L’histoire ne s’est pas répétée

Le Lausanne-Sport n’a pas réussi un second exploit face au champion de République tchèque. Et pourtant, tout avait si bien commencé… Mais le premier but de Bony, inscrit quelques secondes avant la pause, a fait très mal aux hommes de Martin Rueda. Cette fois, le cœur n’a pas suffi. Les héros de Moscou sont éliminés.

Pour son 10ème (!) match de Coupe d’Europe de la saison, le Lausanne-Sport a vécu une soirée pleine de déceptions. La première, et non des moindres, concerne le nombre de spectateurs présents. Alors que le temps était printanier, les prix attractifs et le match décisif, l’affiche du soir n’a attiré que 8000 personnes. Le leader de la Challenge League méritait mieux, beaucoup mieux. Franchement, j’en aurais espéré 4000 de plus mais voilà, entre les nombreuses équipes de ligues inférieures qui avaient un entraînement ce soir-là et les supporters du dimanche qui préfèrent le confort de leur canapé, le football n’arrive décidément pas à attirer les foules dans ce canton. Peut-être que le nouveau stade couplé à des résultats exceptionnels feront revenir du monde, mais force est de constater que le travail est encore énorme pour remobiliser les Vaudois. «Pour remplir un stade de foot à Lausanne, il faudrait peut-être qu’on soit leader de Super League et premier de notre groupe en Coupe d’Europe…» regrettera Nicolas Marazzi.

Une minute de trop….

La deuxième déception est évidemment le match en lui-même et son scénario, si cruel pour le LS. Le rêve était pourtant en marche lorsque Jérôme Sonnerat, et non Guillaume Katz, piquait du chef et crucifiait Blazek. 1-0 pour le LS après 6 minutes sur un goal de la tête consécutif à un coup de patte de Marazzi : oui oui, c’est la copie conforme du match aller à Prague ! On se souvient de la suite… Il y a 15 jours, les joueurs de l’Est avaient réagi sur le champ et inscrit 3 buts en 14 minutes. Il n’en sera rien cette fois : le LS a appris de ses erreurs et va tenir… miraculeusement parfois.

Une prouesse de Favre (13e), un tacle de Sonnerat (25e) ou la jambe de Katz (36e) sont là pour sauver la baraque. De nouveau héroïques, les Galactiques lausannois sont même prêts de doubler la marque sur une frappe de Sonnerat (40e) mais le Français centre trop son tir. Le tournant du match ? Il faut croire que oui car le Sparta Prague, cette bête blessée et vexée, va punir son hôte au pire moment. L’horloge affiche 44’35’’ lorsque Wilfried Bony reprend un ballon à bout portant et assomme tout un stade. Le coup au moral est terrible pour la bande à Rueda. A noter qu’en voulant chercher le cuir, l’attaquant ivoirien commet un geste qui avait le poids d’un carton rouge. S’il n’a pas encore le talent de Drogba, Bony rivalise déjà avec la star de Chelsea au niveau de la mentalité.
Fidèle à son habitude, le LS ne va pas démériter et continuer de jouer son va-tout avec culot et panache. Mais, à l’image du FC Bâle la veille, c’est souvent brouillon et face à la puissance athlétique de l’adversaire, la mission devient quasiment insurmontable pour le pensionnaire de Challenge League. Alors oui, des passes seront ratées, des duels perdus, des centres partiront aux fraises mais on n’a pas fini de s’étonner de certaines réactions dans le public. Apparemment, d’aucuns ont oublié que le LS évolue en Europa League face au champion de République tchèque. Oh les gars ! Ce n’est pas Delémont ou Wohlen en face, mais bien une formation au budget 15 fois supérieur à celui du club des Plaines-du-Loup. Lui tenir tête est déjà un exploit.

