Initiative pour la dissolution de la WTA

Nous hésitons entre consternation et soulagement. Le dernier tournoi de la saison de tennis «féminin» a donné une image affligeante de ce sport, mais au moins c’en est fini pour cette année. Cette mascarade ne mérite plus qu’on s’y attarde la moindre nanoseconde. C’est pourtant ce que nous allons faire ici, mais ce sera la dernière fois.

Il n’existera jamais de mots assez durs pour qualifier une telle farce. Après le sketch Dinara Safina, voici donc la nouvelle blague Caroline Wozniacki. La Polonaise, euh non la Danoise, enfin bref la nouvelle numéro un mondiale peut se targuer d’avoir atteint la plus haute marche du podium sans remporter le moindre titre majeur, Masters y compris. Voilà pour ce qui est des critiques basiques que l’on entend ça et là, tant bien qu’elles soient parfaitement justifiées. Mais faire le procès des deux joueuses serait réducteur. C’est bien le tennis féminin dans son ensemble qui est gravement malade. Et même atteint d’un mal vraisemblablement incurable. Si le clonage humain est toujours interdit, il semble que des failles se soient produites. On laissera de côté l’aspect physique, par respect pour les sœurs Williams, même si la norme qui consiste à mesurer plus d’un mètre huitante et à être blonde est clairement significative. Cela dit, de fâcheuses combinaisons récessives sont toujours possibles. Le physique des joueuses est pourtant bien le seul point d’achoppement reliant la WTA au téléspectateur.

Life is knife !

Quelle crédibilité peut avoir un sport où le fait d’arrêter net la compétition durant plusieurs années n’a aucune influence sur les performances de celles qui ont fait leur come-back ? Ce concept avait été introduit par Monica Seles qui s’était faite un plaisir à massacrer toutes ses concurrentes dès son retour. Jennifer Capriati, le binôme belge Kim Clijsters–Justine Henin, il existe bien d’autres exemples. La championne olympique de Barcelone avait même poussé le bouchon jusqu’à la délinquance et la drogue avant de redevenir numéro un mondiale, c’est dire.
 
Plus récemment, c’est Kimiko Date Krumm qui a eu la lubie de retourner au jeu après 15 ans d’arrêt. Le plus tragique est que la fausse droitière ne se montre même pas grotesque. Certes, on ne remerciera jamais assez l’incroyable faiblesse mentale de ses adversaires pour passer quelques tours. Comme quoi, si l’âge est un paramètre implacable au niveau visuel chez une femme, cela ne semble pas avoir une grande influence sur le plan physique. Martina Navratilova a notamment remporté son dernier tournoi du Grand Chelem – en double-mixte – à l’aube de son demi-siècle !
Il y a quelques jours, Elena Dementieva a annoncé sa retraite sportive ; autrement dit, elle s’accorde une pause provisoire avant de revenir munie d’une première balle de plomb et de 25 kilos supplémentaires en muscles élevés à la créatine en vue d’écraser toute concurrence. En définitive, il n’y a guère que la reine Blanche-Poudre de Trübbach qui peut se targuer d’avoir été particulièrement minable dans ses deux tentatives de retour.

Un aspect spécifiquement abject de ces retours à la compétition est que certaines s’en servent afin de pouvoir étaler leur vie privée «ô combien magnifique» ainsi que leur vie heureuse munie de leur progéniture. Le tout tirant sur la corde à la limite de la rupture, étalant leur bonheur à la face d’un monde qui n’a strictement rien demandé, usant et abusant d’un tartinage médiatique aussi odieux que détestable. Et si leurs vies n’étaient finalement pas si extraordinaires que ça ? Pourquoi avoir arrêté ? Probablement pour apporter du sang neuf et une nouvelle contribution pour ce merveilleux sport…

Au sommet du Saint-Plomb

Au niveau des perspectives, c’est le néant complet. À l’heure actuelle, l’amortie est à classer définitivement au musée des souvenirs alors que l’aspect mental a été balancé pour de bon aux oubliettes. Quant au filet, il semble être désormais muni d’un champ de force qui empêche à tout être vivant – les ramasseurs de balles exceptés – de s’en approcher à moins de cinq mètres. Ceci dit, c’est aussi valable pour les hommes ! Le concept même de «prise de risque» a disparu du vocabulaire de la WTA. Le but est désormais très simple : frapper le plus fort dans la balle et attendre que l’adversaire commette la faute. Et c’est tout. Forcément, tenir plus de cinq minutes devant une rencontre Kuznetsova–Bartoli est un supplice ignoble, surtout si l’on tient compte des potentielles 13 fautes directes par jeu commises par les protagonistes.
Les finales de Grand Chelem féminin ont d’ailleurs trois chances sur quatre de se conclure sur un score à sens unique, tellement l’une des deux adversaires a les pétoches et perd ses moyens. Combien de finales ont viré au ridicule et se sont terminées en queue de poisson, parfois même avant l’heure de jeu ? Le pire dans tout ça, c’est que sur l’autel de l’égalité des sexes, le prize-money des femmes est désormais le même que celui des hommes sur bon nombre de tournois. Une absurdité sans nom. Comme si l’on payait le même prix pour un grand Bordeaux et du Beaujolais nouveau au goût de bouchon… 

