Deux éclairs dans la grisaille

Le Borussia Mönchengladbach a inscrit deux buts magnifiques en l’espace de cinq minutes pour venir à bout du FSV Mainz 05. C’est à peu près tout ce que l’on retiendra d’un dimanche pluvieux et d’un match pas franchement emballant.

C’est un dimanche après-midi avec la gueule de bois dans une ville industrieuse de Rhénanie du Nord-Westphalie. Le ciel est bas sur le Niederrhein balayé par un vilain crachin entrecoupé de flocons épars, les abords du stade sont transformés en champs de boue et la température est glaciale. Il n’y a pas à dire : certains de nos déplacements germaniques vendent du rêve. A priori, on n’est pas les seuls à avoir la gueule de bois. Le speaker du Borussia-Park tente d’haranguer la foule en demandant au public s’il est prêt mais seul un murmure lui répond. «Sind Sie alle müde ?» demande-t-il, un brin dépité. La deuxième tentative sera un poil plus concluante mais, définitivement, ces matchs du dimanche en décembre ne débouchent que rarement sur des grands moments d’exaltation.

Succession difficile

Il faut dire que le Borussia Mönchengladbach ne vit plus tout à fait dans la même euphorie que la saison dernière. Il n’y a pas de miracle : quand on voit Dante titulaire indiscutable au Bayern, Reus faire des étincelles à Dortmund ou Neustädter tellement briller à Schalke qu’il a eu droit à une première convocation en équipe d’Allemagne, il était clair que leur départ allait laisser un grand vide que leurs remplaçants n’ont pas encore pu combler. S’il est en progrès, Alvaro Dominguez, comme tous les Espagnols, de plus en plus nombreux, qui débarquent en Bundesliga, a besoin de temps pour s’adapter à un rythme et une intensité bien supérieurs à la Liga. Luuk de Jong lui n’était pas le remplaçant annoncé de Marco Reus et, lorsqu’il a commencé à scorer repositionné en pointe, il s’est blessé.
Enfin, Granit Xhaka est arrivé avec un melon énorme mais il n’a pu s’imposer ni à son poste de prédilection de demi défensif en début de saison ni en meneur de jeu quand Lucien Favre a tenté d’en faire le successeur de Marco Reus. Désormais, le Suisse est cantonné au banc, qu’il n’a quitté dimanche que pour un échauffement inutile. Espérons que cette passe un peu difficile lui fera comprendre que, même avec un titre de champion du monde M-17 et un doublé Coupe-Championnat en Suisse avant même d’avoir 20 ans, on n’est pas encore arrivé ; ce serait tout bénéfice pour la suite d’une carrière qui demeure très prometteuse si l’ancien Bâlois parvient à retrouver un état d’esprit un peu plus humble que celui vu, par exemple, lors du dernier Suisse – Norvège. 

Limiter les dégâts

Et puis, il y a d’autres joueurs qui sont assez loin de leurs performances de la saison dernière : le jeune gardien ter Stegen n’a toujours pas retrouvé la confiance depuis le cadeau empoisonné que lui a fait Joachim Löw lors du match amical en Suisse, Nordtveit cherche toujours un joueur aussi complémentaire que Neustädter à mi-terrain, Herrmann est assez loin du joueur qui explosait le Bayern en janvier dernier, Hanke est moins prolifique…  Ceci dit, malgré tous ces problèmes et une qualité de jeu pas franchement emballante, Gladbach limite plutôt pas mal les dégâts. Alors que d’aucuns prédisaient à Lucien Favre un destin similaire à celui qu’il avait connu au Hertha Berlin (passer de la 4e à la dernière place), les Fohlen ont déjà pris leurs distances avec la zone dangereuse. Et ont aisément passé les phases de poule en Europa League, sans vraiment convaincre mais en profitant de la faiblesse de l’opposition (Marseille et AEL Limassol).  

