Wimbledon, «gazon maudit»

Alors que Wimbledon bat son plein, le tennis féminin continue sa lente et interminable dérive dans les abîmes de la mode et de l’ignominie ; à de trop rares exceptions, on y fait tout, sauf du tennis. On ne jardine pas avec amour, mais on bêche, on pioche et si possible, on désherbe afin qu’il ne reste rien. Petit tour d’horizon…

Après une semaine de débats au ras des pâquerettes, commençons donc le fabuleux inventaire de Wimbledon Beach par les points positifs. Premièrement, les trois «vagisseuses» de service, dont les cris n’ont d’égal que l’indigence de leur tennis, ont déjà plié bagages. Comprenez donc que Maria Sharapova s’est noyée de cris, que Maria Kirilenko a bu la tasse et que Michelle Larcher de Brito a eu une indigestion d’herbe. Si l’on peut à la rigueur regretter le joli minois des deux premières, en revanche on ne regrettera pas longtemps leur arrogance et leurs coups droits manqués. Ces cris abominables devraient au moins produire un jeu exemplaire, or c’est tout le contraire. Y’aurait-il donc une corrélation logique et scientifique entre la qualité du jeu et des cris ? Plus tu cries, moins bien tu joues. On ne saurait donc leur recommander d’appliquer la maxime qui veut qu’au tennis, «le silence est d’or». À méditer, ne serait-ce que pour nos tympans.Dans le reste de l’actualité «people» à Wimbledon, on apprend que Marion Bartoli exècre sa compatriote Virginie Razzano à cause de sombres déclarations que cette dernière aurait tenues un jour peu éclairé – comme il y en a tant dans le tennis féminin. Là encore, au risque de me fendre de moqueries, je ne puis m’empêcher de conseiller à Mlle Bartoli, jadis finaliste à Wimbledon, de se concentrer sur son tennis et sa collection de t-shirt mouillés de Rodgeur, car après la claque encaissée contre Francesca Schiavone (7-6 et 6-0 !), c’est malvenu. En voilà une qui ferait mieux d’engraisser ses choux plutôt que de chercher à empoisonner ceux de la voisine !
Toujours côté déclarations tonitruantes, l’ineffable Serena a encore tenu la dragée haute à ses collègues, mais en bien, étonnamment. Reculer pour mieux sauter ? Nouveau spray pesticide ? Toujours est-il que la cadette des Williams a déclaré que «Safina méritait sa place de numéro 1». Alors qu’elle avait déclaré plus ou moins l’inverse il y a quelques semaines et prétendu, une fois n’est pas coutume, qu’elle était la meilleure joueuse du monde. Serena, c’est «l’inconstante jardinière».
Ces records de verbe et d’audace tendent à éclipser les autres résultats et les premières surprises. Car, oui, il se pratique encore parfois du vrai tennis, mais il faut un peu creuser. Notamment Amélie Mauresmo, vainqueur en 2006, qui a passé brillamment ses trois premiers tours. Elle affrontera en huitième de finale la «numéro 1», Dinara Safina. Avec un jeu beaucoup plus évolué, la Française a de quoi s’offrir un premier quart de finale en Grand Chelem depuis sa demi-finale à l’US Open en 2006. Autre surprise de ce haut de tableau, l’élimination de Jelena Jankovic par une qualifiée américaine qui répond au doux nom de Mélanie Oudin. À 17 ans, l’Américaine signe donc une performance de premier ordre ! À noter tout de même que depuis le début de l’année, Jankovic n’a jamais dépassé le stade des huitièmes de finale en Grand Chelem et semble être en pleine période de doutes, ou de soupçons de blessures – elle a fait appel au médecin pour se faire prendre le pouls. Affaire à suivre de très près.
Quant à Venus Williams, elle poursuit son bonhomme de chemin, tout comme Ivanovic, qui peine à retrouver ses sensations mais dont les résultats se font meilleurs de tournoi en tournoi. Ceci est d’excellente augure, évidemment, car Ana Ivanovic est une des joueuses qui propose un répertoire plus étoffé que celui de ses concurrentes. Avec Mauresmo, la jeune Danoise Caroline Wozniacki et bientôt la revenante Kim Clijsters, l’espoir renaît donc !

Patty au pudding

Je l’avais prédit, c’est arrivé. Patty Schnyder a chuté dès le premier tour, sans gloire et sans se battre. Notez que depuis, elle se consacre à la confection de pudding pour ses amies limaces du court N°13 de Wimbledon. C’est gélatineux à souhait, ça colle et c’est immangeable, c’est le repas idéal pour un dîner romantique.
Timea n’a pas su saisir sa chance au deuxième tour, qu’elle a perdu contre… Marion Bartoli ! Dommage, car elle avait une bonne carte à jouer. Quant à Stephanie Voegele, même si elle a perdu, elle n’a surtout pas démérité. Elle a joué de manière libérée, sans pression et avec générosité. Tout l’inverse de Patty, en fait. Et je vous garantis que cela faisait plaisir à voir, qui plus est sur le Central. Merci !
En conclusion, le tennis féminin me laisse toujours un arrière-goût amer, tant il souffre de sa pauvreté technique et de son manque de leadership. En effet, aucune joueuse ne peut à ce jour prétendre à la constance et à une régularité en termes de résultats, car les blessures sont courantes et banalisées. La faute à un jeu surpuissant que le corps ne peut supporter. Toutefois, restons positifs, cette première semaine a quand même vu passer quelques joueuses de talent et j’ai bon espoir que la finale soit plus flamboyante que celle de Roland Garros !

Écrit par Jérôme Nicole

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