Ghana’ra-t-il la Coupe du Monde ?

Aujourd’hui le Ghana. Pays pittoresque appartenant aux ex-pays colonisés, le Ghana – ou Côte d’Or en langage désuet – est un pays mélangeant savamment le football, l’or, la passion et les Chinois avec comme objectif d’être le premier pays africain champion du monde de football.

1) Pourquoi ai-je choisi de présenter ce pays ?Car il me plaisait de devoir présenter un pays exotique, à défaut d’avoir obtenu la France et que le Belize ne s’est pas qualifié. Je me suis donc rabattu sur le Ghana, pays ô combien désinvolte dont les différentes équipes nationales ont souvent été sujettes aux magouilles de corruption. 
2) A quoi sert ce pays ? 
Au-delà du côté paillette du pays, qui a fourni un secrétaire général à l’ONU et, avec, un Prix Nobel de la paix, le Ghana a su montrer la voie aux pays colonisés par les affreux occidentaux en étant le premier à obtenir son indépendance en 1957. Derrière ces glorieuses heures du passé, la Côte d’Or de l’Ouest du continent se cache parmi ces pays africains où les trafics et les magouilles sont légion. Ne parlons pas ici forcément des mines d’or ou des nouveaux sites de pétrole offshores découverts récemment, attirant vautours occidentaux autant intéressés par ces richesses que le défenseur Boateng s’intéressait aux chevilles de Ballack. Mais concentrons-nous sur les penchants vénaux de certains joueurs ghanéens se trouvant au centre des polémiques de corruption footballistiques révélés par Declan Hill dans son ouvrage Comment truquer un match de foot ?, une enquête à travers les milieux mafieux asiatiques de la corruption des jeux d’argent. Et apparemment, les Black Stars servent fréquemment à se remplir les poches d’une part, d’autre part à remplir à coups de plusieurs millions celles de gangs chinois établis dans le sud-est du continent, comme ce fut le cas aux JO d’Athènes en 2004 ou à la dernière Coupe du Monde 2006, contre l’Italie et le Brésil.

3) Comment se sont-ils qualifiés et surtout pourquoi ?
Le chemin pour la Coupe du Monde ne fut pas un long fleuve tranquille pour les Black Stars, notamment lors de leur entrée en lice. Lors du second tour des qualifications, ils sont sortis en tête de leur groupe uniquement grâce à un goal-average positif par rapport au Gabon et à la Lybie, tous à égalité de points avec 12 unités. Le dernier tour de qualification fut beaucoup plus aisé pour le Ghana, premier pays africain qualifié sur le terrain après 4 matchs et autant de victoires. Certes le groupe avec le Bénin, le Mali et le Soudan était aussi relevé que les proses d’Abidal à l’interview, mais les Ghanéens ont bien fait leur devoir en se qualifiant pour une seconde phase finale consécutive, la seconde également de leur histoire. 
4) Pourquoi vont-ils gagner la Coupe du Monde ?
Même si les Ghanéens joueront leur seconde compétition internationale majeure, les équipes de jeunes brillent depuis belle lurette. D’ailleurs le Ghana reste sur un titre majeur en octobre dernier lors du Mondial M20 en Egypte après avoir battu le Brésil en finale au terme d’une série de tirs au but. Ce succès historique pour le football africain permet à toute une nation de croire à un exploit similaire en Afrique du Sud, où cette génération de talents sera le fer de lance des Black Stars. Ainsi après avoir gagné en M20, M17 en 1991 et 1997, il ne le reste plus qu’à s’imposer chez les grands.
5) Pourquoi vont-ils se faire éliminer au premier tour ?
Si on considère les statistiques, cela fait maintenant 8, voire 12 ans, que l’on se dit que ce sera enfin l’année d’un pays africain, mais les faits sont là, aucune équipe du continent n’a encore passé le cap des quarts de finale. C’est un peu comme espérer que Young Boys remporte un titre ou que le LHC remonte en LNA. Certes les équipes africaines ont rattrapé un peu de leur retard tactique et physique, vis-à-vis des équipes européennes notamment, mais celui-ci reste toujours conséquent. Dans la liste des 23 communiqués par le sélectionneur serbe Rajevac, seuls Paintsil (Fulham), Sarpei (Bayer Leverkusen), Muntari (Inter) et Adiyiah (Milan AC, mais avec la réserve) jouent dans des clubs capables de régater sur la scène européenne, sinon la plupart des autres végètent dans des clubs de milieu de classement dans les différents championnats du vieux continent. Ainsi il est difficile de pouvoir concurrencer des équipes comme l’Allemagne et dans une moindre mesure la Serbie. La 3e place sera tout de même jouable contre l’Australie.
Si on considère le côté climatique, je ne crois pas qu’il soit judicieux de placer 11 Ghanéens sur une pelouse à 1’500 mètres d’altitude en pleine saison hivernale. On ne demande pas à Didier Cuche de concourir sur les pentes du Mont Corcovado de Rio. Ils auront au choix la bronchite, la rupture de plèvre par hypothermie, voire des engelures des orteils qui les empêcheront de pouvoir disputer équitablement leurs rencontres.

