La course à la deuxième place

Et voilà, c’est magique. Lance Armstrong est redevenu sympa, l’idole des jeunes et le chouchou des médias. Il a suffi à l’Américain de ne pas gagner et tout le monde le trouve à nouveau formidable. Même Sarko est à fond. Les Français aiment les deuxièmes et, malgré France 98, ce n’est pas près de changer. L’éphémère coureur Astana a réussi son coup de communication en faisant ce qu’il était venu chercher dans l’Hexagone : perdre magnifiquement.

Et pourtant, Dieu sait que son image n’était pas sortie grandie d’un début de Tour où son ambition dévorante a failli coûter cher à son coéquipier Alberto Contador. Il n’aura finalement fallu qu’un soupçon de vraie montagne pour révéler au grand jour le niveau qui est celui de Armstrong cette année. On l’avait vu sur le Giro, le septuple vainqueur de la Grande Boucle n’est plus que l’ombre de celui qui moulinait encore plus vite que Marco Pantani à l’époque. A 37 ans et après trois ans d’inactivité, quoi de plus normal ? Alors au milieu des louanges qui ne vont pas manquer de s’abattre sur lui, je dois avouer que je trouve ça personnellement à mille lieux de l’essence même du sport. Il n’y a qu’à regarder la «tactique» d’équipe des Astana en direction du Grand-Bornand, ça faisait rêver. M’enfin, si le Tour était encore une compétition 100 % sportive, cela se saurait. Politique, sport et médecine ne font décidément pas bon ménage…

Patron, un Tour !

Ah les vieux réflexes… Deux semaines durant, le Texan a fait donner de sa garde et a repris son rôle de grand Manitou du peloton. Il a fait illusion dans le premier chrono à Monaco, il a été le seul «leader» à éviter le coup de bordure de la première semaine, il a manqué de s’emparer du paletot jaune de Fabian Cancellara à la suite du contre-la-montre par équipes et il est même allé payer de sa personne lorsque des échappés ne lui convenaient pas. Dur pour cet homme habitué à tout maitriser de finalement se rendre compte qu’il n’est pas le plus fort et que ses vieilles jambes ne le portent plus comme avant. Et pourtant, ce n’était pas faute de la part de sa formation, et notamment de notre ami Johan Bruyneel, d’avoir mis tous les bâtons possibles dans les roues d’Alberto Contador…
Mais le but premier d’Armstrong est atteint : il s’est refait une image tout lisse. C’était quand même le principal prétexte à son retour, ne soyons pas dupes. Ce come-back, ce n’était pas par amour irrépressible de son sport… Les Français ne l’aimaient pas quand il était arrogant et qu’il gagnait, le voilà sympathique et il fait même des petits coucous aux caméras. Oh, impossible pour un journaliste de l’interviewer et il est entouré à chaque seconde de quelques gardes du corps. C’est vrai qu’il rentre à son hôtel tout seul, alors que ses coéquipiers s’entassent dans leur pullman. Chuuuut. Il est devenu gentil, il perd et tout le monde est content. Lui surtout, qui a pu serrer les mains d’au moins vingt chefs d’Etat depuis qu’il est revenu sur le Tour Down Under en janvier, le tout affublé de son bracelet jaune, d’un maillot Livestrong à l’entraînement et même d’un casque différent de ces de ses collègues lors des épreuves.

Merci Schleck & Cie

Heureusement pour la crédibilité du Tour, le Texan est rentré dans le rang et l’envie ainsi que le talent des deux frères Schleck a permis aux spectateurs de vivre une course épique. C’est d’ailleurs toute l’équipe Saxo Bank qui a permis de ne pas s’endormir. Sinon, qu’aurait-on vu ? Un Contador qui s’excuse de gagner et qui n’ose pas attaquer de peur de faire flancher le «Survivor» et Andreas Klöden. Ce même Espagnol est obligé de bluffer pour laisser la victoire aux Luxembourgeois, qui avaient fait tout le boulot lors de l’étape-reine.
Vivement l’année prochaine, franchement. Armstrong et Bruyneel feront leur propre cuisine au sein d’une nouvelle formation, le vainqueur des Tours 2007 et 2009 pourra ainsi faire exploser le peloton à sa guise sans être bridé par une bande de margoulins qui n’apporte rien à ce sport. Pendant ce temps-là, Alexandre Vinokourov sera contrôlé positif après trois étapes et des tas d’autres repentis feront leurs vierges effarouchées quand on leur parlera de dopage. Finalement, malgré la gabegie proposée par l’équipe kazakhe, celle-ci est parvenue quasiment à ses fins. Armstrong a pu promouvoir sa fondation contre le cancer aux dépens de ce Tour qui l’a si souvent répudié. Contador a gagné sa deuxième Grande Boucle après avoir fait le doublé Giro-Vuelta en 2008. Ne manquaient que Popovytch, Klöden ou Leipheimer parmi les cinq premiers pour réaliser l’orgie annoncée. Dommage, hein.

