Deux quarts à oublier…

Amateurs de spectacle, de rencontres offensives pleines de retournements de situation, le tout dans une ambiance fantastique, il valait mieux ne pas faire le déplacement de Berne et profiter bien tranquillement du soleil. Ce fut donc un échec complet à ce niveau lors de ces deux rencontres d’une médiocrité affligeante.

Un match qui oppose des cueilleurs de patates et des tueurs de phoques ? Puisque j’avais annoncé, sûr de moi, que les Lettons ne feraient qu’un petit tour avant de retourner jouer les agricoles pour de vrai cette fois, bien normal que je m’y colle…Tout commence par une première période poussive avec des Lettons qui tiennent à croire qu’ils ont un coup à jouer et qui décident de montrer qu’une humiliation n’est pas au goût du jour, et des Canadiens qui veulent montrer à la face du monde qu’ils n’ont pas besoin de jouer à 100% pour être dominants, histoire qu’au pays la colère monte encore d’un cran quant au manque d’adversité que rencontre leur équipe nationale (…quand même pas croyable c’t’organisation…).

Le Canada passe la première

Mais après avoir laissé les Lettons faire bonne figure, puisque la Suisse c’est presque chez eux, les Canadiens pouvaient se mettre en marche. Dany Heatley allait se faire l’auteur d’un de ces tirs peu académiques, sans contrôle et qui ne trouvait aucun rebond avant d’allumer la lampe. Ensuite, Hamhuis allait montrer que tirer au but, peu importe où et comment, était une philosophie. Son envoi aurait probablement fini sa course dans les choux si aucun adversaire n’avait été sur la trajectoire pour «corriger le tir». La machine Hockey Canada semblait lancée. Lindy Ruff décida de jouer son va-tout en prenant un temps mort consécutivement à un avantage numérique obtenu des arbitres. Plutôt «tactiquement bien joué pour trouver la bonne tactique», puisqu’un 2-0, c’est «the worst lead in hockey» et que les Lettons allaient pouvoir revenir à la marque dans la minute suivante.
C’est après que tout se brouille. Pas en raison des patronymes originaux et astucieusement bourrés de «s» des Lettons, mais ce sont bien les nombreux quasi homonymes canadiens qui ont donné du fil à retordre à la télévision romande. Difficile de faire la différence entre Pizza, Chpidzet et Spisa qui ont tous un peu le même profil nord-américain ; quant à Hitlet, Italy et Hilti, pas simple de faire la part des choses, surtout qu’ils ont tous joué durant le lock-out à Berne.

4 triple-expressos s.v.p.

Heureusement qu’un citoyen canadien d’origine grecque (est-ce d’ailleurs le futur Chelios ? Étonnant que cette question n’a pas été posée, car elle est pourtant pertinente pour le téléspectateur), dont le nom se prononce admirablement bien avec l’accent vaudois, allait être le prochain à nous la mettre au fond. Et puisque certains s’étaient extasiés devant le tir sans reprise de Heatley de la 35e et qu’ils affirmaient que c’était bien la marque des joueurs de grandes nations d’être capables de telles actions, Vasiļjevs allait en faire de même, histoire que l’on saisisse (même si c’est imparable) la portée de ces propos.
Lombardi allait encore montrer que les Canadiens ne dominent pas que le «hocki», mais qu’ils sont aussi très forts en ski de bosses. Il improvisa un slalom entre quelques-uns des plus grands sommets baltiques pour finir par marquer avec une facilité déconcertante devant un gardien qui a pourtant réalisé des prouesses devant des tireurs de tirs de barrage d’un calibre supérieur il y a quelque temps…
Bref, voir le Canada jouer, c’est aussi grisant que faire de la motoneige dans les grands espaces et s’arrêter manger un hamburger de bison à St-Roch-de-Mékinac. Ils peuvent jouer les patins délacés et ils arrivent à créer l’enthousiasme et souvent le spectacle. Si jamais ça ne rentre pas, ils jouent fort dans les coins et ça fait aussi gesticuler les arbitres. Dommage que le hockey ne soit pas considéré comme le bobsleigh par le comité olympique, ils pourraient aligner une équipe A, B et C à Vancouver et viser trois médailles.

Suède – Tchéquie : Ṧtěpánek coule les siens

Dans le dernier quart de finale – a priori le plus équilibré –, Michálek nous avait prédit une rencontre palpitante. Sauf le respect du brillant attaquant de San José, on attend encore… Dans un match aussi insipide qu’un duel entre Grasshopper et Young-Sprinters, la moins mauvaise équipe l’a emporté. Ou plutôt celle qui aura commise de moins d’erreurs grossières. J’avais prédit une élimination de la République tchèque en quarts de finale à cause de la présence du plus faible gardien de ces Mondiaux dans leur effectif : je n’ai pas été déçu. Deux énormes bourdes et un «soft goal», et voilà tous les maigres espoirs tchèques réduits à néant. Ayant effectué au total quatre arrêts sans concéder de rebonds, l’hideuse passoire de Vítkovice a précipité son équipe en vacances et accessoirement les quolibets de leurs fans. Après deux matchs sans prendre le moindre but, il fallait bien que cette supercherie cesse.
Les Suédois en demandaient pas tant. Pratiquant un jeu toujours aussi passionnant avec quatre libéros et un stoppeur (si l’on excepte le génial Omark), ils ont eu tout loisir de profiter des dégagements interdits non sanctionnés pour tenter de déstabiliser les paires Morandík-Burnásconý, Kambeřak-Schäublinek et Daucourtáva-Girardinský. Sans génie et sans panache, il n’a même pas été possible de se rabattre sur le spectacle dans les tribunes, tant la qualité physique des supportrices scandinaves était étonnamment consternante. Un mythe venait de s’effondrer.
Cela dit, les Tchèques n’étaient pas en reste non plus. Au vu de cette conspiration généralisée, on s’est donc magistralement emmerdé à la PTT-Arena et ce matin, on peut encore ressentir une petite douleur rectale. Le seul moment risible aura finalement été la réduction du score tchèque en double infériorité numérique. Que ce genre de mésaventure arrive par exemple au EHC Biel n’a rien de choquant, mais dans un quart de finale d’un championnat du monde, ç’a tout de même un côté dramatique. Et c’est sans compter l’affolant déchet présent dans le jeu des deux équipes.

