Et si c’était le tour d’Hambourg ?

Contrairement à certains autres grands championnats, où l’on retrouve toujours les mêmes aux avant-postes, la Bundesliga connaît une hiérarchie extrêmement mouvante : des six premiers du classement à Noël, seuls deux (Bayern et Hambourg) figuraient dans le quintette de tête en fin de saison dernière. Dans ce contexte, l’hypothèse d’un 1er titre hambourgeois depuis 1983 n’apparaît pas farfelue.

Werder Brême (6e, 28 points)

Après un championnat 2008-2009 raté et le départ de Diego, le Werder Brême ne partait pas avec les faveurs de la cote pour cette nouvelle saison. Mais l’inamovible entraîneur Thomas Schaaf sait faire preuve d’imagination pour remplacer ses stars qui désertent. Ainsi, les jeunes Marko Marin et surtout Mesut Özil ont su faire oublier le départ de Diego. Les routiniers Mertesacker, Naldo, Frings, Borowski ou Pizarro ont livré la marchandise, l’éternel espoir Hunt s’est enfin imposé comme titulaire, si bien que le Werder est longtemps resté en course pour le titre de champion d’automne. Toutefois, une fin de 1er tour poussive a légèrement décroché les Brêmois de la tête du classement. Ce dernier mois un peu pénible préfigure peut-être ce que pourrait être le 2e tour du Werder : avoir deux gamins de 20 et 21 ans comme dépositaires du jeu, dont l’un, Özil, est source de toutes les convoitises, n’est pas forcément idéal pour la régularité ; même si Tim Wiese revendique une place de titulaire en équipe d’Allemagne (!), la défense reste un peu trop perméable ; et, aux côtés de Pizarro, il manque un deuxième attaquant dominant que ne sont ni Rosenberg, ni Almeida ni Moreno. Du coup, le Werder risque de manquer de constance et paraît devoir davantage compter sur les coupes (Allemagne et Europa League) pour gagner quelque chose cette saison.
Départ :
Arrivée :
Pronostic : 7e.

Borussia Dortmund (5e, 30 points)

Après un début de saison délicat, le Borussia Dortmund a été la meilleure équipe d’Allemagne sur les mois d’octobre, novembre et décembre. Et ce malgré une kyrielle de blessés et en alignant régulièrement six titulaires âgés de moins de 22 ans. C’est dire qu’avec le retour en février du stratège Hajnal et du capitaine Kehl, le potentiel et la marge de progression du BVB paraissent considérables. La charnière centrale Hummels – Subotic est la meilleure de la ligue et, après deux mois d’adaptation sans marquer, Lucas Barrios claque un but par match avec une régularité de métronome. Toutefois, on reste très prudent du côté du Westfalenstadion et l’on se refuse à afficher d’objectifs précis pour cette deuxième partie de saison. Il est vrai que les matchs amicaux de l’hiver ont été assez catastrophiques et l’on ne sait pas si la plus jeune équipe de Bundesliga aura les épaules assez larges pour répondre aux attentes, forcément immenses après six ans de ventre mou du classement. Par ailleurs, le BVB s’est souvent montré emprunté lorsqu’il devait faire le jeu face à un adversaire regroupé en défense, rôle qu’il va devoir assumer souvent s’il continue à grimper au classement. Enfin, l’attaque se retrouverait fort démunie en cas d’absence ou de méforme de Barrios. Dortmund marche beaucoup à l’euphorie et à l’émotionnel : si le BVB est toujours au contact des meilleurs après le calendrier infernal qui l’attend jusqu’à fin février, alors l’effervescence qui ne manquerait pas d’envahir le Westfalenstadion et un calendrier plus favorable sur la fin de saison pourront nourrir les rêves les plus fous. Dans le cas contraire, la déception serait à la hauteur de l’immense espérance suscitée par une brillante fin d’année 2009.
Départ :
Arrivée :
Pronostic : 3e (qualifications de la Ligue des Champions).

SV Hambourg (4e, 31 points)

