Les aviateurs piquent du nez

Après avoir été à l’article de la mort contre un adversaire direct et avoir perdu un match à ne pas perdre, Bienne aurait pu se laisser aller au marasme, d’autant plus que la troupe de Ruhnke affrontait un adversaire qui ne lui réussit guère depuis son retour en LNA.

Mais c’est un secret de polichinelle : le préposé à la huitième est à rechercher parmi les cinq derniers qui ont la différence de buts la plus faible. Or cette statistique – associée au +/- négatif de 95% du contingent biennois – laisse raisonnablement présager une seconde année de play-out. On peut bien entendu s’apitoyer sur cette sévère réalité et poursuivre les statisticiens en justice. Tout comme aurait aussi été possible de ne pas recourir aux services de Ric Jackman (-33), voire de déplorer la blessure de long terme de Gossweiler. Des trucs de mauvais perdant, en gros.

Fort heureusement, si l’on excepte la série automnale de défaites, Bienne trouve toujours un moyen de se relever. Nüssli en congé maladie et Truttmann encore sonné ? Ce n’est que l’occasion de mettre en valeur le second joueur suisse classé sur les listes de scouting au prochain repêchage de la LNH en le faisant jouer,  comme le jour précédent aux côtés de Bordeleau. Et si le n°92 doit encore se «faire les dents» au travers une grille qui trahit ses 17 ans, il démontre un sens du jeu saisissant. Certes, Bordeleau bonifie ses ailiers, mais la complicité naissante avec le jeune a permis d’entrevoir quelques séquences futuristes. Peut en témoigner ce tir à bout portant dans la mitaine battante de Rüeger, après une montée à deux contre un lors du premier tiers qui fut l’action la plus dangereuse d’un premier tiers partagé, si l’on excepte la réussite de Bärtshi, annulée par le sifflet précoce de M. Mandioni.
Après ce chassé croisé entre les deux formations, les Flyers revinrent sur la glace en prenant conscience qu’il ne suffirait pas cette fois-ci de faire preuve d’attentisme pour s’en aller avec le plein de points. Il allait falloir un peu plus payer de leur personne que lors de leur dernier passage en basse altitude dans le Seeland. C’est donc ainsi que l’on a pu voir les Rintanen, von Gunten et Santala doubler les présences et faire peser de plus en plus d’incertitude sur la cage de Berra. Confrontés à la vitesse d’exécution et au flair des joueurs étoiles adverses, les Biennois peinaient à reprendre le jeu à leur compte, notamment en raison des errances actuelles de la secondes ligne. Unité dans laquelle Fata semble donner libre cours à son inspiration pour ce qui est des gestes techniques inutiles et solos en tout genre. Et puisque Lötscher le prend comme modèle, les passes aveugles n’ont pas beaucoup de peine à finir en contre. Wick n’allait pas se priver pour se livrer à une action de contournement de cage qui lui vaudra certainement bientôt le surnom de «Sprunger de Kloten» dans la presse romande. Le temps que les Biennois aient repris leurs esprits, Santala avait déjà doublé l’avance.

Pour se garder la moindre chance de faire un point, Bienne semblait mettre ses dernières forces dans le match en début de troisième tiers. Mais c’est Kloten qui s’illustrait encore par l’intermédiaire de Stanescu à la 43ème minute. Puis, les Biennois disposent d’une occasion en or pour réduire un score peu flatteur. Avec deux hommes de plus sur la patinoire, on semble éviter de passer la rondelle à certains, probablement de peur qu’ils la perdent. Il devient difficile d’y croire. Lorsque Tschannen marque en reprenant un tir de la pointe de Trunz, on se dit que l’association est parfaite pour marquer dans une cause perdue. Mais Ruhnke, lui, ne semble pas avoir baissé les bras et ne cesse d’ajuster ses trios pour tenter de créer quelque chose. Fata finit par trouver Zigerli qui, lui, trouve un espace peu probable et ramène Bienne à une unité. La patinoire s’enflamme (ndlr : l’auteur ne mentionne pas qu’il s’agit d’un mauvais jeu de mot et ne demande à personne de lui permettre l’expression, il faut juste subir et se taire). Et, scénario aussi improbable que son protagoniste final : Jackman égalise à exactement une minute de la fin. La magie peut opérer. Les hommes d’Eldebrink, ankylosés par les dernières minutes du temps règlementaire, font leur grounding en prolongation. En privilégiant les blocs défensifs, Bienne va vers les penalties. Berra intraitable, Rintanen craque, Ehrensperger compte trois fois durant la séance. Bienne l’a fait !
Tu avais trouvé les 22 joueurs cachés lors du précédent article ? Tu peux désormais t’en assurer en consultant les commentaires de ce dernier.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Bienne – Kloten 6-5 tab (2-2 0-2 3-1)

Stade de Glace, 4507 spectateurs.
Arbitres : Mandioni, Marti/Bürgi.
Buts : 0’21 Santala (von Gunten, Lindemann) 0-1. 7’24 Ehrensperger (Schneeberger, à 5 contre 4) 1-1. 7’57 Hollenstein (Jenni) 1-2. 9’56 Bordeleau (Bärtschi, Ehrensperger) 2-2. 33’23 Wick 2-3. 38’24 Santala (Rintanen, Lindemann) 2-4. 42’38 Stancescu (Wick, Bell) 2-5. 53’58 Tschannen (Trunz) 3-5. 57’45 Zigerli (Steinegger, Fata) 4-5. 59’00 Jackman (Bordeleau, à 6 contre 5) 5-5.
Tirs au but : Bordeleau manque (Rüeger retient), Stancescu manque (Berra retient); Ehrensperger 1-0, Jenni manque (Berra retient); Tschannen manque (Rüeger retient), Bell manque (Berra retient);  Jackman manque (Rüeger retient), Rintanen 1-1; Fata manque (à côté), Santala manque (à côté); Jacquemet manque (Berra retient), Bordeleau manque (Rüeger retient); Rintanen 1-2, Ehrensperger 2-2; Rintanen manque (à côté), Ehrensperger 3-2.    
Pénalités : 3 x 2’ contre Bienne; 4 x 2’ contre Kloten.
Bienne : Berra; Jackman, Seydoux; Kparghai, Brown; Schneeberger, Steinegger; Trunz;  Haas, Bordeleau, Tschantré; Lötscher, Fata, Wetzel; Ehrensperger, Peter, Bärtschi; Zigerli, Gloor, Beccarelli; Tschannen.
Kloten : Rüeger; von Gunten, Schulthess; Forrest, Müller; Sidler, Bonnet; Lindemann, Santala, Rintanen; Stancescu, Bell, Wick; Jacquemet, Jenni, Hollenstein; Bodenmann, Kellenberger, Gemperli.

Écrit par Jean-Boris Cochet-Lamouche

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2 Commentaires

  1. Commentaire gentil, gentil, il manque peut-être un peu le piquant sarcastique de CR.

    Mais ça fait quand même plaisir de voir qu’on parle pour une fois de Bienne et pas de Biou qui je crois se trouve au bord du lac de Joux.

    Et qu’on peut parler de hockey sans se défouler dans une guéguerre Toto-Welsch qui ne fait que démontrer assurément cet étalage de complexes d’infériorité de la West Swiss Part.

    Quel soulagement !

  2. Les Bioux (L’abbaye), pour la précision géographique, mais effectivement au Lac de Joux 🙂

    « l’article de la mort », ça fait référence au papier de CR sur le Gottéron-Bienne non ? Ca flingue dru…

    Manque quand même un peu de rigolade

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