6) Qui sont les joueurs à surveiller ?
Nous pouvons réaliser deux catégories : la première concerne les champions du monde M20 de l’année dernière emmenés par Dominic Adiyiah, meilleur buteur et meilleur joueur de la compétition qui a atterri au Milan AC en janvier dernier, sans y avoir encore disputé une seule minute. Mais il aura cœur à prouver son talent au monde entier, si son sélectionneur daigne le faire jouer aux côtés de Asamoah Gyan. Ce dernier sera aussi un des joueurs de cette sélection ghanéenne à suivre de près. Buteur incontesté de la sélection, il voudra montrer son énorme potentiel découvert au Stade Rennais, club dont il est le meilleur buteur. 
Compère de Dominic Adiyiah en M20, on rajoutera à cette liste le jeune Andre Ayew, fils d’une légende du pays : Abedi Pelé. Appartenant à l’Olympique de Marseille, il fut cette année l’un des principaux artisans de la montée surprise d’Arles-Avignon en L1, lui qui a réussi à s’imposer, à 20 ans, comme le patron du milieu terrain ghanéen à la dernière CAN, certes aidé par les blessures de plusieurs titulaires comme Essien.
Dans la seconde catégorie, on nommera la plupart des joueurs pouvant être attirés par les velléités économiques de rapaces asiatiques sur le marché des jeux. Il est vrai que pour certains, se faire 20’000 dollars pour perdre un match dont ils n’en ont pas du tout la certitude de ressortir vainqueur, leur permettrait de mettre du beurre dans les épinards. Considérant qu’une majorité de ces joueurs sont jeunes, ceux-ci seront peut-être beaucoup plus vulnérables à une jolie somme d’argent, voire une jolie femme. 
7) Qui sont les joueurs à ne pas surveiller, mais dont on peut éventuellement se moquer ?
On pourrait nommer Michael Essien mais ce dernier, acculé par les blessures ces derniers mois, joue de poisse. Déjà forfait depuis 5 mois à cause d’une blessure au genou, il sera également absent des pelouses sud-africaines. Le continent perd ici l’un de ses meilleurs ambassadeurs. Non, il est préférable de s’attarder sur le cas Kevin-Prince Boateng. Joueur de Portsmouth à la réputation rugueuse, chacun surveillera plutôt ses chevilles lorsqu’il se trouvera dans un rayon de moins de 10 mètres du Materazzi africain. Le joueur germano-ghanéen a parfaitement rempli les critères de sélection pour être parmi les 23, dont l’ultime test était de faire en sorte que le meneur de jeu de la Mannschaft, équipe qu’ils affronteront le 23 juin, se retrouve béquille au pied pour la compétition, créant un scandale en Allemagne. Celui qui attendait impatiemment une convocation par Joachim Löw a dû se résoudre à rejoindre sa seconde patrie, car les tacles à retardement ne sont pas une expression footballistique talentueuse pour faire partie du cadre de la Mannschaft depuis la chute du Mur. Espérons qu’il se montrera compatissant lorsque son frère Jérôme Boateng, membre de l’équipe allemande, lui aura assaini un ou deux petits ponts.

8) Une bonne raison de les supporter ?
Si vous avez des amis asiatiques, il sera intéressant de connaître les dernières fluctuations des cotes sur les différents matchs du Ghana, cela pourrait vous rapporter quelques petit sous. Je vois bien un vieux 2-0 pour les Allemands, mais rassurez-vous, le Ghana devrait passer le 1er tour, pour pouvoir vous rapporter encore quelques sous contre l’Angleterre en 8e. 
Une véritable raison de croire au Ghana est qu’ils sont, avec la Côte d’Ivoire, la meilleure chance du continent africain de faire plus que briller durant la compétition. Si vous aimez leur football chatoyant et offensif, leur technique débridée et un certain fighting spiritils –ils furent sous législation anglaise à l’époque –, vous pourrez que vous enthousiasmer devant cette équipe qui pourrait porter haut les couleurs de son continent. Tous les africains joueront à domicile, ainsi s’il pouvait nous faire le coup de la Corée de 2002, on s’en plaiderait pas pour le spectacle.
9) Une bonne raison de ne pas les supporter ?
Comme déjà mentionné, tous les Africains joueront à domicile, ainsi si vous ne supportez pas le bruit harassant des vuvuzelas, autant agressant que les cris des sœurs Williams, il serait souhaitable que l’équipe rentre à Accra le plus vite possible.
10) Bon d’accord, mais sinon ?
Skybet.com, bwin.com, betclic.com, unibet.com, interwetten.com et même sporttip.ch…

Écrit par Johan Tachet