Le concept de l’équipe Kleenex

Franchement, je ne suis pas franchement très vieux, mais j’en ai déjà vu pas mal des trucs sur la planète sport depuis ma naissance. Des dopés à qui on donnait pourtant le bon Dieu sans confession, des défaites incroyables, des retournements de situation hallucinants, bref, du sport quoi. Mais là… Quand un président menace de retirer une équipe si elle n’obtient pas «tant» de points en «tant» de rencontres, là, je crois franchement rêver.

J’en rêvais ? Neuchâtel l’a fait ! Ridicules depuis leur «promotion» en Ligue Nationale B, les Young Sprinters ne servent à rien. Enfin, à rien… Sauf à amuser l’ego d’un type qui passerait pour Bernard Tapie, même aux yeux de Serge Duperret et ses lubies au Mont-sur-Lausanne. Quoique, là on en tient deux bons quand même.

Incohérence

Il y a dix ans, l’époque était aux entraîneurs-kleenex, qu’on virait sans problème après deux défaites et demi. Ces dernières années dans le hockey suisse, les joueurs vont et viennent dans tous les sens au mépris de toute cohérence sportive (enfin, jusqu’au 31 janvier pour certains ou jusqu’à non-réception de fax pour d’autres). Aujourd’hui, cela va encore plus loin. On est carrément passé aux clubs jetables. On prend une équipe, on s’en occupe deux-trois ans tant que c’est rigolo, puis on la jette quand elle ne nous amuse plus, comme un gamin blasé quelques jours après Noël.
C’est aujourd’hui le cas des Neuchâtel Young Sprinters. Le bon président Fabio Murarotto a annoncé voici quelques jours qu’il menaçait de retirer purement et simplement son équipe, si celle-ci ne récoltait pas huit points en quatre matches. Franchement, quand on démarre une saison avec pour éléments les plus chevronnés en défense Ken Machaka et Antoine Morandi, imaginer faire huit points en deux saisons c’est déjà ambitieux ! Ajoutez-y un Nicolas Bernasconi engagé après quelques déconvenues et c’est presque les «Galactiques» à l’envers du côté des Patinoires du Littoral…

Grotesque

Les allées et venues de juniors prêtés par les «actionnaires» que sont Ambri-Piotta, Berne et Fribourg n’aident pas à la cohérence du projet. En prime, le club a été renommé HC Young Sprinters Neuchâtel lors de la montée en LNB et une année plus tard, il rechange de nom pour devenir le Young Sprinters HC. Vous avez dit lisible ?
Bref, voici le cas d’une équipe montée sans raison en Ligue Nationale B, dans une patinoire désespérément vide, avec des structures inexistantes, dans une ville de football et qui n’a pas les moyens de ses minuscules ambitions. Vous avez dit grotesque ? Vous avez raison. Les Young Sprinters ont dû quémander une licence cet été et on se demande toujours comment celle-ci a pu leur être accordée. Les salaires des joueurs ont été revus à la baisse, mais le club est toujours à la recherche de renforts malgré la situation désespérée à tous les niveaux de l’organisation.
La LSHG avait accordé l’autorisation de jeu aux Young Sprinters en annonçant que le club devait démontrer qu’il avait les moyens de se maintenir… Cette fois, je crois qu’on a tous compris ! Alors une fois n’est pas coutume, et si la Ligue prenait le couteau par le manche et évitait une énième faillite annoncée dans le sport romand ? Ou alors le bon président Murarotto va-t-il casser son jouet tout seul ? Vous le saurez lors du prochain épisode de «Sexe, mensonges et sport romand».