Lausanne-Sports : entre talent et talus

Lors des quatre premiers matches de ce second tour, les supporters ont accueilli les résultats sans trop d’inquiétude : le LS avait réussi sa préparation hivernale, on avait rencontré le leader et deux fois son dauphin, la jouerie semblait meilleure qu’au premier tour… Et puis il y avait eu la seconde mi-temps de feu contre Lugano, apte à calmer les plus angoissés.

Reste qu’aujourd’hui le réveil est brutal, et la méthode Coué a atteint ses limites. On peut estimer que l’équipe s’est renforcée, on peut apprécier le jeu proposé à certains moments, on peut disserter sur le but de Thurre contre Bellinzone ou sur la blessure de Mauro, mais le fait est là : aux deux tiers du championnat, le LS est à trois points de la barre, en position de relégable.Avant de parler du match, soulignons que les supporters vaudois sont incapables de se mobiliser quand l’équipe a vraiment besoin d’eux. Tout le monde pressent qu’une relégation serait fatale au LS. Il ne reste jamais, avant cette rencontre, que 13 matches pour inverser la tendance, et comble de confort, celui du jour se déroule un dimanche après-midi. A l’arrivée, seule une vingtaine de Lausannois se retrouve pourtant au Stadio Comunale, en comptant les BWFK, les RL et les quelques autres qui se placent en tribune. Même pour un enterrement, ça fait peu. Inutile de parler de soutien aux couleurs, celui-ci oscillant du coup pendant nonante minutes entre le minimum syndical et le simple acte de présence.


Thierry Ebe dans un mauvais jour

Ceci dit, la dizaine de membres du BWFK qui s’est rendue à Chiasso en minibus a effectué un aller paisible, les yeux chiasseux de certains trahissant tout de même les fiestas vespérales du samedi (pour Christine : vespéral, ça veut dire «du soir»). Le premier enseignement majeur de cette première partie de voyage fut que l’absence de sens de l’orientation prend parfois des proportions grotesques : ce n’est pas que la route soit particulièrement compliquée, mais le chauffeur du minibus, à savoir Mescolles, ai tout de même réussi à quasiment faire un détour par Thoune. Le second est que le Tessin est un canton à la météo paradoxale. Si j’ai bien compris, il y fait beau toute l’année, mais un microclimat se crée systématiquement autour du BWFK à sa sortie du Gothard. Cette dépression subite, qui génère généralement des pluies bien serrées et des vents tempétueux, suit fidèlement le groupe jusqu’au stade, regarde le match avec, et nous raccompagne à l’entrée du Gothard.
La pluie aura rendu le terrain bien glissant au moment du coup d’envoi, ce qui n’empêche pas le LS d’accomplir une entame intéressante. Jouant et pressant haut pendant 20 minutes, les nôtres se créent quelques occasions, dont une en or massif par Rodolfo, qui échoue contre le portier tessinois en un contre un. Les Chiassesi n’ont quasiment pas passé le milieu de terrain lorsque qu’ils ouvrent la marque sur leur première véritable offensive. Puis, dès l’engagement, une passe atrocement bâclée leur aurait offert le 2-0 sur un plateau, si Favre n’avait pas sauvé la baraque. Est-ce le goal ou l’énorme erreur qui s’en est suivi ? Toujours est-il que le LS s’est soudainement complètement désintégré. Au plan du jeu et des idées, la chute de niveau fut tellement brutale que les joueurs ont dû en avoir les oreilles bouchées. Heureusement qu’en face le FC Chiasso étalait toutes ses limites, ce qui permit aux Lausannois sonnés et devenus agressifs d’atteindre la mi-temps sans plus de mal.
On attendait une réaction en seconde période, car aux deux exceptions notables de l’imposant Dudar en défense et de Diallo en milieu offensif, l’équipe tessinoise est composée de joueurs pour certains tout juste moyens. Leur classement ne doit rien au hasard.