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10 Commentaires

  1. excellent papier.
    Pourquoi donne-on un quelconque crédit à un gars qui s’est dopé à sa guise et qui a dégouté les coureurs propres de ce sport.

    Mais le peuple veut / voulait les Jeux du Cirque, il les a eu… finalement ne serait-on pas tous coupables du dopage.

  2. Excellente analyse.
    Je plains Contador même si je déteste Astana.
    Voir Contador se faire remettre en place (vopir la polémique sur Eurosport) pour une attaque qui aurait pu conforter sa place et gagner l’étape-reinedes alpes, c’est vraiment pathétique et ca montre qu’Armstrong et Bruyneel sont de véritables trous du cul.

  3. En attendant, Armstrong doit continuer à sacrément se doper pour demeurer au même niveau que les Schleck à 37 ans…. Alors soit il continue de se doper comme le reste du peloton, soit aucun d’eux ne se dope…

    Une chose est sûr, Cancelara, lui, ne se dope pas!

    Quant aux raisons qui font de ce tour une édition misérable, il faut aussi noter ses oreillettes débiles qui font de ces cyclistes des robots! Commençons par les retirer et empêchons les directeurs des équipes de donner les écarts et nous commenceront à voir de VRAIES échappées et une belle course dont le scénario n’est pas préparé la veille!

  4. Je ne crois pas que les oreillettes jouent un si grand rôle.
    Mais le parcours de cette année était nul à chier et le fait que les Astana aient 4 coureurs potentiels vainqueurs du tour n’arrange rien pour le spectacle.

  5. En cette période de commémorations des premiers pas de l’homme sur la lune, on peut dire que le départ de la fusée apollo 11 était une sorte de lance Armstrong…

  6. De toute façon dopage ou pas , l’effort qu’il font est extraordinaire ! Pour preuve j’ai moi-même pris dans ma jeunesse pas mal de produits et je peux vous dire que les pédales ( du vélo ) n’avance pas toute seule …..En ce qui concerne Armstrong , on peux dire ce que l’on veut mais ce mec à un sacré mental pour revenir a son âge !

  7. tout à fait judicieux…c’est vrai que cette année c’est n’importe quoi !! j’en a que pour 4 coureurs….j’aimerais pas etre à la place des autres !!!
    un tour à vite oublier!!! quoi que c’est pas terminé..on peut encore rigoler (ou pleurer) avec quelques « chaudieres » debusquées apres Tour!!
    enfin…..navrant….

  8. un maillot jaune de 1m76 pour 61 kg qui détrone Cancellara 1m86 pour 80 kg dans un contre la montre … ça vous inspire rien ? mon dieu que nous sommes naif … on dit que plus gros est le mensonge et plus les gens y croiront … des milliers de spectateurs pour un spectacle sans suspens et un scénario déjà connu … à ce point pourquoi pas croire au match de catch ???

  9. Mais ils sont tous dopés!!! Tous les 30 premiers comme des malades! Pour avoir de la famille dans le métié, au niveau des sportifs et des médecins de sportifs, jen connais un rayon! Que ce soit au foot ou au cyclisme c juste horrible… Et Contador je lui donne pas longtemps…
    Et evidemment armstrong est gonflé à bloc! Mais loin, très loin d’être le seul! Comment expliqué que les autres suivent si ils ne sont pas dopés! Ca ce joue tellement à rien dans le sport…

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