Torpeur sur la ville

Deux des meilleurs gardiens du championnat, deux des équipes les plus maladroites devant le but, un match verrouillé par la peur de prendre des risques : la recette du bonheur pour rattraper les retards de sommeil causés par les réveillons successifs.

L’idée d’augmenter le nombre de matches en saison régulière était sans doute bonne. Celle de disputer ces rencontres supplémentaires contre les équipes les plus proches géographiquement sûrement aussi, pour des raisons logistiques et économiques surtout. Pour le reste, comme prévu, c’est moins réussi. La répétition des affiches les banalise totalement. Hier soir, à part les fla-flas de ceux qui ont intérêt à survendre, le spectateur égaré ou occasionnel aura eu bien de la peine à s’apercevoir qu’il s’agissait là de ce qui s’approche le plus d’un derby romand, depuis le naufrage corps et biens du LHC. (Je vous prie d’observer une minute de silence. Merci.)

Autre effet pervers, particulièrement dans le microcosme de la LNA : les équipes finissent par se connaître sur le bout des doigts, et se contrôlent l’une l’autre. Ce n’est donc pas un hasard si ce furent les troisièmes et quatrièmes lignes qui se montrèrent les plus régulièrement dangereuses. Les deux premières ne purent s’illustrer que sur des erreurs individuelles, comme les chutes spectaculaires de Robin Breitbach ou les pertes de puck à la bleue de Marek «Goran n°2» Malík. (Sachant que l’autre défenseur, qui se voit donc chargé du repli défensif, est Daniel Vukovic, imaginez le frisson dans le dos du public genevois.)
Dans ces conditions, il fallut un trait de génie pour ouvrir le score. En l’occurrence, ce fut une superbe  ouverture de Robin Leblanc qui lançait Daniel Rubin seul face à Sébastien Caron. Le Bernois, nanti de son efficacité toute neuve, ne manquait pas le coche. Ç’allait être tout, mais on ne le savait pas encore. (Même si on s’en doutait quand même un peu.) En attendant, Chris McSorley pouvait se féliciter d’avoir engagé l’ex-Davosien.
Des occasions de revenir, les hommes de Serge Pelletier allaient en avoir. Lors d’une deuxième double supériorité numérique, offerte comme la première avec les compliments de la maison Mercier, les visiteurs s’employaient surtout à remonter le moral des spectateurs locaux en leur montrant qu’ils n’étaient pas les seuls à subir un jeu de puissance affligeant de stérilité. Et ce malgré les tirs presque cadrés (à trois mètres près) de Shawn Heins.

Malgré également la prestation étincelante de Julien Sprunger, qui ne parvient même plus à dribbler Robin Breitbach (!). Au vu de l’état de forme de Goran Bezina et du retour à la normale de Thomas Déruns, on se fait tout de même un peu de souci pour l’apport des clubs romands à Vancouver. Heureusement, Tobias Stephan fut lui impeccable, sortant de belles parades sur les rares incursions dzodzettes. Son vis-à-vis ne fut d’ailleurs pas en reste, contribuant au pâle intérêt de la partie.
Pour une fois, la désignation des trois étoiles ne fit aucun débat. Le buteur, les deux gardiens, emballé, c’est pesé, merci bonsoir, passons à autre chose. On est tout émoustillés à l’idée du sixième match à Fribourg.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Genève-Servette – Fribourg-Gottéron 1-0 (0-0 1-0 0-0)

Patinoire des Vernets, 6’865 spectateurs
But : 23’10 D. Rubin (R. Leblanc) 1-0.
Arbitres : S. Rochette ; N. Fluri, J. Müller.
Genève-Servette : T. Stephan ; G. Bezina (+1), J. Mercier (+1) ; M. Malík, D. Vukovic ; R. Breitbach, M. Höhener ; M. Maurer ; J. Kolník (+1), D. Rubin (+1), J. Toms (+1) ; T. Salmelainen, P. Savary, T. Déruns ; R. Suri, M. Trachsler, J. Cadieux ;S. Hürlimann, F. Conz, C. Rivera ; F. Randegger. Absents : J. Gobbi (blessé), B. Antonietti (Suisse M20) et P. Pivron (surnuméraire).
Fribourg-Gottéron : S. Caron ; F. Collenberg, S. Heins (-1) ; A. Birbaum (-1), M. Abplanalp ; M. Leuenberger, M. Ngoy ; L. Gerber ; M. Knoepfli, S. Aubin, M. Mowers ; B. Plüss, A. Hasani, J. Sprunger ; V. Lakhmatov, S. Jeannin, C. Casutt ; A. Lauper (-1), V. Wirz, R. Leblanc (-1) ; C. Botter (-1). Absents : A. Bykov (blessé), M. Ouellet (malade), G. Voisard et R. Loeffel (surnuméraires).
Pénalités : 5 x 2′ contre Genève-Servette, 4 x 2′ contre Fribourg-Gottéron.
Notes : 35’03 T. Déruns tire sur le poteau. 37’28 Temps mort pour Fribourg. 58’23-58’58 S. Caron cède sa place à un sixième attaquant.

Écrit par Yves Grasset