Zougois au bord de la crise de nerfs

Aux orties les allers-retours et le jeu léché des quatre premières rencontres. La série s’approchant de son dénouement, les deux équipes sont passées en mode play-off, avec à la clef, ses provocations, ses bagarres et tutti quanti. Sur ce coup, c’est Genève-Servette s’est montré le plus sûr. Mais au fond, la dynamique de la série n’a pas été fondamentalement altérée, puisque c’est encore l’équipe à domicile qui a emporté la mise.

Ce qui a peut-être changé, c’est l’attitude des Zougois. Jusque là, on avait eu l’habitude d’un culbuto qui encaissait les coups avec calme pour revenir de plus belle au match suivant. On ne préjugera pas de l’issue du sixième acte (c’est pas marqué Fribourg), mais force est de constater que la sérénité des hommes de Doug Shedden a volé en éclat hier soir. Au vu du nombre de chauds tempéraments dans l’équipe de Suisse centrale, Chris McSorley pourrait avoir déniché une faiblesse pour faire la différence dans cette série sur le fil du rasoir.Pendant toute la partie, les Genevois ne se privèrent en effet pas d’aller titiller Jussi Markkanen chaque fois qu’il s’aventurait hors de sa zone (c’est-à-dire à peu près sur chaque action). Le tout en veillant à rester du bon côté du règlement, sauf quand Marco «Boom Boom» Maurer se voyait chargé des basses besognes. L’avantage était double : non seulement la défense perdait de l’influx à faire régner l’ordre, mais encore le portier finlandais s’en retrouvait déstabilisé, retombant dans la médiocrité affichée lors de cette confrontation, acte IV excepté.

Cela dit, avant même que ces manœuvres aient pu porter leurs effets, les Aigles avaient déjà  posé une serre sur la rencontre, avec la complicité de Zougois ma foi fort arrangeants. Trois minutes n’avaient pas été jouées que Micki DuPont, sans doute jaloux de Sugawara, Furrer et autres Lakhmatov, expédiait le palet d’un tir précis dans son propre but. Puis Patrick Fischer II, en pleine forme lors de cette demi-finale, déviait derrière Markkanen un palet issu d’un cafouillage. Chers amis au régime fiscal arrangeant, si vous préférez aller jouer en double avec Martina Hingis plutôt que disputer la finale, déclarez forfait, ce sera plus digne.
Oh, Paul DiPietro réduisait bien un instant le score, mais Morris Trachsler remettait rapidement les choses au point en inscrivant à peu près le même but que lors de la première rencontre au Herti. (Comme quoi ça lui arrive plus souvent qu’on ne croit, surtout quand il y a Markkanen en face). À ce point, l’affaire était entendue, et l’on pouvait changer de sport.
C’est l’intellectuel de service Wesley Snell qui craquait son slip le premier. Cherchant à sortir Tony Salmelainen, ce qui n’était pas forcément bête à la base, il optait pour la technique dite «à la Camichel», consistant à se coucher sur son adversaire avant de l’arroser de coups. C’est très efficace, mais ça passe assez peu auprès des arbitres. En conséquence, c’est donc le fils de Ted qui fut prié d’aller se reposer 14 minutes. À noter au passage que le dragster finlandais récoltait tout de même deux minutes de pénalité, sans doute pour avoir donné des coups de tête dans les gants du Canado-Suisse.
Un peu plus tard, Yannick Blaser pensait s’en sortir aisément en s’en prenant au plus petit de l’équipe. Pas de bol, en l’absence de Jan Cadieux, c’est sur Florian Conz qu’il est tombé. Le combat, bien disputé au début, se solda par une claire victoire du teigneux Jurassien.

Pour nous faire patienter entre deux bagarres, les acteurs, rendaient hommage au regretté Rodney Dangerfield en nous gratifiant de quelques actions de hockey. Ainsi, Goran Bezina inscrivait un nouveau but d’un tir du poignet que Markkanen accompagnait du regard dans sa cage. Doug Shedden estimait alors que finalement, sans gardien, ça revenait peut-être au même, et tentait le coup. Malheureusement pour lui, Thomas Déruns creusait définitivement l’écart en exploitant parfaitement un caviar de Josh Holden.
Les Bourbines abandonnèrent les derniers millilitres de sang froid qu’il leur restait dans la dernière minute, durant laquelle ils amassèrent la bagatelle de six minutes de pénalité. Ce qui donna à Chris McSorley l’occasion d’une dernière provocation : l’Ontarien alignait en double supériorité numérique sa quatrième ligne renforcée par Pierrick Pivron.
Genève-Servette aura donc réalisé sa performance la plus aboutie lors de ce match de tous les dangers. À Zoug de montrer maintenant s’il sait résister à la pression. Au vu de cette cinquième partie, on commence à  en douter, mais on n’enterrera pas pour autant une équipe qui a jusque là toujours su rebondir à domicile.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

GE-Servette – Zoug 5-2 (2-1 1-0 2-1)

Les Vernets, 7202 spectateurs (guichets fermés).
Arbitres : MM. Reiber,Stalder ; Wehrli et Wirth.
Buts : 3e Toms (Salmelainen) 1-0, 5e Toms (Bezina/5c4) 2-0, 14e DiPietro (Christen, C.Camichel/5c4) 2-1, 29e Trachsler (Breitbach) 3-1, 54e Bezina (4c5!) 4-1, 58e Déruns (4c5!/cage vide) 5-1, 58e Bodemann (Diaz, P.Fischer II/5c4) 5-2.
Pénalités : 14 x 2′ + 1 x 10′ (F.Conz) contre GE-Servette ; 15 x 2′ + 2 x 10′ (Snell, Blaser) contre Zoug.
GE-Servette : T.Stephan; Gobbi, Mercier; Vukovic, Malik; Höhener, Breitbach; Bezina; Toms, Rubin, Kolník; Déruns, Savary, Salmelainen; Rivera, Trachsler, Suri; Maurer, Hürlimann, F.Conz; Pivron.
Zoug : Markkanen; DuPont, Oppliger; Diaz, P.Fischer II; Schefer, Snell; Blaser; B.Christen, T.Rüfenacht, McTavish; D.Brunner, Holden, F.Schnyder; D.Camichel, Steinmann, C.Camichel; DiPietro, Bodemann, F.Lüthi; Loichat.
Notes : Genève-Servette sans Cadieux ; Zoug sans Kress (blessés) et Boumedienne (étranger surnuméraire). 6e, tir sur le poteau de Déruns.

Écrit par Yves Grasset

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