Drago a raison de se prendre la tête

Le début de la deuxième mi-temps ne rassure personne, sans que Chiasso ne soit capable d’en profiter. Il faut attendre l’heure de jeu et l’entrée de Thurre pour que le LS ne parvienne à poser un peu son jeu, et à repartir de l’avant. Précisons que c’est plus la sortie de l’invisible Basha que l’entrée de Léo qui a semblé redonner un peu de couleur au jeu lausannois, mais toujours est-il que quelques ballons recommencèrent à rouler dans le bon sens. Oh, rien de masturbatoire, au milieu des passes ratées (Ebe, en bon capitaine, montrant l’exemple), des ballons mis directement en touche, des glissades (Sonnerat avait des crampons slick) et des dizaines de fautes (9 cartons en tout, pour au bas mot cinquante fautes pendant le match). Enfin quelques demi-occasions donc, jusqu’à ce que Pasche idéalement placé suite à un bien joli mouvement ne dévisse légèrement une catole qui avait le poids de l’égalisation.
Le LS semblait avoir retrouvé quelques idées et les supporters se prenaient à espérer une phase de jeu victorieuse. Une vraie phase de jeu, hein, pas une balle arrêtée : nos corners et surtout nos coups francs ont été tellement mal tirés que les ramasseurs de balle doivent aujourd’hui encore chercher deux ou trois ballons dans les communes avoisinantes. Et comme de bien entendu, ce sont les adversaires qui nous assommèrent en contre, à dix minutes de la fin.
«Pour que ce soit le vrai LS, il faut maintenant que l’on marque un goal à la dernière minute, histoire de bien raviver les regrets» osais-je alors. La phrase pleine d’amertume était à peine achevée que Drago réduisait la marque. Et c’est effectivement devant de bons gros regrets tout bien ravivés que l’arbitre siffla la fin du match.
J’aurai volontiers étranglé un ou deux Barroso pour calmer mes nerfs, mais on n’a pas toujours la matière première sous la main. On ne se consolera pas non plus avec les saluts des joueurs à la fin du match, dont pas un n’a eu la minimale politesse d’esquisser un petit signe aux 10 couillons qui se tapent 800 kilomètres un dimanche juste pour le plaisir de leur amener leurs sandwiches (je me comprends). Ça nous rappelle au passage que Zbinden a été viré du club avant d’avoir pu finir de donner ses cours d’éducation élémentaire.


Mauro manque cruellement au LS

Que retirer de positif de ce naufrage ? Disons que Favre n’a pas grand-chose à se reprocher, et que Eli était le meilleur Lausannois sur le terrain. Lacroix a également rendu une copie honnête, ratissant beaucoup de ballons aériens. Au rayon des déceptions, tous les autres, particulièrement Ebe (volontaire, mais d’une maladresse hors norme), Basha (absolument transparent), Rodolfo, et Drago. Sur ce dernier, une petite explication : il continuera à peser un carton jaune par match tant qu’il se laissera systématiquement tomber – je n’avais plus vu ça depuis Ravanelli. De plus, il exagère tellement dans ce registre que les arbitres vont bientôt avoir propension à ne pas siffler de réelles fautes sur lui, dans le doute. Enfin, son égoïsme à l’ultime minute, où Monsieur veut sauver le match à lui tout seul alors qu’il a un coéquipier à gauche et un autre à droite, frise la faute professionnelle. Mauro, pitié, reviens-nous vite.
Le retour fut assez calme, les annonces successives des autres résultats achevant de miner le moral des troupes. Le match contre Schaffhouse vendredi prochain (au fait, pourquoi vendredi ?) est devenu crucial. Contre une équipe qui a presque terminé sa saison pour cause de ventre mou, le LS doit passer l’épaule. Il y a de meilleures façons pour un joueur d’entrer dans l’histoire d’un club qu’en faisant partie de son ultime contingent.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

FC Chiasso – Lausanne-Sports 2-1 (1-0) 

Comunale : 600 spectateurs.
 
