Du manque d’ambition du hockeyeur

D’un côté, des sportifs qui se battent, quotidiennement, pour repousser leurs limites. Aller toujours plus vite, plus haut, atteindre tant que faire ce peut l’excellence, chercher à gravir d’autres sommets, à progresser. Tenter de rejoindre l’étage supérieur, de faire leur entrée dans le gotha de leur discipline, avec tous les efforts et les sacrifices que cela suppose. Et, de l’autre côté, des hockeyeurs.

Souvent lourdeaux – au propre comme au figuré –, rarement fins – idem –, mais toujours satisfaits, jamais ou presque fâchés de leurs sorts, habitants modèles d’une république de Bertrand Russell où il est de bon goût de ne point trop se faire mal. Non, décidément, le hockeyeur a quelque chose qui détonne dans le monde du sport de compétition, généralement plutôt disciple d’Alekseï Stakhanov. Est-ce dû à cette néfaste influence de la sacro-sainte mascarade nommée NHL et que les fanatiques vénèrent ? En Amérique du Nord, tout est fait, pensé et organisé pour que les joueurs de la Ligue puissent vivre une existence paisible, sans aucun tracas, si ce n’est celui d’être suffisamment doué pour ne pas être renvoyé dans une sombre division inférieure du type WKJALHL ou encore ZZULAHL (oui, vous savez, c’est là où jouent les Suisses qui franchissent la gouille, pour reprendre la formule de Gil Montandon).


La NHL ? Un havre de paix pour millionnaires

Une saison régulière interminable, pas de relégation et des séries qui essaient d’allumer une étincelle ça et là, dans des complexes sportifs où les mains géantes, le pop-corn et les animations vidéo-guidées ont autant d’importance que le jeu lui-même. En somme, rien qui oblige véritablement le hockeyeur à se surpasser, renégociation de contrat mise à part. En ce sens, il est très intéressant de songer un instant à tous les grands ou très bons joueurs qui se sont contentés de rester, toute une carrière, dans une franchise médiocre voire mauvaise ? «Tant pis si je ne gagne jamais aucun titre, j’ai un bon contrat et cette ville me plaît», semblent-ils se dire.
La transposition du problème en Suisse n’en est que plus significative. Quelle est l’ambition des hockeyeurs ? Briller pour signer dans une des formations de pointe du pays et ainsi soulever le trophée en fin de saison ? Se battre pour devenir indiscutable en équipe de Suisse et s’assurer une place dans un sombre tournoi amical du côté de Piestany ? Accrocher un top 8 lors des prochains Mondiaux, puis des prochains, puis des prochains, puis des prochains, puis des JO, puis des Mondiaux suivants, puis… ?
Je m’amuse alors quand j’apprends des nouvelles du genre : Julien Sprunger prolonge à Fribourg. Non pas que j’en veuille au club de St-Léonard (bien au contraire). Mais pensez-vous vraiment que ce choix soit celui d’un joueur ambitieux et avide de consécrations ? Croyez-vous franchement que la perche des Dragons remportera un jour le championnat sous le chandail de Gottéron ? Pourquoi alors – et ne me sortez pas l’argument de l’amour du club – ne se met-il pas en danger en passant la vitesse supérieure ?
La vérité est que Sprunger – que je prends en exemple, mais il y en d’autres – gagne bien sa vie à Fribourg, qu’il y est le pilier de l’équipe et qu’il se sent bien dans cette ville. Le confort quoi ! Mais cette perpétuelle recherche de tranquillité est-elle véritablement compatible avec le sport de haut niveau ?


De bons travailleurs, pas plus

Combien de jeunes footballeurs s’arrachent tous les jours pour toucher une fois la première division, puis l’étranger, puis l’équipe nationale ? Combien d’heures passent les espoirs du cyclisme pour décrocher un jour une place dans le peloton ? Est-il possible de compter les heures passées par un nageur, seul face à des catelles à six plombes du mat’, pour simplement se qualifier à des Européens en petit bassin ?
Et combien de hockeyeurs de LNB, suisses et étrangers, travaillent comme jamais pour forcer les portes de la LNA ? Non, sans rire, ne trouvez-vous pas que le bât blesse ?
Photos hockey suisse Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Psyko Franco

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8 Commentaires

  1. La différence que je vois par rapport au foot, c’est qu’au football où que tu ailles en Europe (ou presque), tu seras mieux payé, tu joues dans des stades pleins et tu auras plus de chance de sortir avec des top models ou de te taper la copine des copains (JT si tu m’écoutes).

    Au hockey, suis pas spécialiste, mais il ne me semble pas que les championnats allemands, suédois, voir la KHL soit vraiment plus attirants. Reste la NHL, mais bon comme tu le dis si bien, si tu n’es pas assez bon tu finis par jouer dans une ligue au nom de radio américaine.

  2. Welcome home, Psyko ! C’est un plaisir de voir que tu fais ton retour sur CartonRouge… et en espérant que cet article ne soit pas en fait une imposture de plus de George Baudry 😉

  3. A mon avis, la définition du hockeyeur moyen donnée ci-dessus (pépère et auto-satisfait, donc) colle assez bien aux footballeurs suisses de l’équipe A…

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