C’est un fait, le tennis féminin s’est englué depuis maintenant plusieurs années dans un moule en titane dont il n’est pas près de sortir. Pour espérer percer dans ce milieu, il faut répondre à des critères particulièrement stricts au niveau physique. Nous ne parlons pas ici de mental ni même de tactique puisque ce sont des domaines qui ont été définitivement rayés de la carte tennistique. En certaines circonstances, avoir un père despotique et psychopathe est un plus important, comme dans le cas de Jennifer Capriati et Mary Pierce entres autres, mais cette option n’est pas viable sur le long terme.

Nous regretterons encore longtemps la retraite d’Amélie Mauresmo, dernière représentante d’une espèce maintenant éteinte pour toujours, la seule qui pouvait se targuer d’évoluer dans un registre relativement différent de ses congénères. Il ne reste donc qu’une et une seule option pour abréger nos souffrances. La dissolution pure et simple de la WTA, par respect pour les spectateurs, les fans de tennis et les joueuses elles-mêmes.

Écrit par Mathieu Nicolet

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10 Commentaires

  1. Tiens je le mets ici. J’ai réussi à écouter pendant 3 minutes le commentaire d’un certain PAD sur le match de Federer. Et voilà ce qu’il balance :

    « Pourquoi Tipsarevic joue-t-il avec des lunettes ? Peut-être parce qu’il a un problème de vue. »

    Faudra vraiment qu’il accepte son pigeon d’or, c’est urgent, là.

  2. PAD pendant l’interview de Federer lors du premier match à Bale:

    J’ai pas vraiment compris ce qu’il a dit, il parlait suisse-allemand !

    Même en français, il aurait eu de la peine à comprendre !

    Le bon pigeon d’or qu’il mérite !

  3. 95 % d’accord avec l’article (surtout en ce qui concerne le Prize-Money) ! Seul point de désaccord (et c’est pas parce que je suis belge que je le dis… 😉 : je trouve que Justine Henin a un magnifique jeu !

  4. « (…)Un aspect spécifiquement abject de ces retours à la compétition est que certaines s’en servent afin de pouvoir étaler leur vie privée «ô combien magnifique» ainsi que leur vie heureuse munie de leur progéniture. »

    Mouais, comme un peu tout le monde sur Fesses-de-bouc. Particulièrement vrai pour la progéniture où les « jeunes parents » s’étalent et en perdent leur personnalité; en ne vivant que grâce à et au travers de leur mouflets qu’ils exposent comme des trophées (dont tout le monde se fout).

    De là à en vouloir à tes copines les tenniswomen…

    A+
    ES

  5. Ouaip, Henin a encore du beau jeu… Mais l’histoire du prize money c’est du foutage de gueule pur… c’est absolument clair…

  6. Ouep. Un classement WTA des fautes directes serait presque plus intéressant.

    Encore un bon article sur ce site, ça commence à faire beaucoup 🙂

  7. Tout est vrai dans ce papier ! Du très bon CR.

    Sauf que perso, ça ne me dérange pas de voir évoluer Miss Sharapova, Ivanovic ou autre Kirilienko sur un court…

  8. Excellente analyse/état des lieux de ce business, très lucratif pour ceux qui l’organise et celles qui le pratique comme on se rend au bureau, c’est à dire souvent sans talent et presque toujours sans le moindre plaisir!
    Un petit bémol perso: la victoire inattendue et très sympa de LA SCHIAVONE à Roland! Joueuse atypique, talentueuse (comparée à d’autres), heureuse sur un court et qui se la pète pas…
    J’ajouterais encore que si elle ne pratiquait pas le tennis en temporaire, intérimaire ou stagiaire et sans entraînement, Serena aurait déjà au moins 30 tournois majeurs à son palmarès! Elle aurait laissé quelques nobles morceaux à sa frangine et aurait contemplé ses faires-valoirs se partager les miettes restantes…

  9. Totalement d’accord avec l’article. Seul chose, il y a une certaine Francesca Schiavone, vainqueur du RG10 qui montre un jeu magnifique, fait d’une multitude de variations et de coups techniquement spectaculaires. Rien à voir avec des Woz ou autres.

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