Was für ein Pech !

Vainqueur du Ghana au terme d’un match superbe, l’Allemagne assure sa qualification mais échoue à obtenir la deuxième place du groupe qui lui aurait ouvert le tableau lors de la phase à élimination directe. Le Ghana sauve lui l’honneur du continent africain.

1. Le résumé.  Malgré l’enjeu, Allemands et Ghanéens ont livré un match superbe, surtout en 1ère mi-temps, avec du rythme, des occasions de but, du fair-play et un minimum de fautes et d’arrêts de jeu. On en avait presque oublié ce que c’était un match de foot avec des joueurs qui entrent sur le terrain pour jouer et non pour se rouler par terre en pleurnichant au moindre courant d’air. Après avoir frôlé la correctionnelle en maintes occasions, l’Allemagne a finalement inscrit l’unique but de la partie au terme d’une longue séquence de jeu ponctuée d’une frappe magnifique pour s’offrir la première place du groupe. Malgré la défaite, le Ghana obtient également son ticket pour les huitièmes et c’est tant mieux ainsi, les deux protagonistes de cette partie méritaient de passer.
2. L’homme du match.
Philipp Lahm. Le capitaine de la Nationalmannschaft a montré l’exemple avec deux sauvetages miraculeux, le premier sur la ligne avant la pause, le second devant Ayew en 2e période. La qualification de la jeune garde allemande, manifestement crispée, à l’instar d’Özil ou Müller, serait devenue beaucoup plus aléatoire en cas d’ouverture du score ghanéenne.

3. La buse du match.

Prince Tagoe. Déjà parce qu’il n’a pas réussi grand chose dans ce match et parce qu’il a enlevé une balle de but à un coéquipier pour expédier une tête inoffensive au-dessus. Mais surtout parce qu’il joue dans l’infect club d’Hoffenheim et qu’un article de foot allemand sur CartonRouge.ch sans critique sur Hoffenheim serait comme un match de Bundesliga sans bière.
4. Le tournant du match.
Les tournants du match ont surtout eu lieu du côté de Nelspruit et d’Australie – Serbie. Finalement, Ghanéens et Allemands auront passé toute la soirée avec un statut de qualifiés mais cela n’a longtemps tenu qu’à un fil. Après l’ouverture du score allemande, le Ghana s’est rué à l’attaque pour arracher l’égalisation, craignant un but serbe à Nelspruit. Avant de se replier après les deux buts australiens. Les Allemands n’ont eux pas paru trop pressés d’aller inscrire un deuxième but, se disant que peut-être, éventuellement, à la rigueur, concéder l’égalisation à la 93e ne serait pas si dramatique que cela mais du coup c’étaient les Ghanéens qui n’avaient plus guère d’allant offensif. Ce qui aurait pu leur coûter cher car il eût suffit d’un penalty serbe en fin de match pour que les Black Stars, et avec eux tout le continent africain, fassent leurs valises.
5. Le geste technique du match.
Le but de Mesut Özil, bien sûr. Le jeune meneur de jeu de la Nationalmannschaft n’a pas été très inspiré, notamment lors de son face à face perdu face à Kingson en 1ère mi-temps, mais c’est de son pied droit qu’a surgi l’éclair qui a libéré tout un pays. Et ce au terme d’une longue action collective où la balle a longuement tourné à 30 mètres du but ghanéen, on aurait dit l’équipe de Hollande ; ce sont sans doute tous ces Bataves du Bayern Munich qui commencent à déteindre sur le jeu de la Nationalmannschaft ; heureusement que c’est plus Trapattoni…
6. Le geste pourri du match.
Le but de Mesut Özil, bien sûr. Vu le résultat de Serbie – Australie, le match nul aurait assuré la qualification et la deuxième place aux Allemands. Avec la perspective de jouer les Etats-Unis en 1/8e et, en cas de succès, le vainqueur d’Uruguay-Corée du Sud en 1/4 ; ça semblait tout de même préférable à l’Angleterre puis le rescapé d’Argentine – Mexique.
7. L’analyse tactique.
N’eussent été les vuvuzelas (lesquelles seront formellement interdites dans la plupart des stades allemands la saison prochaine), on aurait un peu cru un match de Bundesliga. Avec un match débridé, un ballon qui passe rapidement d’un but à l’autre et un respect tout relatif des consignes. C’est évidemment tout bénéfice pour le spectacle mais, quand on voit le nombre d’occasions concédées par la défense germanique, on se dit qu’il faudra tout de même faire preuve d’un peu plus de rigueur contre des adversaires plus réalistes que le Ghana.
8. L’anecdote.
Un entraîneur allemand, un premier match magnifique, une deuxième rencontre jouée en infériorité numérique suite à l’excès de zèle d’un pantin incompétent venu d’un pays du quart monde du football, une défaite 1-0 malgré une grosse occasion d’égaliser manquée par un joueur d’un club de Rhénanie du Nord-Westphalie : sur les deux premiers matchs, les parcours des équipes d’Allemagne et de Suisse présentaient bien des similitudes. Espérons que la gémellité ne s’arrêtera pas là et qu’unser Nati obtiendra aussi sa qualification lors du troisième match.

9. La minute Pierre-Alain Dupuis.
Magnifique début de match du Ghana qui prive les Allemands de ballon. Ah non, pardon, Genève vient de m’informer que l’Allemagne joue en noir.
10. La rétrospective du prochain match.
Ghana, Etats-Unis, Uruguay, Corée du Sud : l’un des quatre ira en demi-finale ! Du coup, l’espoir de l’Afrique d’envoyer pour la première fois un représentant dans le dernier carré renaît. Néanmoins, je pense que la trajectoire ghanéenne s’arrêtera au prochain tour contre les Américains, auxquels on ne pourra tout de même pas annuler un but valable à chaque match.
Allemagne – Angleterre, c’est sans doute la plus belle affiche que peut proposer une Coupe du Monde, le match ultime qui fait rêver tous les amateurs de foot. La finale mythique de 1966, le 1/4 de finale de 1970 considéré par beaucoup comme le plus beau match de l’histoire de la Coupe du Monde, les séances de tirs au but dramatiques de 1990 et 1996, les duels germano-anglais entrent généralement dans la légende. Je ne te cacherai pas que l’on espérait cette affiche en finale mais pour cela il aurait d’abord fallu que les Anglais terminent premiers de leur groupe, ce qui était sans doute trop demander à un entraîneur italien. Il risque de s’en mordre les doigts dimanche prochain lorsque, après un 2-2 d’anthologie, l’Allemagne se qualifiera aux tirs au but. Comme d’habitude.

Écrit par Julien Mouquin