph, j’espère que le HSV ne va pas se pointer au Westfalenstadion, car la ça va être mission impossible pour ce qui est des points à ramener !

    Plaisanterie mise à part, le Werder me semble posséder un collectif plus intéressant, avec de surcroit, l’une des meilleures individualité de la Bundesliga…

    Mal sehen !

  3. Mouais, moi les stades rebaptisés par des sponsors, je ne suis pas trop fan… Vive Volkspark!

    Je te rejoins pour ce qui est du collectif du Werder et de l’artiste Diego. Ah si les dirigeants du HSV nous avaient débusqué un Brésilien comme ça, au lieu de nous infliger Neves et Silva…

  4. lol oui juste !!! Enfin, « naming » mis à part, c’est juste que le Westfalenstadion (ou Signal Iduna Park …!?!) se trouve à Dortmund…

    Pour ce qui est des stars étrangères dans la Bundesliga, c’est toujours le même combat: ils flambent en club 1-2 saisons, et ensuite direction l’étranger… ou le Bayern… (Diego/Ribery pour ce qui est des rumeurs insistantes du moment). Mais avant cela, il faut bien sûr réussir la bonne pioche! (Et là je te rassure, il y a eu pire que Neves et SIlva, Carlos Alberto au Werder par exemple…)
    Si Wolfsburg termine champion (…et même sans cela), quid de Grafite, Dzeko ou encore Misimovic?

    Enfin… c’est du connu tout ça… Moi ce que je j’ai du mal à saisir, c’est le pourquoi de cette fuite. L’Allemagne a les meilleurs stades d’Europe, avec les meilleures affluences (là ou l’Italie, par exemple, a 20 ans de retard, et des spectateurs qui ne cessent de déserter les enceintes…) et des clubs régulièrement en Champions League… Je trouve personnellement la Premier League au dessus du lot, notamment grâce au Big Four, mais qu’ont de plus l’Espagne et surtout l’Italie? Plus de bons joueurs, c’est un fait (du moins plus de joueurs à la valeur marchande plus élevée…), ce qui selon moi, ne se ressent pas sur la qualité du jeu…
    Problème de mentalité, certainement…

    Mal sehen !

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