Arbitre : M. Hänni.
 
Buts : 22e Lajour 1-0, 82e Pacilli 2-0, 87e Drago 2-1. 
 
FC Chiasso : Gritti, Munoz, Dudar, Nganga, Gegic, Diallo (93e Colombo), Bloudek, Bressan, Pacilli, Iajour (86e Vallone), Adriano (66e Thomaz). 
 
Lausanne-Sports : Favre, Ebe, Lacroix, Sonnerat, Virlogeux (85e Scalisi), Carrupt, Basha (63e Thurre), Eli, Balthazar (46e Pasche), Rodolfo, Drago.
Cartons jaunes :  12e Carrupt, 27e Bloudek, 33e Sonnerat, 41e Munoz, 53e Ebe, 57e Lacroix, 73e Drago, 76e Dudar, 90e Eli.

A propos Yves Martin 247 Articles
Cette Nati a deux vertus : celle de faire rêver quasi tout son peuple, et celle d'emmerder les connards de la fachosphère. Longue vie à elle.

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6 Commentaires

  1. Exceptionnel ton paragraphe sur Baroso.. Par contre je nai pas tout compris pour les sandwiches et les cours élémentaires.. Faut être initié ?

    Je trouve tout le monde assez sévère avec Ebe, il a toujours joué partout où il est allé et les matches que jai vu, ce nétait pas le moins bon sur le terrain.. Peut-être que je lai vu quand il était en pleine bourre alors..

    Il manque visiblement un ou deux leader dans cette équipe et le match perdu la semaine dernière (surtout les circonstances) minquiète car cest le genre de mésaventures qui arrivent aux futurs relégués.. Jespère de tout coeur me tromper..

    A part ça, magnifique article.. Comme dhab

  2. Les sandwiches sont un private joke à lattention de ceux qui ont parctipé au déplacement.

    Zbinden aurait pu donner des cours élémentaires de savoir vivre aux autres joueurs. Les supporters Lausannois se souviendront longtemps de son exceptionnelle disponibilité. Voilà un joueur qui nous a toujours salué, qui respecte profondément notre engagement et qui na jamais rechigné à partager un bout de vie avec les fans du LS (en étant un lui-même).

    Japprécie et ai toujours souligné lengagement de Ebe. Jaime les latéraux qui montent et qui font leffort de revenir. Mais sur ce début de deuxième tour, à lexception du goal quil amène directement contre Lugano, son bilan se lit en creux. Et sa prestation à Chiasso a par moment frisé le pitoyable (balle directement en touche, passe mal assurée, perte de ballon…)

    Il manque surtout au LS un gars qui plante. Le fantôme de Thurre et la réincarnation de Ravanelli ne suffiront pas. Si ce type nest pas Mauro (ou Pedro à son retour), je me fais bien du souci.

    Merci pour les compliments.

  3. Après avoir relu la phrase sur limmense Zbinden, je dois bien convenir quelle est très mal tournée. Il faut lire « Ça nous rappelle au passage que Zbinden a été viré du club avant d’avoir pu finir de donner ses cours d’éducation élémentaire. » Si quelquun de la rédac peut corriger…

  4. « Au plan du jeu et des idées, la chute de niveau fut tellement brutale que les joueurs ont dû en avoir les oreilles bouchées. »

    Jadore. Tout simplement 🙂

    Merci pour cet article qui ma beaucoup fait rire. Et je nespère juste pas que le LS suivra la voie de ce pauvre FC Baulmes 🙁

  5. BRAVO A TOUT CES FANS QUI S TAPE 800 BORNES DANS LA JOIE ET LA NEGRESSE , ET POUR CET ARTICLES , CHAPEAU LES GARS .
    AVEZ VOUS AU MOINS LACCÈS AUX VESTIAIRES , POUR BOTTER LE Q DE CES BRANQUES DE JOUEURS (VERGONHOSO JOGADOR)????
    ABRACOS

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