Jágr en mode Bezina

Après cette nouvelle piteuse élimination au stade des quarts (l’inatteignable nirvana de l’équipe suisse), les dirigeants tchèques devront bien comprendre une bonne fois pour toutes qu’il faut arrêter avec la sélection de stars vieillissantes (Jágr) et d’individualistes notoires provenant de la KHL (Vašíček et Rolinek entre autres). Toujours présents lorsqu’il s’agit d’assurer trois minutes syndicales de spectacle contre des adversaires nullissimes, ces derniers démissionnent en bloc dans les rencontres décisives. De l’autre côté, Gustafsson doit bien se marrer. Il y a une semaine, la population suédoise était prête à le brûler sur la place publique pour avoir magistralement éconduit les potentiels renforts de NHL prêts à rejoindre l’équipe de la Tre Kronor. Une fois encore, le sorcier suédois a eu raison sur toute la ligne. Bon, on est d’accord, ça ne devrait pas les empêcher de ramasser une sévère défaite contre le Canada. Mais tout de même, une place de demi-finaliste alors que Persson ne leur donnait du crédit au début de la compétition est en soi une réussite.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Canada – Lettonie 4-2 (0-0 3-1 1-1)

BurnArena, 8042 spectateurs.
Arbitres : Kurmann (Sui)/Orszag (Slq) ; Kicha (Ukr)/Oskirko (Rus)
Buts : 27e Heatley (Roy, S. Weber) 1-0. 35e Hamhuis (Stamkos, Doughty/5c4) 2-0. 38e Galviņš (Vasiļjevs/4c5!) 2-1. 38e Stamkos (Hamhuis/5c4) 3-1. 42e Vasiļjevs (Ņizivijs, Sirokovs) 3-2. 44e Lombardi (Armstrong, Coburn) 4-2.
Pénalités : 8 x 2′ + 1 x 10′ (Hamhuis/charge à la tête) contre le Canada ; 7 x 2′ + 1 x 10′ (Dārziņš/Méconduite) contre la Lettonie.
Tirs cadrés : 48-23 (16-8 22-4 10-11)
Canada : Mason; Hamhuis, S. Weber; Vlasic, Coburn; Doughty, Phillips; Schenn, Kwiatowski; Roy, Heatley, Spezza; Stamkos, Doan, St-Louis; Horcoff, Fisher, Zajac; Upshall, Lombardi, Armstrong.
Lettonie : Masaļskis; Skrastiņš, K. Rēdlihs; Laviņš, Sotnieks; Galviņš, Pujacs; Bārtulis, Jerofejevs; Sprukts, Dārziņš, Ankipāns; Dzeriņš, M. Rēdlihs, Bērziņš; Vasiļjevs, Ņizivijs, Cipulis; Sorokins, Sirokovs, Cipruss.
Notes : La Lettonie sans Karsums. Sinon rien d’autre à signaler, si ce n’est la pitoyable ambiance de l’arène bernoise.

Suède – Tchéquie 3-1 (0-0 2-0 1-1)

PTT-Arena, 10’415 spectateurs
Arbitres : Looker/Sterns (Usa) ; Feola (Usa)/Orelma (Fin)
Buts : 24e Weinhandl (Johansson/5c3) 1-0. 39e Tarnström (Weinhandl, Martensson/5c4) 2-0. 49e Čajánek (Rolinek/3c5!!!) 2-1. 58e Jonsson (Nilson, Persson) 3-1.
Pénalités : 11 x 2′ contre la Suède ; 11 x 2′ contre la Tchéquie
Tirs cadrés : 20-34 (7-13 7-10 6-11)
Suède : Gustavsson; Oduya, Tarnström; Johansson, Gunnarsson; Jonsson, Strålman; Grossmann, Akerman; Wallin, Nilson, Huselius; Martensson, Eriksson, Weinhandl; Thornberg, Omark, Harju; Berglund, Andersson, Persson.
Tchéquie : Ṧtěpánek; Zidlický, Čáslava; Rachůnek, Blaťák; Polák, Němec; Hemský, Čajánek, Jágr; Plekanec, Michálek, Eliáš; Klepiš, Hlinka, Vašíček; Rolinek, Marek, Kotalík; Červenka, Olesz.
Notes : La Tchéquie sans Barinka et Irgl. Tirs sur les montants: 46e Eliáš, 52e Zidlický.

Écrit par Jean-Boris Cochet-Lamouche et Mathieu Nicolet

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1 Commentaire

  1. « Bref, voir le Canada jouer, c’est aussi grisant que faire de la motoneige dans les grands espaces et s’arrêter manger un hamburger de bison à St-Roch-de-Mékinac. »

    Ca sent le séjour au montagnard ca! 🙂

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