Mainz mal payé

La première mi-temps est plutôt pauvre. Le Borussia ne tente et, a fortiori, ne réussit pratiquement rien. En face, Mainz est un peu plus entreprenant et se crée les seules occasions de la première période. La gardien Marc-André ter Stegen sauve sur un tir d’Andreas Ivanschitz puis gagne son duel avec le jeune Shawn Parker, la dernière trouvaille de Thomas Tuchel, l’entraîneur de Mainz. Enfin, le goleador du Karnevalsverein Adam Szalai ne cadre pas son coup de tête. Un avantage mayencennois d’un but à la pause n’eût pas été usurpé ; c’est donc bien contre le cours de jeu que les Fohlen vont ouvrir le score en 2e mi-temps : Rupp, Hanke et Herrmann percutent sur le flanc gauche, la balle revient dans l’axe sur Havard Nordtveit qui trouve l’espace à droite pour décaler Tony Jantschke, lequel centre pour Mike Hanke qui n’a plus qu’à conclure dans le but vide. L’espace d’une action limpide, une fulgurance à une touche de balle, on a retrouvé le Gladbach flamboyant et inspiré de la saison dernière.

Arango Fussballgott

Mainz accuse le coup et sera définitivement assommé cinq minutes plus tard sur un nouveau chef d’œuvre. Le gardien vétéran du FSV Heinz Müller sort devant Patrick Herrmann mais envoie son dégagement directement sur Juan Arango. En complet déséquilibre, le Vénézuélien tente un improbable lob de quarante mètres le long de la ligne de touche, le ballon part très haut mais retombe juste au bon endroit, Mike Hanke ne faisant que l’accompagner derrière la ligne de but. Lucien Favre ne s’y trompe et pénètre sur le terrain pour congratuler son ailier : sans son pied gauche magique, Gladbach ne serait sans doute plus européen aujourd’hui et en bien plus grande difficulté en championnat, tant Juan Arango a souvent porté à lui tout seul l’offensive des Fohlen dans ce premier tour. Mainz ne se remettra jamais de ces deux éclairs dans un match sinon bien terne. 

A l’expérience

Si Mönchengladbach n’a pas impressionné par son volume de jeu, il y a toujours quelque chose de rassurant à gagner sans bien jouer. Ce n’est plus l’équipe qui surfe sur l’euphorie et l’insouciance d’un maintien miraculeux comme l’an dernier mais une formation capable de gagner ses matchs à l’expérience grâce à son organisation et ses individualités. Ce qui a été perdu en spontanéité a peut-être été gagné en maturité. On promettait les pires tourments aux Fohlen et c’est vrai qu’il y a eu pas mal de matchs assez médiocres cet automne, surtout au Borussia-Park, mais finalement, après 16 matchs, ils ne pointent qu’à trois petites longueurs de la 3e place en Bundesliga et sont toujours engagés en Europa League. C’est donc sans trop de pression que Gladbach s’en ira défier sa victime préférée de l’an dernier, le Bayern Munich, vendredi à l’Allianz Arena. Avec, quoiqu’il advienne sur les bords de l’Isar, l’assurance d’avoir un rôle intéressant à jouer au printemps, avec des nouveaux éléments mieux intégrés et la quatrième place de l’an dernier enfin digérée. 

VfL Borussia Mönchengladbach – FSV Mainz 05 2-0 (0-0)

Borussia-Park, 46’622 spectateurs.
Arbitre : M. Kinhöfer.
Buts : 58e Hanke (1-0), 63e Arango (2-0).
Mönchengladbach : ter Stegen; Jantschke, Stranzl, Dominguez, Wendt; Rupp (78e Cigerci), Nordtveit, Marx, Arango; Herrmann (84e Mlapa);  De Camargo (46e Hanke).
Mainz : H. Müller; Pospech, Svensson, Noveski, Zabavnik (69e Diaz); Polanski (65e Risse), Baumgartlinger, Ivanschitz, Soto; Parker (65e N. Müller), Szalai. 
Cartons jaunes : 45e Soto, 77e Herrmann, 83e Noveski, 86e Dominguez.

Écrit par Julien Mouquin

Commentaires Facebook

2 Commentaires

  1. Fait plaisir cet article sur le match des Fohlen, ça change pour une fois.

    Juan Arango ist mein Fussballgott! Franchement ce joueur est largement sous-évalué… Son pied gauche est tout simplement une merveille!

    Etonnant que l’ambiance soit si morne? J’avais été agréablement surpris par l’ambiance cet été. L’euphorie de l’année passée semble donc définitivement retombée…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.