Un blessé à Arsenal, un !

Après avoir allumé pas mal de monde dans les journaux cette semaine, Arsène Wenger et son Arsenal se rendaient à Blackburn pour un premier défi physique de la saison. Comme les Rovers ne sont pas réputés pour leur jeu technique et que les artificiers londoniens ont presque tous la maladie des os de verre, on s’attendait à de la casse à Ewood Park.

Un match d’Arsenal, c’est aussi la possibilité de voir un Suisse en Premiership. Quand je dis voir, je ne dis pas «voir jouer», mais juste l’apercevoir à l’échauffement ou dans les tribunes. Remis d’une énième blessure, sur le banc contre Blackpool la semaine dernière, je m’attendais à croiser Johan Djourou. L’occasion était idéale puisque la nouvelle recrue du club, Sébastien Squillaci, n’était pas encore qualifiée et que de nombreux défenseurs centraux sont allés voir si l’herbe était plus verte qu’à l’Emirates : Senderos, Gallas, Sylvestre et Campbell ont tous quittés le navire cet été, contre l’arrivée de Koscielny de Lorient, septième Français de l’effectif. Pourtant aucune trace du Genevois sur la feuille de match. Pire, Wenger n’a pas jugé bon de mettre un seul défenseur sur le banc pour ce match. On en déduit donc qu’avant de lui faire confiance, il ferait d’abord reculer Diaby ou Song en défense centrale. Autant dire que ça sent le roussi pour l’international suisse.

Ainsi parla le Professeur

Arsène Wenger s’est mis en évidence ces derniers jours dans les tabloïds anglais, laissant ainsi un peu de répit à Fabio Capello. Après avoir jugé opportun de s’attaquer à Paul Scholes et à son jeu trop physique, Caliméro en a remis une couche deux jours après, se plaignant d’un arbitrage généralement trop laxiste et critiquant au passage l’équipe de Stoke City: «Stoke fait honte à toute la ligue, ils ne jouent plus au foot, mais au rugby». Un site de paris en ligne a bondi sur l’occasion et il est désormais possible de parier, pour la rencontre Arsenal – Stoke City du 18 décembre prochain, à 75 contre 1 pour la cheville de Fabregas ou à 100 contre 1 pour le genou d’Arshavin.

Il faut dire que les blessés sont légions à Arsenal et ceci depuis plusieurs saisons ; des joueurs doués techniquement mais trop légers pour le championnat anglais. Les équipes qui jouent contre les Gunners aiguisent peut-être aussi un peu mieux leurs crampons les veilles de match afin de stopper le jeu léché des Londoniens, théorie à laquelle adhère pleinement Wenger. Mais Arsenal n’a pas encore l’enchaînement des matchs de la Ligue des Champions et des coupes anglaises dans les jambes et c’est une belle équipe, en pleine forme, qui est sur le terrain malgré les absences de Bendtner, Nasri, Denilson ou Ramsey. C’est en novembre et en décembre seulement qu’on verra si Arsenal tient sur la longueur ou si, comme d’habitude, l’équipe cède des points importants dans la course au titre.

Kick and Rush

Du côté de Blackburn, Sam Allardyce annonçait fièrement dans le programme du match que les Rovers n’avaient pas concédé de défaite à Ewood Park la saison passée contre un membre du Big Four. Après une victoire contre Everton à domicile et un échec évitable contre Birmingham le week-end dernier, la confiance était de mise. Côté transfert, pas de révolution. Endetté, le club est à vendre et les dirigeants actuels ont décidé de ne pas vivre au-dessus de leur moyens. Ceux-ci étant donc très limités, Big Sam a surtout cherché à conserver ses meilleurs joueurs. Surprenant dixième la saison passée, Blackburn avait essuyé des critiques concernant la qualité du jeu présenté, plusieurs managers ou joueurs adverses le décrivant comme du «kick and rush». Les très convoités Pedersen, Nzonzi, Kalinic et le prometteur Jones sont restés au club et le noyau est solide, de quoi répéter la bonne performance de la saison écoulée mais difficilement mieux à mon avis.
L’avantage de vivre à Blackburn, c’est que le stade est rarement plein et que ça permet de voir de jolies équipes à un prix raisonnable. L’abonnement saison à 200 livres (370 francs suisses) est le plus bas de Premiership après Wigan et de nombreux supporters ont répondu présents. En comparaison, l’abonnement le plus cher est à Arsenal avec un prix démentiel d’environ 1000 livres (1650 francs suisses) pour les moins bonnes places, suivi de peu par Chelsea. Un prix qui montre bien la différence de vie entre Londres et le reste de l’Angleterre et tout particulièrement le nord où le pouvoir d’achat est dérisoire. Mon billet est acheté 40 francs suisses : c’est cadeau pour admirer les défenseurs des Rovers balancer des ballons en avant contre Arsenal.