En début de saison, je pensais que ce pouvait être l’année d’Hambourg, qui avait intelligemment renforcé une équipe auteure d’une excellente saison 2008-2009 (sauf les deux derniers mois). Cette impression a été confirmée par un début de championnat tonitruant (8 matchs/20 points, avec au passage des victoires contre les cinq meilleures, hormis le HSV, de la saison passée, Wolfsburg, Bayern, Stuttgart, Berlin et Dortmund). Mais ensuite les Rothosen ont été victimes d’une longue série de blessure, dont celle du régulateur Zé Roberto et des deux attaquants vedettes Petric et Guerrero, qui étaient tous trois en pleine bourre. L’entraîneur Bruno Labbadia a parfois dû développer des trésors d’imagination pour aligner  un attaquant valide, surtout que le prodige suédois Marcus Berg, stratosphérique lors du dernier Euro M-21, n’a pas répondu aux attentes. Et pourtant, malgré ses déboires, le HSV n’a pas perdu le contact avec la tête du classement.
C’est dire qu’avec les retours de Petric, Zé Roberto et, en mars, de Guerrero, plus vraisemblablement un renfort offensif avant la fin du mercato (Vagner Love ?), Hambourg a un bon coup à jouer. Avec le gardien Rost et le duo Mathijsen-Rozehnal, il y a beaucoup d’expérience derrière. Et avec Jansen, Jarolim et autres Trochowski, beaucoup de joueurs capables de faire basculer un match. Enfin, le HSV peut compter sur l’un des plus grands talents de la Bundesliga, le formidable Hollandais Elijero Elia. Il s’agira toutefois de mieux gérer l’enchaînement des matchs que l’an dernier où le HSV s’était retrouvé pomme avec l’Hambourg en voulant jouer sur tous les tableaux, surtout que le club ne va pas solder l’Europa League, dont la finale aura lieu à Hambourg. Et l’entraîneur Labbadia devra prouver  qu’il est capable de mener une saison sans craquer sur la fin, contrairement à ce qui avait été le cas avec ses clubs précédents, Fürth et Leverkusen. Sous ces deux petites restrictions, Hambourg peut aller chercher un premier titre depuis 1983 avec un effectif qui paraît le plus homogène de la ligue. 
Départ :
Arrivée :
Pronostic : 1er (Champion).

Bayern Munich (3e, 33 points)

Comme prévu l’arrivée du rigide Louis van Gaal en Bavière ne s’est pas faite sans heurts : polémiques stériles, querelles intestines et résultats décevants ont été le lot des Rekordmeister pendant une partie du 1er tour. Mais, après avoir été tout proche du limogeage, il semble que le discours et les méthodes de Louis van Gaal commencent à porter. Et c’est une très mauvaise nouvelle pour les adversaires du Bayern car, si l’homme ne fait rarement l’unanimité dans un vestiaire, le technicien est lui l’un des plus compétents de la planète. On craignait un peu pour l’arrière-garde bavaroise mais, depuis qu’il a repris la place de titulaire à Rensing, le gardien Butt est impeccable, alors que l’affirmation du jeune Badstuber a amené un peu de mobilité en défense. Débarrassé de l’onéreux poids mort Luca Toni, le secteur offensif est lui impressionnant, surtout qu’il va récupérer Ribéry et Robben, qui n’ont que peu joué au 1er tour.
Bref, sur le papier, le Bayern devrait dominer ce 2e tour de la tête et des épaules. Il y a toutefois quelques motifs d’espérer qu’il en aille autrement : premièrement, le Bayern a un calendrier compliqué au printemps avec beaucoup de déplacements contre des adversaires directs ; deuxièmement, il ne sera pas forcément évident de jouer sur tous les tableaux (Championnat, Coupe d’Allemagne et Ligue des Champions) ; troisièmement, le contingent n’est pas très équilibré, avec beaucoup plus de moyens dans le secteur offensif que dans un secteur défensif qui pourrait trahir dans les moments clés (Demichelis et van Buyten se sont fait tourner autour par Marco Streller mardi en amical !) Enfin, le FC Hollywood n’est pas à l’abri de nouvelles crises, notamment lorsque quelques égos surdimensionnés devront prendre place sur le banc ou au gré des multiples rebondissements du feuilleton Ribéry (je prolonge au Bayern, je pars au Real, il fait beau je m’entraîne, il neige je suis blessé, je déteste van Gaal, je traverse tout le terrain pour embrasser van Gaal, je veux pas jouer en 10 etc.)
Départs : Toni (AS Roma), Baumjohann (Schalke 04), Ottl et Breno (Nuremberg).
Arrivée :
Pronostic : 2e (Ligue des Champions).

Schalke 04 (2e, 34 points)