Prague et Rome, même combat

Les rêves de 16ème de finale vont définitivement s’envoler à la 75e minute. Kweuke hérite d’un ballon dans l’axe et lobe magnifiquement Anthony Favre. S’en suit une célébration au poteau de corner aussi longue que pathétique, ponctuée d’un pas de danse à mi-chemin entre John Scatman et Michael Jackson, le tout avant que Kweuke et Bony prennent 30 secondes pour rejoindre leur camp en marchant comme des grabataires. Affligeant ! Surtout quand on sait que ces mêmes joueurs avaient failli provoquer une bagarre générale après le 1er but en sprintant chercher le ballon… Les ressemblances avec le match Bâle – Rome sont d’ailleurs nombreuses avec d’un côté une équipe jeune et pleine de fougue, et de l’autre une formation de soi-disant vedettes, chantes de la simulation et de la provocation facile.
Malgré un baroud d’honneur avec un Alex Pasche extrêmement généreux, le LS ne reviendra pas. Pire, c’est même Bony qui se chargera de poignarder une dernière fois les Lausannois et de signer son quatrième but en deux matches. Après Rainer Bieli, le gars qui a planté le 50% des goals de sa carrière contre le LS (© Yves Martin), Lausanne s’est trouvé un nouveau bourreau. La défense vaudoise a particulièrement souffert face à la vitesse et à la force des deux attaquants africains. Quant à Anthony Favre, cible de critiques assez sévères aujourd’hui, qu’a-t-il vraiment à se reprocher ? Ok, une sortie hasardeuse à la 36e sans gravité, mais il ne peut rien sur les deux premières réussites tchèques, la troisième étant anecdotique.

La tête haute

La magnifique aventure du Lausanne-Sport en Coupe d’Europe est donc terminée. Il lui reste désormais deux matches «pour beurre» à disputer le 2 décembre à Moscou et le 15 contre Palerme. Il y a encore des points et des primes non négligeables à grappiller, sans oublier de l’expérience à emmagasiner. Finalement, on se dit qu’avec une réussite maximale et des attaquants en pleine bourre, le LS aurait ramené un point de Sicile et signé une victoire hier soir. Las, ces petits détails qui avaient fait basculer les confrontations face à Randers et au Lokomotiv du bon côté n’ont pas souri aux bleus et blancs…
Reste que le parcours a dépassé les plus folles espérances et que l’heure n’est pas aux regrets. Aujourd’hui je préfère me remémorer ce premier match face à Banja Luka en pleine canicule, cette qualification un jeudi soir pluvieux contre Randers, l’ambiance surchauffée de la Pontaise face au Lokomotiv, cet exploit historique au bout du suspense à Moscou, cet engouement pour la réception du CSKA et ce match nul inespéré à Prague. Comme les joueurs, je ne suis pas prêt d’oublier cette campagne européenne. C’est en tout cas avec un énorme plaisir que j’ai suivi cette équipe, vibré à ses exploits et pondu ces modestes papiers. Je n’ai pas prévu d’aller à Moscou et ne serai pas en Suisse pour la rencontre contre Palerme, je me permets donc de conclure mon dernier article sur l’aventure continentale du LS en tirant un grand coup de chapeau à ce groupe exemplaire, tout en espérant que le meilleur reste à venir, si tu vois ce que je veux dire…
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne-Sport – Sparta Prague 1-3 (1-1)

Pontaise, 8000 spectateurs.
Arbitre : M. Kulbakov/BLR.
Buts : 6e Sonnerat 1-0, 45e Bony 1-1, 75e Kweuke 1-2, 96e Bony 1-3.
Lausanne : A. Favre; B. Rochat, Katz (83e Roux), Meoli, Sonnerat; Steuble (62e Avanzini), Celestini, Marazzi, Pasche; Tosi (70e Munsy), Silvio.
Sparta Prague : Blazek; Adiaba (70e Matejovsky), Brabec, Repka, Pamic; Kladrubsky; Vacek, Kucka, Krob; Bony, Kweuke.

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2 Commentaires

  1. @M.O Reymond de dziou

    Mais qu’est ce qu’on s’en fout que tu soies en Thailande pour le match contre Palermo… Un peu de diligence !?!

    Surtout pour aller faire, dans le pays des gamines à 5 balles, ce que tu ne peux pas faire en Suisse…
    Honteux…Je ne m’en vanterais vraiment pas à ta place !

    PS: Bravo au LS pour leur extraordinaire saison… Pourvu que ça dure !!

  2. Merci pour le papier et la belle couverture de ces matches.

    Vraiment con ce 1er goal à la 45e… On se fait prendre comme des bleus. Le manque d’expérience…

    Maintenant, il faut se concentrer à 200% sur le championnat car il y a vraiment un coup à jouer avec cette équipe formidable. Je vois très bien ce que tu veux dire, M.-O. 😉

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