Le cercle des poètes retrouvés

Pour la troisième fois en quatre ans, Berne a été éliminé au premier tour des play-offs après avoir bouclé la saison en tête. Cela doit constituer un record. Ne voulant pas jouer les Usain Bolt de la lose, les Nounours semblent vouloir revenir à leurs fondamentaux d’il y a quelques années.

Première mesure : débarquer John van Boxmeer, le Chris McSorley du pauvre, qui aura réussi à obtenir les mêmes résultats que son vieux rival, mais avec une équipe largement supérieure. À sa place, on retrouve une vieille connaissance, Larry Huras. Avec toujours la même question. S’agit-il vraiment d’un bon entraîneur, se demandent ceux qui remarquent qu’il n’a jamais réussi à transcender une équipe modeste ? De cela, on se tape éperdument dans la capitale, la modestie n’ayant jamais trop fait partie des attributs de la maison. On préfère voir l’autre moitié de la chose, à savoir que l’Ontarien a pratiquement toujours décroché des titres quand on lui a confié des équipes taillées pour les sommets.Il a bien fallu également apporter des changements dans l’effectif. Comme souvent pour les grosses équipes, cela s’est opéré plus par addition que par soustraction. Certes Ramzi Abid et Sébastien Bordeleau ont (enfin, pour le deuxième nommé) pris la porte. Mais la pleureuse de service Simon Gamache et l’escroquerie du siècle Christian Dubé sont toujours fidèles au poste pour tirer leur équipe vers les sommets, ou presque.

De même, ce sera toujours Marco Bührer qui gardera tant bien que mal les cages bernoises. Et l’arrivée du terrible Olivier Gigon n’est pas spécialement de mesure à remettre en cause l’hégémonie du Zurichois à la GéantJaune Arena. Pourtant, on ne peut pas dire que celui-ci ait particulièrement brillé lors des derniers play-offs disputés par son équipe. Il semble même régresser à chaque saison qui passe, au point de n’être désormais appelé que sporadiquement avec l’équipe nationale. Il y a fort à parier que s’il évoluait de l’autre côté de la barrière de rösti, il ne serait considéré que comme un bon gardien, sans plus. Mais la capitale lui confère encore une aura qui le sauve. Pour combien de temps ? En tout cas, les dirigeants bernois doivent se mordre les doigts de l’avoir eu sous contrat au moment où trois gardiens suisses s’en revenaient des Amériques, pour certains sans avoir eu certes l’occasion d’y voir beaucoup d’Américains.
Le vrai changement, donc, vient des nouveaux arrivants. Et force est de constater que la campagne de recrutement est plutôt placée sous le signe du muscle et de la poésie, avec le grand retour de Dominic «Palouma» Meier, qui vient compléter la série des Meier, Dani et Trevor. (On attend avec impatience la signature de Sarah.) Quant à l’embauche de Jean-Pierre Vigier, avec ses airs de boxeur à la sortie du douzième round, c’est pile ce qu’il fallait aux Bernois : un leader qui ne fuit pas ses responsabilités et surtout, surtout, qui se transcende lorsque la saison se décide. Severin Blindenbacher ne déployant plus ses talents de catcheur sous nos latitudes, le Manitobain devrait avoir tout loisir de s’exprimer en play-off. Cela dit, il serait tout de même un peu vexant pour les gens de la capitale que la fin de leurs misères en séries ne soit due à un natif de Notre-Dame-de-Lourdes.

Malheureusement (ou pas), cette opération retour aux sources devra attendre un peu. En effet, Bouba et ses copains ont connu une véritable hécatombe chez les artistes qui leur servent de défenseurs. Le susmentionné Dominic Meier, Philippe «Sugawara» Furrer et Philipp Rytz manqueront ainsi plusieurs semaines. Maigre (façon de parler) compensation, les Bisounours ont pu obtenir le prêt d’Andreas Hänni, qui est un bourrin, comme son nom l’indique.
Que peut donc espérer Winnie ? Il semble avoir ajouté suffisamment de papier de verre et de détermination à son équipe pour enfin passer un tour de play-off. Mais tout n’a pas été résolu, et le vase jaune devrait encore se refuser à lui, malgré une nouvelle bonne saison régulière. Toutefois, le processus semble sur la bonne voie.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Yves Grasset

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1 Commentaire

  1. L’escroquerie du siècle Dubé? Même comme dzo je trouve le canado-suisse loin de ce qualificatif. Perso, je préfèrerais nettement meiux l’avoir avec mon équipe que contre. Les bernois de la capitale seront très forts cette saison car ils ont quitté le mode « divas » pour reprendre celui de « bûcherons » qui leur avait permis d’être champion par le passé.

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