Habituellement, Schalke dépensait beaucoup d’argent pour ses transferts avec peu de discernement. Cette saison, chiffres rouges obligent, il a fallu faire l’inverse, utiliser intelligemment le peu de moyens à disposition. Le résultat est réussi au-delà de toutes espérances. La présence sur le banc de l’actuel meilleur entraîneur d’Allemagne, Felix Magath, y est évidemment pour beaucoup. Le sextuple champion d’Allemagne (3x comme joueur, 3x comme entraîneur) a réussi un authentique exploit en amenant une équipe essentiellement composée de jeunes inconnus et de vieilles gloires sur le retour au 2e rang. Le miracle peut-il continuer jusqu’à aller chercher ce titre attendu à Gelsenkirchen depuis 1958 ? Le manager du Borussia Dortmund, Hans-Joachim Watzke, a horrifié ses supporters en répondant par l’affirmative. Felix Magath est plus circonspect en affirmant qu’il amènera le titre aux Knappen d’ici 2013 mais sans doute pas cette année. Même s’il y a sans doute une part d’intox (il disait la même chose à Wolfsburg l’an passé…), on a tendance à être d’accord avec lui.
On a l’impression que Schalke a vraiment tiré le maximum du contingent à disposition, contrairement à certains de ses adversaires, et qu’il sera difficile d’avoir la même réussite insolente au printemps. En outre, les finances sont toujours dans un état précaire et la vente programmée de certains cadres de l’équipe (Neuer, Kuranyi, Rafinha, Höwedes) pourrait plomber l’ambiance, aussi sûrement que la neige a plombé le toit de la Veltins-Arena, qui s’est partiellement effondré ! Le recrutement hivernal des Knappen, avec des arrivées qui sont autant de paris sur des joueurs inconnus ou en disgrâce dans leur club, évoque plus un outsider du milieu de classement qu’un prétendant au titre. Bref, on ne voit pas Schalke rester dans le trio de tête. S’il y parvient, c’est que Felix Magath est vraiment un magicien.
Départs : Kobiashvili (Hertha Berlin), Hanzel ( ?).
Arrivées : Baumjohann (Bayern Munich), Edu (Suwon Blue Wings), Müller (Neckarelz), Reginiussen (Tromsoe), Kluge (Nuremberg), Ibraimi (Renova Cepciste).
Pronostic : 5e (Europa League).

Bayer 04 Leverkusen (1er, 35 points)

Bayer Leverkusen champion d’automne, c’était entièrement mérité, tant au niveau de la régularité que de la qualité du jeu proposé. D’ailleurs, Werkself est le seul club encore invaincu de Bundesliga. De là à voir les Rheinländer décrocher le premier titre de leur histoire, il y a un pas que l’on est plutôt réticent à franchir. N’oublions pas que lors des deux saisons écoulées, Leverkusen s’était complètement écroulé au 2e tour, finissant même éjecté des places européennes. A priori, l’expérience de l’entraîneur Heynckes et du défenseur Hyppiä, ainsi que la maturité que commencent à acquérir les Adler, Friedrich, Rolfes, Barnetta et autres Kiessling, paraissent en mesure d’éviter pareille dégringolade. Surtout que le retour de blessure de l’attaquant international allemand Patrick Helmes va augmenter les solutions offensives, aux côtés du duo Kiessling – Derdiyok. On peut néanmoins penser que la malédiction qui voit le Bayer systématiquement craquer à un moment ou un autre lorsqu’il est en position de gagner le titre, va peser. Et, en cas de duel Bayer – Bayern pour le titre ou une place en Ligue des Champions, quel sera l’état d’esprit du génial Toni Kroos, devenu un pion essentiel du Bayer mais qui appartient au Bayern qu’il rejoindra en juillet ? En outre, Leverkusen a connu un premier tour linéaire et a été relativement épargné par les blessures (hormis les absences d’Helmes et, plus brièvement, de Rolfes, Renato Augusto et Kadlec) et les crises. Et pourtant, le Bayer n’est pas parvenu à creuser un écart substantiel sur des adversaires qui ont eux connu leur lot de déboires et de blessures. C’est dire que Werkself risque d’être confronté à des équipes comme le Bayern, Hambourg, voire Dortmund qui, au complet et à plein régime, lui sont supérieures. Et puis, douze mois après le sacre de Wolfsburg, un nouveau titre remporté par un club artificiel d’entreprise, cela ferait un peu désordre au pays des Traditionsverein, non ?
Départs : de Wit (Kaiserslautern), Sukuta-Pasu (St. Pauli), Gekas (Hertha Berlin).
Arrivée :
Pronostic : 4e (Europa League).

Écrit par Julien Mouquin

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7 Commentaires

  1. Magnifique présentation en 3 volets !

    Mon pronostic :

    1. Schalke (grâce à Magic Magath)
    2. Bayern (à cause de Bobet Ribéry)
    3. Hambourg
    4. Leverkusen
    5. Dortmund

  2. Et si seulement Julien avait raison…
    Il y a une attente mon-stru-euse dans la cité hanséatique pour que le HSV remporte enfin un nouveau titre. 1983, ça date…
    Mais il y a aussi de sacrés clients dans cette Bundesliga, et le Bayern devrait, hélas, survoler les débats une nouvelle fois.
    Pour en revenir à Hambourg, je partage ton analyse, Elia est un joueur absolument extraordinaire, Ze Roberto et Petric sont tout aussi précieux. En revanche, à mon avis, Rozehnal est le maillon faible de la défense – je préfère largement la paire Boateng-Mathijsen.
    NUR DER HSV!!:-)

  3. Rien à voir…mais je viens de découvrir qu’il y a enfin un système pour accéder aux archives des rubriques (ex.: voir page Football) et la possibilité de changer l’affichage de la liste c’est sympa.
    Bien joué CR !

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