Déluge sur Ewood Park

C’est un week-end férié prolongé en Angleterre et je me demande si les supporters ne sont pas tous sur les routes, le stade étant presque vide lorsque les joueurs entrent sur la pelouse. Mais je découvre que les fans des Rovers sont des Bernois en puissance ou sont encore tous attardés au pub. Après quelques minutes de jeu, les tribunes se sont bien garnies et l’ambiance est montée d’un ton. L’hymne officiel du club est une reprise de la chanson irlandaise «Wild Rover», ce qui est loin d’être déplaisant. Gaël Givet annoncé incertain pour le match après avoir perdu une dent contre Norwich en Coupe mercredi est bien présent. Voilà les supporters d’Arsenal rassurés…
Le match débute sous un déluge, ce qui semble donner des idées aux Rovers qui emballent la partie en se ruant à l’attaque. Mais les trombes d’eau s’estompent minute après minute et Arsenal tisse gentiment mais sûrement sa toile. Le jeu des Londoniens en place, il ne faut que quelques minutes pour que Van Persie, qui fait son retour comme titulaire, lance parfaitement Walcott en profondeur et celui-ci trompe Robinson d’un tir croisé imparable. Pas sûr que la tactique d’aligner les vieux briscards Salgado et surtout Givet, latéral de fortune, sur les couloirs face à Walcott et Arshavin soit la meilleure idée qu’ait eue Sam Allardyce. La vivacité de Walcott, sur tous les bons coups d’Arsenal, fait un malheur et Givet, malgré sa dent en moins, paraît bien lourd. Le choix de placer un vrai latéral, par exemple «Tututututuuuu» Chimbonda, aurait été plus logique.
Malgré ce début de match difficile, Blackburn ne se désunit pas et ce n’est pas avec des longs ballons qu’ils sont dangereux, mais bien par les deux Diouf sur les côtés ; Mame Diouf, prêté par le pote Ferguson de Manchester United et El-Hadji Diouf sont intenables et c’est sur un excellent travail de ce dernier, qui ridiculise Koscielny au passage, que Mame n’a plus qu’à pousser le ballon au fond pour l’égalisation à la 26ème minute. Un but mérité au vu de la volonté des Rovers d’aller de l’avant. Arsenal reprend le jeu en main et Blackburn ne va être dangereux que par des ballons dans les airs. Les montées du géant Samba (croisement de John Caffey dans «La ligne verte» pour le physique et de Stéphane Henchoz pour la relance) dans les seize mètres seront toutes dangereuses, mais ses têtes finiront à quelques centimètres des montants d’Almunia. A la 34ème minute, arrive la traditionnelle blessure d’un Londonien et c’est Van Persie qui casque pour cette fois avec un problème à la cheville. Finalement, au rythme d’un blessé par semaine, Djourou sera peut-être bientôt titulaire. Surtout que Koscielny n’a pas démontré hier qu’Arsène pouvait compter sur lui. Souvent mal aligné avec sa défense, pris régulièrement de vitesse pas les attaquants adverses et très imprécis dans ses passes et ses contrôles, il a été le maillon faible des Gunners, faisant passer Reto Zanni pour un défenseur technique.

La deuxième mi-temps est à peine entamée qu’un tir repoussé de Fabregas par Robinson atterrit dans les pieds d’Arshavin qui marque d’une frappe sèche malgré la forêt de jambes devant lui. Avec les entrées de Dunn et d’Olsson, Blackburn tente de mettre un peu de fantaisie dans son jeu, mais quand on a Song, Diaby et Fabregas en face, ce n’est pas facile de gagner la bataille du milieu de terrain. Et c’est Arsenal qui se procurera les meilleures occasions en fin de match avec des actions bien construites et le poison Walcott tout près de marquer son cinquième but de la saison. Avec Samba comme centre-avant en fin de match, Blackburn ne sera pas suffisamment dangereux et c’est logiquement que la French connection empoche trois points supplémentaires.
Pour terminer, un peu d’humour anglais et une des nombreuses blagues entendue au pub avant et après le match:
Fire brigade phones Arsène Wenger in the early hours of Sunday morning. «Mr Wenger, the Emirates Stadium is on fire!».
«The cups man! Save the cups !» replies Arsène.
«The fire hasn’t spread to the canteen yet, sir».

Blackburn Rovers – Arsenal 1-2 (1-1)

Ewood Park, 25’059 spectateurs.
Arbitre : Chris Foy.
Buts : 19e Walcott 0-1, 26e Mame Diouf 1-1, 51e Arshavin 1-2.
Blackburn Rovers : Robinson; Salgado, Nelsen, Samba, Givet; El-Hadji Diouf, Jones, Pedersen, Grella (56e Dunn), Mame Diouf (80e Nzonzi); Kalinic (64e Olsson).
Arsenal : Almunia; Sagna, Vermaelen, Koscielny, Clichy; Diaby, Song, Fabregas (Rosicky), Arshavin (83e Wilshere), Walcott; Van Persie (34e Chamakh).
Man of the match : Samba.

Écrit par Ludovic Schmutz

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5 Commentaires

  1. Superbe article!

    Pour être allé deux fois à Blackburn, j’y ai toujours eu plaisir…

    Joli petit stade, avec une ambiance assez bonne…

    Superbe description de Samba!!!!

  2. Samba (croisement de John Caffey dans «La ligne verte» pour le physique et de Stéphane Henchoz pour la relance)

    Mythique 😀

  3. Great reportage !

    Au début j’aimais bien Arsène Wenger, mais là…franchement…qu’il se taise un peu et qu’il gagne des titres.

  4. Merci !!

    Fais plaisir d’avoir un peu de concurrence à la couverture du championnat d’Allemagne et un peu plus de foot Anglais !!

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