Les paresseux du vieux pays

Il est 17h54, le match opposant le FC Sion à Grasshopper s’achève enfin. Le stade compte encore 3’000 fidèles (sur 9’200 spectateurs) qui s’évertuent à chanter «Mouille le maillot». Alioui et Dominguez regardent un gradin nord dégarni et font un geste d’excuse. Bienvenue à Tourbillon.

Véreux jusqu’à la racine !

Il y a quelques semaines, un certain Nicolas Beney hissait à lui seul son équipe en finale de la Coupe suisse, détournant deux pénaltys lucernois. Porté en triomphe par un canton mais surtout par le président de son club, l’éternel bagnard voyait enfin la fin du tunnel. Promis à une fin de saison comme titulaire et à une finale de Coupe qu’il avait obtenu quasi seul, il était vu comme le gardien capable de sauver une saison bien mal débutée.
Au même instant, le meilleur gardien de tous les temps prolongeait volontairement ses vacances post matches internationaux en Egypte. Sous des excuses toutes plus exotiques les unes que les autres, il restait paisiblement dans sa patrie d’origine. D’un caractère peu professionnel, il se faisait même critiquer pour son manque de professionnalisme et semblait destiné à un retour précipité au pays (meilleur chose qui pouvait lui arriver). Mais une stupide expulsion de Beney obligeait le club sédunois à trouver une parade entre un jeune sans expérience (Couchepin) ou le retour de la momie. Choix rapidement classé…
La suspension étant maintenant terminée, un retour du gardien auquel on a promis une place de titulaire semblait évident par rapport à l’anti-professionnel qui se dorait au Caire. Mais à Sion, il n’est pas nouveau que l’argent gouverne et que la morale n’est jamais à l’ordre du jour tout comme le respect des personnes. C’est donc le bouffon africain qui prenait place dimanche après-midi. Ce club est décidément véreux jusqu’à la racine.

Match de 7 minutes

Que la majeure partie des joueurs sédunois soient fainéants, ce n’est pas une surprise mais qu’ils réduisent leur prestation à 7 minutes me laissa pantois. Après une ouverture du score aussi rapide qu’involontaire de Paito sur un centre-tir à la 4ème minute, le FC Sion prenait clairement le bon chemin. Bien en mouvement, volontaires et concernés, les Valaisans étouffaient un adversaire zurichois clairement venu faire de la figuration. Déterminé à aider une équipe sédunoise aux abois au niveau comptable, Schulz prenait la peine de se faire expulser à la 7ème minute. Tout tendait les bras à l’équipe de Tholot.
Mais la paresse n’est pas un péché capital pour rien. L’équipe valaisanne arrêtait de jouer sous prétexte d’une supériorité numérique ajoutée à un score positif laissant le jeu à des visiteurs requinqués. La sentence ne tardait pas et un auto-goal de Paito à la 20ème minute ponctuait une domination zurichoise. Décidé à s’enfoncer, le collectif rouge et blanc ne sentait pas la nécessité de commencer à se bouger et finissait la mi-temps sous les sifflets d’un stade sentant arriver la catastrophe.
La catastrophe qui devait arriver en deuxième mi-temps ne s’est pas fait attendre. Fermino, entré à la 27ème minute, se faisait expulsé à la 49ème pour un second jaune. Comme si les Sédunois n’étaient pas assez mauvais naturellement, l’arbitre s’emmêla pour siffler une série d’aberrations et distribuer une collection de cartons. Le match tournait gentiment à la démonstration suisse allemande mais le pire restait à venir. Alors que GC dominait de plus en plus clairement les paresseux adverses, la défense centrale s’endormait définitivement et laissait Zarate se balader aux alentours de la surface. 7 minutes et 3 buts plus tard, l’effondrement collectif se confirmait et l’odeur du camouflet était alors bien présente. La catastrophe venait d’avoir lieu !

Rien de bon

Individuellement, la prestation sédunoise est pitoyable. Le seul avantage pour l’année prochaine est que l’on possède déjà les joueurs pour la Challenge League.
El Hadary ne peut pas tenir la baraque à lui seul. Mais il ne peut pas non plus diriger une défense aux abois puisqu’il ne parle pas un mot de français, anglais, portugais ou hongrois. L’arabe n’est pas encore dans les mœurs à Sion mais ça ne tardera pas…
La défense a montré les limites d’un composite multiculturel incapable de se comprendre. L’Hongrois essayant d’expliquer au Mozambicain que le Marocain n’est pas placé juste par rapport au Nigérian. Dépassé et baladé par plusieurs Zurichois, ils ont lamentablement lâché prise une fois le 2-1 encaissé.
Fermino est définitivement mauvais, imprécis, pas très malin et, corolaire, capable de se faire expulser pour deux cartons jaunes en moins de 20 minutes. Monterrubio est clairement entré dans la machine à régresser à l’inverse de M’Futi qui n’a plus assez de talent pour régresser davantage. Dominguez a effectué la promenade dominicale mais n’a pas forcé sur la balade, le match étant peu médiatisé. Obradovic a trop peu joué pour être jugé et Serey Die a fourni la seule prestation honnête parmi les onze acteurs.
Afonso gambadait à la pointe de l’attaque, chutant lamentablement à chaque contact contre les défenseurs des Sauterelles. Et que dire de l’entrée du cep costaricain ? Notre arbuste d’Amérique centrale a de nouveau démontré sa fainéantise extrême, se permettant de galvauder la seule action sédunoise de la deuxième mi-temps en faisant une passe au gardien à moins de 5 mètres. Affligeant !
Comptablement, l’affaire ne pouvait pas être plus désastreuse. Alors que Xamax, Bellinzone et Lucerne ont su obtenir des points de leurs parties du week-end, Sion a distribué les siens à un adversaire dont la fin de saison est tout sauf une préoccupation. Plus qu’au niveau comptable, c’est mentalement, physiquement, techniquement et collectivement que l’équipe a craqué. A une semaine d’une finale de Coupe de Suisse et aux abords d’échéances capitales, la fin de saison est particulièrement mal engagée du côté du vieux pays…
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Sion – Grasshopper 1-4 (1-1)

Tourbillon, 9’200 spectateurs.
Arbitre : M. Kever.
Buts : 4e Paito 1-0. 22e Paito (autogoal) 1-1. 81e Zarate 1-2. 83e Zarate 1-3. 87e Riedle 1-4.
Sion : El Hadary; Vanczak, Alioui, Nwaneri, Paito; M’Futi (53e Reset), Serey Die, Obradovic (27e Fermino), Monterrubio; Dominguez; Afonso (58e Saborio). Entraîneur : Tholot.
Grasshopper : Jakupovic; Voser, Vallori, Colina, Daprelà; Callà, Cabanas, Salatic, Lulic (58e Riedle); Linz (54e Zarate), Schultz. Entraîneur : Latour.
Notes : Sion sans Adeshina (blessé), Berisha et Bühler (suspendus), GC sans Smiljanic, Bobadilla (blessés).
Cartons jaunes : Obradovic (7e), Salatic (36e), Cabanas (36e), Serey Die (38e), Fermino (45e), Daprelà (71e), Callà (75e), Zarate (81e), Paito (86e), Nwaneri et Colina (89e).
Cartons rouges : Schultz (7e), Fermino (48e, 2e carton jaune).

Écrit par Ernest Shackleton