Feuille, caillou, ciseaux, 1, 2, 3.

Pour mon premier match de NHL, la venue des Buffalo Sabres à l’Air Canada Center des Leafs de Toronto peut en effet se résumer ainsi : «Leafs, puck, Sabres, 1, 2, 3». Trois buts, pour les visiteurs, qui avaient tout du résultat d’un jeu de hasard. Retour sur une expérience tant attendue.

Ah qu’il est bon de s’extraire des champêtres Schoren, KEK ou autres Liternahalle et de laisser de côté une bien pâle LNB le temps d’un derby transfrontalier entre les New Yorkais de Buffalo et leurs vis-à-vis Canadiens de Toronto. Une intro son et lumières, les stars de l’équipe présentées sur une toute belle horloge (les chanceux), les hymnes des deux nations chantés a capella… le show à la Nord-Américaine était lancé. Le match, par contre, a mis un peu de temps à prendre des allures de meilleure ligue du monde. Quelques occasions de part et d’autres, notamment en supériorité numérique, quelques «Go Leafs Go !» scandés avec l’engouement des fans bernois tout concentrés à ne pas renverser leur Calanda et épelant à la perfection les initiales de leur club favori, des intermèdes publicitaires à vous convaincre d’acheter votre sac de pop-corn au beurre fondu, ce premier tiers ne restera pas dans les mémoires.

Les locaux présentaient étonnamment un jeu bien plus offensif que les leaders de la division. Mais dominer n’est pas gagner. Et malgré plusieurs occasions très nettes, les Leafs de Kessel et Stajan buttaient systématiquement sur l’excellent Ryan Miller dans les buts des Sabres. C’est d’ailleurs en grande partie grâce à ses performances hors normes que Buffalo truste la première place de sa division, devant les Bruins et les Sens. Sans oublier que Miller devait être encore plus motivé que jamais à sortir le match qu’il fallait, puisqu’il cherche à s’affirmer comme le numéro 1 de la sélection américaine pour les JO aux yeux du coach Ron Wilson qui n’est autre… que le head des Leafs !

Gone Leafs gone !

Il a fallu attendre la mi-match pour que Buffalo ouvre le score en récupérant un dégagement manqué et que Kennedy glisse le puck très habilement en backhand. S’ensuivit une explication sans les gants saluée par l’assistance entre le Morandi du très riche, alias Montador et Jamal Mayers. Les Leafs auraient pu revenir à de multiples reprises dans le tiers médian, mais ce sont les Sabres qui allaient trancher la décision en tout début de 3e tiers, avec un missile de la bleue pour le 0-2 sur lequel Gustavsson pouvait difficilement s’interposer. Au contraire du 0-3 où il n’est pas tout blanc sur un tir à mi-distance de Hecht. Résignés, les Canadiens ont toutefois tenté leur va-tout en sortant leur gardien à une minute de la fin. Quelques ultimes assauts pleins de bonne volonté qui n’auront cependant pas su retenir un public pressé d’éviter les embouteillages dantesques de la capitale économique du Canada.

Leafs Hockey Club ?

Des mauvais choix offensifs, un manque de réussite évident, quelques errements défensifs… cela ne pardonna pas face à un Miller impérial et des Sabres affûtés, mais certainement pas supérieurs sur ce match. Si l’on ajoute un public présent même dans les séries de défaites, un club très rentable et des rêves de grandeur toujours déçus, il n’en faut pas plus pour que votre serviteur, aussi mythomane que désabusé, ne tire un parallèle avec la situation de son club favori, là-bas, dans le «Ice Hockey County» (et non «country», comme le prétendait une obscure et peu recommandable Ligue de Hockey). Comme quoi, même avec des vraies structures, des moyens démesurés et une passion intacte, on peut se planter saison après saison. Voilà de quoi remettre un semblant de baume à mon petit coeur tiraillé entre l’espoir improbable de jours meilleurs pour le LHC et le désespoir de bientôt revoir sévir le Jacques Santini du hockey, Terry Yake.

Toronto Maple Leafs – Buffalo Sabres 0-3 (0-0 0-1 0-2)

Air Canada Centre, 19’111 spectateurs.
Arbitres : MM. Fraser, Leggo ; Cherrey et Brisebois.
Buts : 34e Kennedy (Sekera, Grier) 0-1, 41e Tallinder (D.Roy, Pominville) 0-2, 51e Hecht (Pominville, Montador) 0-3.
Pénalités : 2 x 2′ + 1 x 5′ (Mayers) contre Toronto ; 4 x 2′ + 1 x 5′ (Montador) contre Buffalo.
Tirs Cadrés : 38-31 (12-10 16-10 10-11)
Toronto : Gustavsson; Schenn, White, Komisarek, Kaberle, Beauchemin, Gunnarsson; Hagman, Stempniak, Stajan, Primeau, Hanson, Mayers, Ponikarovski, Orr, Kulemin, J.Blake, Kessel, Grabovski.
Buffalo : Miller; Montador, Lydman, Tallinder, Butler, Paetsch, Sekera, Myers; D.Roy, Kennedy, Connolly, Stafford, Mair, Grier, Vanek, Pominville, Ellis, McArthur, Hecht.

Écrit par Yves de St-Aÿ